Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.

Le Liban se trouve à un carrefour critique, confronté à une escalade de tensions non seulement militaires et sécuritaires mais également sur le terrain économique et financier. Au cœur de cette tourmente, le financement du Hamas par le Liban et le soutien financier du Hezbollah depuis l’Iran émergent comme des points de friction majeurs avec la communauté internationale, particulièrement avec les États-Unis. Cette dynamique financière controversée ajoute une couche supplémentaire aux multiples défis qui pèsent lourdement sur la stabilité et la sécurité du Liban, exposant le pays à des risques économiques et financiers accrus.

Ces enjeux ont été récemment soulignés lors d’une série de réunions entre Jesse Baker, le secrétaire adjoint adjoint au terrorisme et à la criminalité financière du Trésor américain pour l’Asie et le Moyen-Orient, et des responsables financiers libanais. L’objectif était clair : mettre un terme aux opérations des sociétés financières illégales qui facilitent le transfert de fonds au Hamas. Un officiel du Trésor américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a réitéré les préoccupations de l’administration américaine quant au flux de fonds transitant par le Liban en faveur du Hamas et du Hezbollah, et l’importance cruciale de prendre des mesures proactives pour contrer cette tendance.

La pression américaine sur le Liban ne se limite toutefois pas à cette récente initiative. Au fil des années, une série de mesures économiques et financières ont été mises en place pour isoler les entités et individus libanais liés au financement de groupes considérés comme terroristes par Washington. Ces sanctions ont notamment visé le secteur bancaire libanais, entravant sévèrement sa capacité à opérer sur le marché international et exacerbant la crise économique qui sévit dans le pays depuis plusieurs années.

Le responsable du Trésor américain a également mis en avant l’importance du respect, par le Liban, des normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, comme pierre angulaire pour attirer des investissements étrangers et aider le pays à surmonter sa crise économique. Il a souligné que sans une action décisive contre le secteur florissant des services financiers illicites, stimulé par l’effondrement du système bancaire officiel libanais, les efforts de redressement du pays resteraient vains.

La Banque centrale libanaise, par la voix de son porte-parole Halim Berti, a confirmé la tenue de ces rencontres, les décrivant comme « très positives ». Toutefois, Berti a précisé que, bien que la banque centrale soit engagée à réguler les sociétés de services financiers licenciées, celles opérant sans licence échappent à sa juridiction et relèvent de la responsabilité des autorités judiciaires.

Quant au Hezbollah, des sources libanaises indiquent qu’il s’appuie avant tout sur des systèmes financiers parallèles au système bancaire et précisent que les sanctions américaines ne l’impactent que très peu. Cependant, ces mêmes sanctions pourraient aussi se révéler être inefficaces en raison de l’extension actuelle de l’économie souterraine, qui est passé d’un tiers de l’économie aux deux tiers en raison des restrictions imposées par les banques elles-mêmes depuis 2019.

Cet épisode n’est que le dernier en date d’une longue série de tentatives américaines pour étrangler économiquement le Liban afin de le contraindre à se désengager du financement de groupes armés. Si ces pressions visent à neutraliser les menaces à la paix et à la sécurité internationales, elles placent également le Liban dans une position précaire, tiraillé entre les exigences de la communauté internationale et la nécessité de naviguer dans ses propres crises internes, avec peu de marge de manœuvre pour une économie déjà à genoux.

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