Le Liban est à un tournant dangereux. L’économie va mal : l’économie illicite, en cash, gagne du terrain et sert à blanchir de l’argent provenant d’activités illégales au Liban et à l’étranger. Depuis 2019, le PIB a chuté de 40%, la livre libanaise a perdu 98%, l’inflation a atteint trois chiffres et la Banque du Liban (BDL) a perdu les deux-tiers de ses réserves de change.

Le retard dans la restructuration des banques augmente les pertes pour les déposants, gaspille les réserves restantes de la BDL, déprécie la livre libanaise, génère de l’inflation, fait de l’économie illicite l’économie dominante (ce qui réduit les impôts perçus par l’Etat), ralentit la croissance économique et empêche l’accès au crédit. Les banques sont des banques-zombies, elles ont besoin d’une restructuration urgente pour relancer la croissance et maximiser les taux de recouvrement pour les déposants, notamment en protégeant les petits déposants dans la mesure du possible. Le report de la restructuration du secteur financier qui a perdu plus de 70 milliards de dollars a déjà coûté 10 milliards de dollars supplémentaires aux déposants entre mars 2020 (puisque le Liban a fait défaut sur le remboursement de ses euro-obligations en dollars américains) et janvier 2023. Selon le FMI, en mars 2020, la restructuration aurait pu sauver 71 milliards de dollars de dépôts bancaires sur 117 milliards de dollars, soit environ 60 %. En janvier 2023, la restructuration n’a pu sauver que 40 milliards de dollars de dépôts bancaires sur 96 milliards de dollars, soit environ 41 %.

Le Liban a besoin d’un plan de redressement qui :

1. Réhabilite le système bancaire

2. Restaure la viabilité de la dette

3. Regagne la crédibilité de la politique monétaire et de taux de change

4. Restructure les entreprises publiques et protège les personnes vulnérables

5. Réduit la corruption et augmente la transparence

Le FMI reste fermement engagé à soutenir le Liban et son peuple, mais les politiciens libanais doivent démontrer leur volonté de réforme. Le FMI a renouvelé son mécontentement face aux amendements à la loi sur le secret bancaire. Le Parlement a amendé la loi deux fois, et elle doit encore être amendée ! Le Parti des banques contrôle le Parlement. Il a saboté le plan Lazard accepté par le FMI qui avait été rédigé par la section française de la banque Lazard, le ministère libanais des Finances et le ministère libanais de l’Économie. J’étais moi-même le conseiller du ministre de l’Economie et ma proposition d’une Société de Gestion des Actifs Publics et d’un Fonds Souverain a été reprise dans le projet. Le sabotage du plan Lazard a généré la perte de 50 milliards de dollars pour les déposants : 30 milliards de dollars dus au remboursement des prêts en taux de change déprécié et 20 milliards de dollars dus aux subventions des produits (alors qu’avec le ministre de l’Economie Raoul Nehmé et la Banque Mondiale on voulait diriger les subventions vers les familles pauvres au lieu de voir des importations bénéficier de subventions allant vers la Syrie) et sur Sayrafa, la dernière arnaque créée par BDL.

Le FMI demande la publication de l’audit judiciaire de BDL rédigé par le cabinet d’audit Alvarez & Marsal. L’audit juri-comptable qui était l’idée du ministre libanais de l’Economie Raoul Nehmé dont j’étais le conseiller est l’une des exigences du FMI. L’actuel ministre des Finances qui est l’homme du président du Parlement Nabih Berri l’a envoyé au gouverneur de BDL Riad Salamé pour insérer ses commentaires ! Le ministre était auparavant l’un des lieutenants de Riad Salamé.

Le FMI : “La dette publique libanaise atteindra 550% du PIB d’ici 2027 si le statu quo continue.”

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