Le paysage bancaire du Liban traverse une crise sans précédent, marquée par un scandale retentissant : le refus obstiné des banques d’accepter un audit de leurs avoirs, notamment de leur patrimoine immobilier, une procédure pourtant exigée pour le déblocage de l’aide international et du FMI et nécessaire à la relance de l’économie libanaise. Cet épisode souligne une fois de plus les pratiques opaques et les stratégies d’évitement employées par le secteur bancaire, en collusion avec certaines élites politiques, au détriment de l’économie nationale et des déposants.

Le récent scandale et la condamnation de la Banque Audi Suisse par les autorités helvétiques dans le cadre de versements illicites effectués entre une figure politique et un haut fonctionnaire libanais, ne fait que révéler au grand jour, les relations incestueuses entre ces intérêts.

Les récents développements révèlent l’ampleur du problème. Sous la pression du lobby bancaire, la classe politique a été manipulée, entravant l’initiative de restructuration bancaire prévue par le gouvernement. Cela s’inscrit dans une série de manœuvres visant à préserver les intérêts des banques au détriment de la transparence et de la justice financière.

Le vice-président du gouvernement, al Shami, dans une intervention critique, a exposé les défaillances du processus de restructuration depuis son accord initial avec le Fonds Monétaire International (FMI) jusqu’à son obstruction par des forces internes. Malgré les tentatives d’obtenir un consensus autour d’une réforme bancaire indispensable, les efforts ont été constamment sapés par un manque de volonté politique et une résistance du secteur bancaire à toute forme de responsabilisation.

Le refus d’auditer les banques soulève des questions profondes sur la dissimulation potentielle d’actifs et l’infléchissement des évaluations pour éviter de nouvelles obligations financières envers les déposants. La collusion apparente entre certaines élites politiques et le secteur bancaire alimente les spéculations sur l’étendue de la crise et l’existence de pratiques financières douteuses, notamment dans la sous-évaluation de biens immobiliers et d’autres actifs.

Ces accusations sont d’autant plus graves que des actionnaires de banques libanaises, qui estimaient avoir des difficultés à réunir suffisamment de fonds ont étonnement réussi à les réunir pour payer des amendes ou encore participer à des hausses de capital au bénéfice de filiales étrangères.

Cette situation met en lumière la nécessité d’une intervention externe pour évaluer de manière transparente et indépendante la situation réelle des banques. Des voix au parlement ont exigé des réponses, interrogeant le gouvernement sur l’absence d’action concrète pour mandater une société d’audit internationale, conformément aux accords initiaux avec le FMI. Cette inaction gouvernementale soulève des inquiétudes quant à une possible complicité dans la protection des intérêts bancaires au détriment de la transparence financière et de la justice pour les déposants.

L’évaluation des banques est cruciale non seulement pour la restructuration du secteur mais aussi pour la restauration de la confiance dans le système financier libanais. Elle permettrait d’identifier les pertes réelles et de définir une voie claire vers la récupération des dépôts, la recapitalisation des banques et la stabilisation de l’économie. Cependant, le blocage de cet audit essentiel par le secteur bancaire et ses alliés politiques menace de plonger le pays dans une crise financière encore plus profonde, avec des répercussions potentiellement désastreuses pour l’économie nationale et le bien-être des citoyens libanais.

Dans ce contexte tumultueux, la question demeure : jusqu’à quand les intérêts particuliers primeront-ils sur le bien commun et la nécessité d’une réforme financière transparente et équitable? La crise actuelle souligne l’urgence de repenser les relations entre le pouvoir politique, le secteur bancaire et la société civile, pour reconstruire un système financier plus juste, résilient et au service de tous les Libanais.

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