Le flottement de la livre libanaise par rapport au dollar était nécessaire, aboutissant à la fin officielle de Sayrafa qui n’existait lus en réalité depuis plusieurs semaines déjà. Il s’agissait d’une réforme nécessaire, d’autant plus nécessaire que l’alignement entre parité officielle, nominale au final et réelle l’était également. Ce pays a vécu à crédit durant 30 ans avec Monsieur Riad Salamé qui a fait croire qu’il s’agissait d’un pays riche quand en réalité, cette politique monétaire était synonyme de destruction d’emplois par une surévaluation d’une monnaie locale, de richesse par une dette que la majorité de la population ignorait avoir mais surtout de destruction sociale.

Cependant, la décision du gouvernement libanais de passer par la plateforme Bloomberg, qui permet une meilleure transparence des transactions sur le marché des devises s’accompagne aussi d’une décision du gouvernement d’hausser et d’aligner différentes taxes et frais comme les télécoms ou l’électricité, sur la parité de cette plateforme. Cela ne sera pas sans dommages sociaux énormes d’autant plus que les augmentations des taxes concernent celles qui sont les plus inégalitaires et qui touchent principalement les personnes les plus vulnérables – 90% désormais – de la population.

Si l’objectif de cette mesure vise principalement à réduire l’économie “cash” et le recours aux espèces, elle oublie une partie essentielle, celle de la restructuration du système financier. Personne aujourd’hui n’a confiance dans les banques locales et d’ailleurs ls dépôts dollars atteignent 92 milliards de dollars selon les derniers chiffres de la BdL alors que les pertes dépassent les 100 milliards de dollars selon Moody’s en novembre dernier.

Pour rappel, la crise économique et financière libanaise est tout de même considérée comme l’une des pires depuis la moitié du XIXème siècle et les autorités libanaises tardent toujours à adopter les réformes nécessaires. Lot de consolation, le flottement de la livre libanaise face au dollar fait parti de ces réformes. Cependant, ce n’est que le sommet de l’iceberg.

Le seul avantage est que cette nouvelle parité qui devient officielle, officialise aussi la faillite des banques et permet donc techniquement de passer à l’étape de la restructuration des banques si toutefois les autorités en ont le courage. Les autorités politiques, économiques et monétaires semblent ainsi ignorer les intérêts de la population. La TVA par exemple qui passe non seulement de 11% à 12% mais aussi qui s’aligne sur la parité “Bloomberg” ne peut que signifier que les pauvres payeront encore plus chers leurs médicaments et leur nourriture. Idem pour les frais scolaires, universitaires ou encore simplement pour aller travailler. Cette mesure est moins impactante pour les profiteurs de la crise.

Cette décision d’augmenter les taxes sur base d’une parité flottante ne peut donc que signifier la relance de l’inflation dans les mois à venir puisque ce pays ne produit pas de richesse. S’il fallait mettre en place une nouvelle plateforme, il fallait également ne pas toucher aux personnes vulnérables par les taxes et viser cette majorité de la population, 3% qui s’est bien enrichie par la crise.

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