one dollar banknotes placed on table
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Dans un contexte économique libanais déjà précaire, les récentes déclarations sur la gestion des dépôts bancaires et la mobilisation des actifs de l’État pour rembourser ces derniers soulèvent de nouvelles inquiétudes et interrogations. Le journaliste du Ad Diyar, Mounir Younès, un observateur attentif de la scène économique libanaise, a récemment mis en lumière sur les réseaux sociaux les promesses vagues des institutions financières et de l’État concernant la restitution des dépôts bancaires, évalués entre 70 et 80 milliards de dollars, sans pour autant fournir de détails précis sur les actifs qui seraient utilisés à cette fin.

Cela fait maintenant plus de quatre ans et demi que les banques libanaises ont suspendu les remboursements aux déposants, plongeant de nombreux citoyens dans une situation financière désastreuse. Les mesures attendues de recapitalisation des banques n’ont jamais été mises en œuvre, tandis que la Banque centrale du Liban semble tolérer une certaine laxité en matière de solvabilité et de liquidité des banques. Selon Younès, loin d’être accidentelle, cette situation résulterait d’un plan concerté visant à transférer le fardeau des dépôts bancaires sur les épaules de l’État et, par extension, de l’ensemble des citoyens, à travers l’imposition de taxes et de frais supplémentaires, ainsi que par des promesses fallacieuses de revenus provenant des actifs de l’État.

Le débat sur l’utilisation des revenus générés par ces actifs est au cœur des préoccupations. Younès insiste sur le fait que, dans l’hypothèse où ces revenus augmenteraient effectivement (et ne seraient pas détournés, comme cela a souvent été le cas), ils devraient en priorité servir à financer des dépenses sociales essentielles (santé, éducation) et des investissements dans les infrastructures délabrées, ainsi qu’à restructurer la dette publique existante et à rembourser de nouveaux prêts. Cependant, il semble que ce qui resterait après ces dépenses essentielles (dans le cadre d’une promesse déjà douteuse) serait destiné au remboursement des dépôts bancaires.

Selon les estimations les plus optimistes, le processus de remboursement des dépôts pourrait s’étendre sur 20 à 30 ans, ce qui signifie que la valeur réelle de 100 dollars déposés aujourd’hui serait réduite à 15 ou 20 dollars dans deux décennies ou plus. Cette projection dépeint un tableau sombre pour les déposants libanais, déjà éprouvés par une crise financière qui semble sans fin.

L’analyse de Younès met en évidence les profondes failles d’un système financier libanais rongé par la corruption, le gaspillage et l’inertie. Elle révèle également les limites des solutions envisagées jusqu’à présent pour résoudre la crise bancaire, qui se traduisent par un fardeau de plus en plus lourd pour les citoyens ordinaires. L’absence de transparence et de responsabilité dans la gestion des actifs de l’État, combinée à une planification financière déficiente, semble condamner les déposants libanais à une longue attente, avec peu d’espoir de voir leur situation s’améliorer de sitôt.

Newsdesk Libnanews
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