La communauté internationale et notamment les USA ne renouvelleront pas l’aide financière qu’ils accordaient à l’armée libanaise et aux forces de sécurité. Ce programme d’aide devrait s’achever en novembre.

Cela est la réponse au manque de réformes mais surtout au manque de volonté des autorités libanaises qui ont bien tenté de hausser le ton avec, sur le plan international, le recours au chantage et à l’instrumentalisation de la question des réfugiés syriens.

Dernièrement en effet on assiste à une cabale contre les réfugiés syriens. Il est vrai et je suis l’un des premiers à le dire depuis plus de 10 ans que leur présence est problématique par rapport aux équilibres démographiques et politiques au Liban.

Cependant, le Liban étant communautaire, il est étrange de voir aujourd’hui le premier ministre sunnite adopter une réthorique contre eux, prenant au final la même dialectique que les autres communautés depuis des années et qui était dénoncé par sa communauté comme étant raciste jusqu’à ces derniers mois.

Les réfugiés syriens coutent chers au Liban et cela de manière évidente. Ils ont couté à ce pays plus de 30 milliards de dollars depuis 2011 et continuent à impacter sévèrement nos infrastructures, notamment électrique. Par ailleurs, les camps de réfugiés palestiniens continuent à ne pas honorer les factures électriques ou encore en eau. Il s’agit d’une des nombreuses composantes qui ont participé à la crise financière actuelle.

Cependant, le timing ces 2 derniers mois est assez perturbant.

S’agit-il d’une diversion par rapport aux problèmes financiers actuels et la saison touristique n’a pas été aussi bonne que prétendue d’une part. On a eu beaucoup d’expats et non des touristes qui ont épuisé leurs comptes lollars faute de pouvoir en disposer.

D’autre part, s’agit-il d’un moyen de chantage des autorités libanaises pour obtenir une aide bloquée faute de réformes économiques, monétaires, administrative et fiscales, chantage déjà pratiqué par la Turquie face à l’Europe? Essayeraient-ils d’échapper à ces réformes nécessaires et de poursuivre business as usual au détriment de la population?

Ce n’est pas l’attitude de la communauté internationale ici qu’il convient à dénoncer, mais ce chantage utilisé par les autorités libanaises. “Donnez nous du fric ou sinon des hordes de réfugiés, “de barbares” déferleront dans vos pays”. En quelque sorte, voila la dialectique locale à laquelle nous assistons.

Ce type de chantage a déjà réussi sur le plan sécuritaire avec le financement des services d’ordre et de l’armée dont les salaires sont désormais payés par la communauté internationale mais qui s’achèvera prochainement, face au risque d’effondrement et aux menaces en terme de sécurité que cela amènerait sur le plan régional.

Evidemment, la seule solution pour le Liban consiste dans le retour des réfugiés syriens et palestiniens vers leurs terres d’origine. Cependant, cela n’est pas pour demain. Nous nous devons d’agir selon nos priorités et notre capacité à agir. Ce retour est difficile.

La question se pose de l’instrumentalisation aujourd’hui de la présence des réfugiés se pose effectivement.

Si ces derniers ont vocation à partir de toute manière, “Donnez nous du fric ou sinon des hordes de réfugiés, “de barbares” déferleront dans vos pays” est un slogan qui ne marche pas.

Ce chantage donc sera prochainement fini avec le risque d’effondrement sécuritaire que pourrait amener l’absence justement de financement des services de l’ordre.

L’état peine en effet déjà à assurer le financement des salaires de la fonction publique. Faut-il rappeler que les SDR du FMI sont déjà épuisés et que les pertes de la BDL ne permettent plus à la banque centrale de financer l’état? D’où pourraient donc provenir les devises nécessaires au financement de la fonction publique d’autant plus que le gouvernement envisage de dollariser les salaires de fonctionnaires, même si celui-ci envisage non seulement d’augmenter les taxes mais en plus de les aligner sur les taux de change des marchés parallèles. Une mauvaise idée réduisant encore plus la possibilité d’un rebond économique…

Les salaires des forces de sécurité, presque la moitié des fonctionnaires ne sont donc plus assurés. En plus, l’état peine également à assurer les devises étrangères nécessaires au financement des services de base à la population, comme l’électricité, la distribution de l’eau, les services de santé aussi.

L’état ou plutôt le gouvernement des banques, puisque Mikati en est le digne représentant, a refusé d’appliquer les réformes essentielles et pourtant nécessaires, notamment en restructurant le secteur financier local en dépit de la faillite de facto des banques privées, des affaires touchant la Banque du Liban, l’absence de lutte contre la fraude notamment financière avec la divulgation de transferts illégaux à l’étranger, la lutte contre la corruption avec l’affaire Riad Salamé toujours absent devant les tribunaux et l’affaire Optimum, et la liste serait encore longue alors que l’audit juricomptable mené par Alvarez semble faire l’objet d’un silence bien fâcheux des autorités locales … un silence néanmoins qui n’est pas une surprise vu les noms déjà présents dans ce rapport.

Ce n’est pas tant l’absence d’un président de la république qui est en cause. C’est surtout le recours au pourrissement général comme moyen de chantage en vue de débloquer une aide et ne rien faire au final. La communauté internationale tient heureusement bon face à celui-ci.

Un commentaire?

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.