Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook
Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles il est difficile d’élire un président de la République au Liban. Tout d’abord, le système politique libanais est basé sur un partage du pouvoir entre différentes communautés religieuses, avec des quotas pour chacune d’elles. Cela signifie que pour élire un président, il faut trouver un candidat qui soit acceptable pour toutes les communautés, ce qui peut être très difficile compte tenu des tensions religieuses et politiques dans le pays.

La crise économique au Liban a également eu un impact significatif sur l’élection présidentielle et le processus politique dans le pays. Depuis 2018, le Liban est confronté à une crise économique et financière sans précédent, caractérisée par une hyperinflation, une dévaluation de la monnaie, des coupures de courant et une pénurie de carburant et de médicaments.

Cette crise économique a aggravé les tensions politiques dans le pays et a rendu encore plus difficile la formation d’un gouvernement stable et efficace. Depuis l’expiration du mandat présidentiel de Michel Aoun en 2022, le pays est sans président, car les partis politiques ne sont pas parvenus à s’entendre sur un candidat de compromis.

La crise économique a également eu un impact sur la crédibilité des politiciens libanais et a accru la défiance de la population envers la classe politique en général. Les Libanais sont de plus en plus frustrés par l’incapacité des partis politiques à répondre à leurs besoins fondamentaux, tels que l’accès à l’électricité, à l’eau potable et aux soins de santé.

En outre, la crise économique a également eu des conséquences sur les relations du Liban avec les puissances étrangères, notamment la France, les États-Unis et l’Arabie Saoudite. Ces pays ont exprimé leur préoccupation face à la situation économique et politique au Liban et ont appelé à des réformes urgentes pour sortir le pays de la crise.

Est ce que l’élection présidentielle au Liban peut résoudre la crise économique?

Contrairement à ce que présentent certains hommes politiques ou syndicats, l’élection présidentielle au Liban à elle seule ne peut pas résoudre la crise économique que traverse actuellement le pays. Bien que la situation politique instable et l’absence de président depuis 2022 aient contribué à l’aggravation de la crise économique, il y a plusieurs autres facteurs structurels qui ont conduit à cette crise économique sans précédent, tels que la corruption, les politiques économiques inefficaces, la dette publique élevée, et les conflits régionaux.

Pour sortir le pays de cette crise, il est nécessaire de mettre en place des réformes économiques et politiques profondes, y compris la lutte contre la corruption, la réforme du secteur bancaire, la réduction des dépenses publiques, la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance, ainsi que la mise en place de politiques économiques inclusives et de mesures sociales pour aider les personnes les plus vulnérables.

En outre, la situation économique du Liban est étroitement liée aux relations du pays avec ses partenaires étrangers, notamment avec les pays du Golfe et avec la communauté internationale. Le soutien de la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, est crucial pour aider le Liban à sortir de cette crise économique.

Dans la pratique, le pouvoir réel du président est souvent limité par les forces politiques rivales et les dynamiques politiques au sein du système politique libanais. Les alliances et les compromis politiques sont souvent nécessaires pour que le président puisse exercer pleinement ses pouvoirs constitutionnels. En outre, les décisions du président peuvent être contestées par les autres branches du gouvernement, notamment le Parlement et le Conseil des ministres.

Un système politique posant un problème de représentativité

Le pouvoir politique au Liban n’est pas complètement représentatif de la population du pays. Le système politique libanais est basé sur un partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses, et chaque communauté a une représentation politique proportionnelle à sa taille dans la population. Cependant, ce système de représentation confessionnelle peut conduire à une sous-représentation de certaines communautés, notamment les minorités religieuses et les populations non-religieuses.

En outre, certains partis politiques ont tendance à être plus représentatifs d’une communauté religieuse ou d’une région géographique spécifique, plutôt que de la population libanaise dans son ensemble. Cela peut conduire à une polarisation politique et à une représentation inégale des différentes voix et perspectives dans la société libanaise.

Enfin, le système politique libanais est souvent critiqué pour sa corruption généralisée et son manque de responsabilité et de transparence. Les partis politiques ont tendance à être contrôlés par des élites politiques et économiques, et cela peut conduire à une distorsion des priorités et des politiques qui ne sont pas toujours en ligne avec les intérêts de la population dans son ensemble.

Evidemment, cela se traduit également sur l’élection présidentielle et sur la représentativité du Parlement.

Le parlement divisé sur les plans sectaires

Le parlement libanais, officiellement connu sous le nom de l’Assemblée nationale, est composé de 128 membres élus pour un mandat de quatre ans. La composition du parlement est basée sur un système de représentation proportionnelle, qui vise à assurer une représentation équitable des différentes communautés religieuses du pays.

Plus précisément, les 128 sièges du parlement sont répartis comme suit :

  • 64 sièges pour les chrétiens, dont 34 pour les maronites, 14 pour les grecs-orthodoxes, 8 pour les grecs-catholiques, 3 pour les arméniens-orthodoxes, 1 pour les arméniens-catholiques, 1 pour les syriaques-catholiques, 1 pour les chaldéens, et 2 pour les autres chrétiens.
  • 64 sièges pour les musulmans, dont 27 pour les sunnites, 27 pour les chiites, 8 pour les druzes, et 2 pour les alaouites.

Il est important de noter que la répartition des sièges entre les différentes communautés religieuses est prévue par la Constitution libanaise et est conçue pour refléter la diversité du pays. Cependant, ce système de représentation confessionnelle a été critiqué pour sa tendance à renforcer les divisions communautaires et pour son manque de représentativité réelle de la population libanaise.

Au niveau politique, en raison du système électoral de représentation proportionnelle, aucun parti politique ne dispose d’une majorité absolue et la plupart des gouvernements doivent être formés par une coalition de différents partis. Un compromis doit donc être atteint afin d’élire un nouveau chef de l’état.

Les conflits politiques et les ingérences étrangères, un enjeu à plusieurs facettes

Cependant, le Liban a connu de nombreux conflits et crises politiques au fil des ans, ce qui a contribué à l’instabilité du pays et a rendu difficile la mise en place d’un gouvernement stable et efficace. Les factions politiques rivales ont souvent des intérêts divergents et peuvent être réticentes à travailler ensemble pour élire un président et cela pour plusieurs raisons:

  1. La question de la répartition du pouvoir : La répartition du pouvoir entre les différentes communautés religieuses du Liban est une source majeure de tensions politiques dans le pays. Les partis politiques cherchent à protéger les intérêts de leur communauté religieuse et à obtenir une part équitable du pouvoir, ce qui peut entraîner des conflits avec d’autres partis politiques.
  2. Les divergences idéologiques : Les partis politiques libanais ont souvent des idéologies et des visions politiques différentes, ce qui peut rendre difficile la collaboration entre eux. Par exemple, certains partis prônent l’adhésion à des blocs régionaux ou internationaux spécifiques, tandis que d’autres préconisent une politique de neutralité.
  3. Les conflits historiques : Le Liban a connu de nombreux conflits et crises politiques au fil des ans, ce qui a contribué à l’instabilité du pays et à des rivalités politiques profondes entre les différents partis. Ces conflits peuvent rendre difficile la confiance et la coopération entre les partis.
  4. Les intérêts personnels : Les intérêts personnels et les rivalités entre les leaders politiques peuvent également contribuer à l’incapacité des partis à s’entendre. Certains leaders politiques peuvent chercher à maintenir leur pouvoir et leur influence, même au détriment de la stabilité du pays.

Enfin, le rôle de l’extérieur dans les affaires libanaises peut également rendre difficile l’élection d’un président. Le Liban est souvent pris dans des rivalités régionales et internationales, ce qui peut entraîner une ingérence étrangère dans le processus électoral et rendre encore plus difficile la recherche d’un candidat consensuel.

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