concrete buildings in beirut
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Les massacres innommables commis par le Hamas en Israël le 7 octobre et puis les destructions massives des immeubles et bâtiments sur la bande de Gaza nous démontrent que les solutions politiques au Proche-Orient se perdent progressivement dans les méandres des luttes d’influence entre les acteurs locaux et internationaux.

Sans réaction forte de l’Union européenne en faveur d’un processus de paix juste et durable au Proche-Orient, il y aura une possibilité de voir l’hégémonie américaine et occidentale basculer du côté des nouvelles puissances émergentes que sont l’Arabie Saoudite, le Brésil, la Chine, l’Iran, l’Inde, la Turquie et la Russie. 

Depuis 1945, la protection des monarchies pétrolières de la péninsule Arabique avait été définie comme un intérêt « national » américain et une composante majeure des relations avec Israël. Mais depuis l’assassinat de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien en 1995, l’administration américaine, sans véritable réflexion, a volontairement fermé les yeux sur les implantations juives en Cisjordanie ainsi qu’à Jérusalem-Est, créant de manière formelle les conditions de perpétuation du conflit.

Quelque 490000 Israéliens résident dans des colonies en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967, où vivent 3 millions de Palestiniens. Ces colonies sont considérées par l’ONU comme illégales au regard du droit international. 

Le simple fait que le conflit israélo-palestinien se poursuit largement depuis la première élection de Benyamin Netanyahou en 1996 relativise ainsi la solution politique si indispensable pour pacifier le Proche-Orient. Non seulement, Benyamin Netanyahou a participé au climat délétère à l’encontre de Yitzhak Rabin en 1995, mais dans sa dimension belliqueuse, il a fini par faciliter la vente de nombreuses armes militaires en faveur de l’Azerbaïdjan pour que ce pays puisse mener une guerre d’exclusion à l’encontre des Arméniens du HautKarabagh

En effet, l’armée azérie a utilisé des drones d’attaque israéliens contre les Arméniens. Tel-Aviv demeure le premier fournisseur d’équipement militaire à Bakou. En échange, Bakou fournit aux Israéliens l’équivalent des deux tiers de leur consommation de pétrole. En 2023, la politique belliciste de Benyamin Netanyahou a permis à l’Azerbaïdjan de réaliser l’exode expéditif de cent mille Arméniens du HautKarabagh et ce dans la plus grande indifférence occidentale.

https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-israel-le-nettoyage-ethnique-dans-le-haut-karabakh-marque-par-l-empreinte-d-israel

https://fr.timesofisrael.com/des-donnees-aeriennes-revelent-les-flux-de-ventes-darmes-disrael-a-lazerbaidjan/

Il convient de rappeler, à cet égard, que l’invasion israélienne du Liban en 1982 avait été présentée par le gouvernement israélien comme la volonté de détruire l’OLP et le Hezbollah. En réalité, c’est l’événement contraire qui s’est produit. Par contre, de manière sous-jacente, cette intervention militaire avait eu pour effet d’établir au Liban l’implication américaine et  pro-occidentale dans la perspective de réduire l’influence de la Syrie dans la région. 

Depuis quatre décennies, le pays du Cèdre subit des crises politiques et économiques successives, un véritable cauchemar pour la population libanaise. Aujourd’hui, le Liban s’enfonce inexorablement dans une crise économique et sociale d’une grande ampleur. Les Banques du Liban ont instauré des restrictions sur les retraits relatifs aux dépôts qui datent d’avant 2019. En 2023, selon une étude de l’UNICEF, les familles libanaises parviennent à peine à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires malgré une réduction drastique de leurs dépenses.

Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, faussement accusé de détenir des armes de destruction massive, la mort programmée de Kadhafi et la guerre de Syrie en 2011, pendant toute cette période sanglante la question de la Palestine avait été en quelque sorte mise au second plan de la lutte d’influence au Moyen-Orient.

Indéniablement, le principal perdant en terme géopolitique fut l’Autorité palestinienne. Au cours du temps, sa capacité d’agir s’est considérablement affaiblie. Tel était probablement l’objectif politique de Benyamin Netanyahou. Par ailleurs, la perte d’influence du Fatah et la division des Palestiniens entre laïques et religieux ne pouvaient que bénéficier à sa politique de colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Mais voilà que depuis le 7 octobre 2023 le conflit israélo-palestinien devient à nouveau dramatique. En d’autres termes, cette énième guerre prouve aussi, dans le sang des victimes israéliennes et palestiniennes, que le Proche-Orient ne connaîtra jamais la paix tant que les Palestiniens n’auront pas, eux aussi, droit à l’autodétermination.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce conflit secoue les universités de la côte Est des États-Unis comme Harvard près de Boston, UPenn à Philadelphie et Columbia à New York. Une censure sournoise semble se généraliser aux États-Unis pour tout ce qui a trait à la Palestine.

La liberté d’expression n’était-elle pas le fondement de la démocratie ?

Quatre mois avant son assassinat à Dallas, le président John Fitzgerald Kennedy déclara à l’université américaine de Washington : “Quel type de paix recherchons-nous ? Pas une Pax Americana imposée au monde par les armes de guerre américaines. Pas la paix de la tombe ni celle de la sécurité garantie par l’esclavage. Je parle d’une paix authentique, le genre de paix qui fait que la vie sur Terre vaut la peine d’être vécue, le genre de paix qui permet aux hommes et aux nations de se développer, d’espérer et de construire une vie meilleure pour leurs enfants, non seulement la paix pour les Américains, mais aussi la paix pour tous les hommes et toutes les femmes, non seulement la paix pour notre époque, mais la paix pour tous les temps.”

Malgré toutes les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, il y a encore une place pour une paix juste et durable au Proche-Orient. Elle s’avère plus importante que jamais.

Henri Ramoneda

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