Le siège de l'Association des Banques du Liban après l'explosion du Port de Beyrouth. Crédit Photo: Libnanews.com
Le siège de l'Association des Banques du Liban après l'explosion du Port de Beyrouth. Crédit Photo: Libnanews.com

Le Liban fait face à une crise économique sans précédent. La crise macroéconomique a réduit la taille de l’économie libanaise de 53 milliards de dollars en 2017 à environ 16 milliards de dollars en 2023.

Cette crise exacerbée par une ingérence politique profonde et des tentatives de réforme bancaire infructueuses. Le gouvernement libanais a tenté de mettre en œuvre un plan de “Restructuration des dépôts bancaires et restructuration du secteur financier”, qui visait à réorganiser le secteur bancaire et à instaurer des réformes budgétaires et de la dette à moyen terme. Cependant, ce plan a été bloqué par le parlement suite à une campagne de lobbying menée par l’Association des banques du Liban (ABL) et ses alliés politiquement influents, reflétant le profond enchevêtrement des intérêts financiers et politiques dans le pays.

Défis du Secteur Bancaire

Le secteur bancaire libanais est au cœur de la crise, avec un manque de liquidités criant pour répondre aux retraits des déposants. Une estimation montre que les réserves liquides des banques et de la BDL sont insuffisantes pour couvrir les retraits, même en se limitant à un plafond de 100 000 $. La majorité des comptes bancaires détiennent moins de 200 000 $, mais représentent une petite fraction de la valeur totale des dépôts, soulignant la concentration de la richesse et des ressources financières.

L’Intervention Gouvernementale

En réponse à la crise, le gouvernement a proposé un plan de restructuration qui incluait l’audit des actifs étrangers de la BDL, l’évaluation externe des plus grandes banques, et l’unification des taux de change, parmi d’autres mesures. Toutefois, le plan a été rejeté en raison du manque de consensus sur la répartition des pertes et a été critiqué pour son approche de la restructuration du secteur financier.

Le plan du gouvernement visait à obtenir l’approbation du cabinet pour un plan de restructuration du secteur bancaire, à mettre en œuvre une stratégie de restructuration budgétaire et de la dette à moyen terme, à compléter l’audit des actifs étrangers de la Banque centrale (BDL), à inciter à une évaluation externe des 14 plus grandes banques et à unifier les taux de change comme exigé par le FMI.

Réponse des Banques

Face à cette proposition gouvernementale, l’ABL a présenté une contre-proposition, refusant de classer les dépôts pour les remboursements et préférant rembourser en livres libanaises à des taux variables. Cette approche vise à protéger les intérêts des banques en évitant d’ouvrir les livres de comptes et de différencier les dépôts selon leur origine, ce qui pourrait révéler des pratiques douteuses et diminuer la capacité à rembourser les dépôts légitimes, ce qui est à la base le noeud du problème et pourrait révéler les nombreuses infractions aussi commises par leurs propres dirigeants.

Les critiques de la contre-proposition:

  • L’ABL refuse de divulguer l’origine des dépôts.
  • L’ABL veut éviter de restituer les fonds excédentaires des principaux contributeurs.
  • L’ABL refuse d’imposer une partie des pertes aux propriétaires des banques.

Impact sur les Notations de Crédit

La stagnation dans la mise en œuvre des réformes a conduit Standard & Poor’s à confirmer les notations du Liban à un niveau extrêmement bas, reflétant l’incertitude persistante quant à la capacité du pays à surmonter ses problèmes économiques et financiers sans réformes structurelles significatives.

Le paiement de la dette en eurobonds par exemple reste suspendu, ce qui exclu le Liban des systèmes financiers internationaux.

Rôle de la Banque Centrale du Liban

La BDL, et son gouverneur par intérim Wassim Mansouri, ont joué un rôle ambigu dans le processus de restructuration, contribuant à l’élaboration de certaines propositions mais s’éloignant publiquement de l’initiative globale. Leur implication soulève des questions sur la volonté et la capacité de l’institution à soutenir les réformes nécessaires pour stabiliser le secteur financier.

Par ailleurs, la question de la radiation des dépôts illégitimes comme proposé par la Banque du Liban semble poser plusieurs problèmes d’ordre technique. Qu’arrivera-t-il si les fonds illégitimes seraient issus de vols de fonds publics étrangers? Le Liban serait normalement dans l’obligation légale de rendre et non plus de radier ces dépôts. Par ailleurs des interrogations portent sur le processus de radiation des dépôts qui seraient ainsi indirectement transférés aux banques et non aux institutions publiques.

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