Les prisons libanaises, déjà surpeuplées et mal équipées, se trouvent dans une situation critique exacerbée par la crise économique et politique. Cette réalité pose un problème humanitaire majeur, rarement évoqué dans le débat public. Un examen approfondi de ces conditions révèle des lacunes graves qui nécessitent une attention urgente.
Surpopulation et infrastructures dégradées
La surpopulation est l’un des principaux défis des prisons libanaises. Conçues pour accueillir environ 3 000 détenus, elles en hébergent actuellement plus du double. La prison centrale de Roumieh, par exemple, est régulièrement pointée du doigt pour ses conditions de détention indignes.
Les infrastructures, déjà vétustes, se sont encore détériorées en raison de l’absence de fonds pour l’entretien. Des cellules surpeuplées, une ventilation insuffisante et un accès limité à l’eau potable aggravent les conditions de vie des détenus.
Problèmes sanitaires et accès aux soins
Le manque de soins de santé dans les prisons libanaises est alarmant. Les détenus n’ont souvent pas accès à des médecins ou à des médicaments. Des maladies comme la tuberculose et des infections cutanées se propagent rapidement dans des espaces confinés.
La crise économique a encore réduit les budgets alloués aux soins en prison, laissant de nombreux détenus dans une situation critique. Les organisations humanitaires, bien qu’actives, ne parviennent pas à combler toutes les lacunes.
Problèmes judiciaires et détention préventive
Un autre facteur contribuant à la surpopulation est la détention préventive. Près de 60 % des détenus sont en attente de jugement, parfois pendant des années. Ce retard dans le traitement des affaires judiciaires s’explique par la lenteur du système judiciaire, aggravée par les grèves des avocats et la pénurie de juges.
Cette situation viole les droits fondamentaux des détenus, qui se retrouvent enfermés sans condamnation, parfois pour des infractions mineures.
Initiatives et perspectives de réforme
Face à cette crise, plusieurs initiatives ont été proposées :
- Réduction de la détention préventive : Accélérer les procédures judiciaires pour désengorger les prisons.
- Amélioration des infrastructures : Investir dans la rénovation des prisons et la construction de nouveaux établissements.
- Collaboration avec des ONG : Travailler avec des organisations pour fournir des soins de santé et des services de réinsertion.
- Amnisties partielles : Envisager des mesures pour libérer les détenus non violents ou en fin de peine.
Les prisons libanaises sont un miroir des défis structurels du pays. Réformer le système carcéral ne résoudra pas seulement une crise humanitaire, mais contribuera également à restaurer la confiance dans l’État et à renforcer la justice sociale.
