Un pays en perte de compétitivité économique
Le Liban, autrefois reconnu pour son dynamisme économique et son rôle de centre financier régional, se trouve aujourd’hui parmi les derniers pays en matière de compétitivité mondiale. Cette chute vertigineuse est le résultat d’une accumulation de crises structurelles, aggravées par une gouvernance inefficace et un climat des affaires hostile.
Selon les classements internationaux, le Liban figure parmi les pays où il est le plus difficile d’investir, de créer une entreprise ou d’accéder aux financements. La détérioration des infrastructures, l’instabilité du secteur bancaire et la corruption omniprésente freinent le développement du pays et découragent les investisseurs étrangers.
Les facteurs de la chute du Liban dans les indices de compétitivité
1. Réformes politiques et lutte contre la corruption : un défi majeur
La corruption reste un frein majeur à la compétitivité du Liban. Elle affecte toutes les sphères économiques, des finances publiques aux appels d’offres, en passant par l’octroi de licences commerciales. Le pays souffre d’un manque de transparence dans la gestion des fonds publics et de l’absence d’un cadre réglementaire efficace.
Des réformes sont nécessaires pour restaurer la confiance des investisseurs et garantir un environnement propice à la croissance. Une législation stricte contre la corruption doit être adoptée, accompagnée de sanctions sévères contre les fraudeurs. De nombreux États ont réussi à améliorer leur compétitivité en renforçant les institutions de contrôle et en digitalisant les procédures administratives pour limiter les risques de pots-de-vin et de détournements de fonds.
Par ailleurs, la réforme du système judiciaire est indispensable pour garantir une indépendance totale des magistrats. Aujourd’hui, de nombreux dossiers de corruption sont bloqués en raison des interférences politiques et des pressions exercées sur les juges. Une justice efficace et indépendante permettrait de rétablir la confiance des citoyens et des investisseurs dans le système économique libanais.
2. Stabilisation du secteur bancaire et monétaire
Le système bancaire libanais, autrefois l’un des plus solides de la région, est aujourd’hui en pleine débâcle. Depuis 2019, les banques imposent des restrictions sur les retraits et les transferts, provoquant une perte massive de confiance de la population. Cette crise de liquidités a eu un impact direct sur la compétitivité du pays, empêchant les entreprises d’accéder aux financements nécessaires à leur développement.
Une réforme du secteur bancaire est cruciale. Il est impératif de mettre en place une politique monétaire claire et transparente, capable de stabiliser la livre libanaise et de garantir l’accès équitable aux devises étrangères pour les importateurs et exportateurs.
Certains pays en crise, comme l’Argentine, ont choisi de restructurer totalement leur système bancaire en imposant des mécanismes de surveillance stricts pour éviter la fuite des capitaux. Le Liban pourrait suivre cet exemple en mettant en place des comités indépendants de supervision bancaire, chargés de garantir la stabilité du système financier et d’éviter les excès spéculatifs qui ont précipité la crise actuelle.
3. Amélioration du climat des affaires : lever les freins au développement
Le Liban est classé parmi les derniers pays du monde en termes de facilité de faire des affaires. Les lourdeurs administratives, les délais interminables pour obtenir des licences et la complexité du système fiscal découragent les entrepreneurs et freinent la croissance des petites et moyennes entreprises (PME).
Réduire la bureaucratie doit être une priorité. Digitaliser les procédures administratives permettrait d’accélérer les démarches de création d’entreprise et d’améliorer la transparence dans les transactions économiques.
Par ailleurs, créer des zones franches dédiées à l’investissement étranger pourrait constituer une solution efficace. Ces zones, bénéficiant d’un cadre fiscal allégé et de procédures simplifiées, ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays comme Dubaï ou Singapour, qui ont réussi à attirer des milliards d’investissements étrangers en instaurant un climat des affaires dynamique et attractif.
4. Investissements dans les infrastructures et l’énergie : un enjeu clé
Les infrastructures du Liban sont en état de délabrement avancé. Le réseau électrique est instable, les routes et les ponts sont vétustes, et les ports manquent de modernisation. Cette situation pénalise lourdement le commerce et l’industrie, rendant les exportations moins compétitives sur le marché mondial.
Un plan de réhabilitation des infrastructures est essentiel pour améliorer la connectivité du pays et relancer la production industrielle. Certains pays ayant traversé des crises économiques similaires ont misé sur des partenariats public-privé pour financer les projets d’infrastructures, garantissant un retour sur investissement tout en soulageant les finances publiques.
L’énergie est également un défi majeur. Le Liban dépend fortement des importations de carburant pour sa production d’électricité, ce qui pèse sur la balance commerciale et aggrave le déficit budgétaire. Une transition vers les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire et éolienne, pourrait réduire la dépendance énergétique du pays, améliorer sa compétitivité industrielle et attirer des financements verts internationaux.
Leçons tirées de l’Argentine et de la Grèce pour redresser la compétitivité du Liban
L’Argentine et la Grèce ont connu des crises économiques sévères et ont dû réformer profondément leur économiepour retrouver leur compétitivité.
L’Argentine a choisi de dévaluer sa monnaie pour relancer ses exportations, tout en imposant des contrôles stricts sur les banques pour éviter une fuite massive des capitaux. Le Liban pourrait s’inspirer de cette approche en stabilisant son taux de change et en mettant en place des mécanismes de contrôle financier efficaces.
La Grèce, quant à elle, a misé sur la restructuration de sa dette et des privatisations massives pour redresser son économie. Cette stratégie a permis au pays de réduire son déficit budgétaire et d’améliorer son attractivité pour les investisseurs étrangers. Le Liban pourrait suivre cette voie en privatisant certains secteurs stratégiques, tels que les télécommunications et le transport maritime, afin d’attirer des capitaux et de relancer son économie.