#SOCIETE: À la suite des hostilités qui ont éclaté début mars 2025 dans les gouvernorats syriens de Tartous, Lattaquié, Hama et Homs, le Liban a enregistré un afflux massif de réfugiés en provenance de la Syrie voisine. Selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les autorités locales libanaises, 35 846 nouveaux réfugiés syriens sont arrivés sur le territoire libanais entre mars et mi-avril 2025. Cet afflux constitue l'une des vagues migratoires les plus importantes depuis le début de la crise syrienne en 2011.
répartition géographique des nouveaux arrivants
Les nouveaux arrivants ont été principalement répartis entre les gouvernorats d’Akkar et du Nord Liban. Dans le gouvernorat d'Akkar, 23 627 réfugiés, soit 65,9 % du total, ont été enregistrés dans 28 villages différents. Les principales localités d'accueil sont Massaoudiyeh (48,7 % des réfugiés d’Akkar), Hissa (7,5 %), Tall Bire (6,4 %) et Tall Hmayra (4,4 %). Dans le Nord Liban, 12 219 réfugiés supplémentaires, soit 34,1 % du total, ont été recensés. La majorité d'entre eux se sont installés à Tripoli, notamment dans le quartier de Jabal Mohsen (74,2 % des réfugiés du Nord Liban), ainsi qu’à Koura (10,5 %) et Dhour el Hawa (9,5 %).
facteurs de déplacement
Les violences survenues en Syrie au début du mois de mars 2025, combinées à une intensification des frappes aériennes et à l'instabilité sécuritaire dans les zones rurales, ont forcé des milliers de familles à fuir précipitamment leurs foyers. Les conditions humanitaires dans ces régions se sont rapidement détériorées, aggravées par la destruction d’infrastructures critiques, le manque d’accès aux soins médicaux et une forte insécurité alimentaire. Face à cette urgence, la proximité géographique du Liban et la présence de réseaux communautaires déjà établis ont poussé de nombreux Syriens à traverser la frontière malgré les restrictions croissantes.
capacités d’accueil limitées
Le Liban, qui accueille déjà environ 1,5 million de réfugiés syriens selon les estimations du HCR, voit ses capacités d’accueil encore plus fortement sollicitées. Les infrastructures sociales, éducatives et sanitaires du pays étaient déjà sous pression bien avant cette nouvelle vague migratoire. L’arrivée massive de réfugiés pose des défis immédiats en termes d’hébergement, d’accès aux services de base et de gestion de la sécurité dans les régions frontalières. De nombreux nouveaux venus vivent dans des conditions précaires, souvent dans des abris informels ou des camps improvisés sans accès fiable à l'eau potable ou à l'électricité.
réactions des autorités libanaises et internationales
Les autorités libanaises ont exprimé leur inquiétude face à cette nouvelle pression migratoire. Des responsables locaux ont sollicité une aide d'urgence de la part des organisations internationales afin d'apporter un soutien humanitaire immédiat et de prévenir une crise sociale aggravée. Le HCR, l'UNICEF et d'autres agences partenaires ont intensifié leurs opérations dans le Nord du Liban et l’Akkar pour fournir des abris temporaires, distribuer des kits d'hygiène, de la nourriture et mettre en place des services de protection pour les enfants et les femmes vulnérables.
tableau récapitulatif : répartition des réfugiés par région au 15 avril 2025
Région Nombre de réfugiés Part du total (%)
Akkar 23 627 65,9
- Massaoudiyeh 11 509 48,7 (d'Akkar)
- Hissa 1 772 7,5 (d'Akkar)
- Tall Bire 1 512 6,4 (d'Akkar)
- Tall Hmayra 1 041 4,4 (d'Akkar)
Nord Liban 12 219 34,1
- Jabal Mohsen (Tripoli) 9 066 74,2 (Nord Liban)
- Koura 1 282 10,5 (Nord Liban)
- Dhour el Hawa 1 158 9,5 (Nord Liban)
conséquences économiques et sociales
L'arrivée massive de nouveaux réfugiés a des répercussions immédiates sur le marché du travail, déjà saturé, notamment dans les secteurs de l'agriculture, de la construction et des services. Elle exacerbe également la concurrence pour les ressources publiques limitées, ce qui alimente parfois des tensions sociales entre réfugiés et communautés hôtes. Dans un contexte économique national marqué par une contraction du PIB, une inflation galopante et une crise bancaire persistante, la pression supplémentaire sur les finances publiques pourrait accentuer l'instabilité générale.
besoins humanitaires urgents
Les évaluations initiales menées par les agences humanitaires indiquent que les besoins prioritaires pour les nouveaux arrivants incluent l'accès à un logement sûr, à des soins de santé primaires, à de l'eau potable et à des services d’éducation pour les enfants. Les organismes internationaux ont lancé plusieurs appels d’urgence pour financer des programmes de soutien ciblé, mais les ressources restent insuffisantes face à l’ampleur des besoins.
le rôle du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (hcr)
Le HCR, établi en 1950, est l'agence principale des Nations unies pour la protection des réfugiés. Présent au Liban depuis 1962, il coordonne l'assistance aux réfugiés syriens à travers des opérations d'enregistrement, de distribution d'aide et de programmes de résilience communautaire. À ce jour, le HCR soutient environ 1,2 million de réfugiés enregistrés au Liban, en partenariat avec plus de 80 ONG locales et internationales.