Une position critique dans l’indice mondial de bien-être
Le Liban a été classé 145e sur 146 pays dans l’édition 2025 du World Happiness Report, avec un score moyen de 3,188 sur 10. Cette étude, publiée chaque année sous l’égide des Nations unies, mesure le niveau de bien-être subjectif des populations à travers des critères tels que le revenu, la liberté individuelle, le soutien social, la corruption perçue, l’espérance de vie en bonne santé et la générosité.
Avec cette position, le Liban occupe la dernière place dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et devance uniquement l’Afghanistan au classement mondial.
| Pays (sélection MENA) | Rang mondial 2025 | Score |
|---|---|---|
| Émirats arabes unis | 21 | 6,759 |
| Koweït | 30 | 6,629 |
| Arabie saoudite | 32 | 6,600 |
| Irak | 101 | 4,976 |
| Égypte | 135 | 3,817 |
| Yémen | 140 | 3,561 |
| Liban | 145 | 3,188 |
Une baisse constante depuis 2020
Le Liban poursuit une tendance baissière dans ce classement depuis le début de la crise économique et politique en 2019. Alors que son score se situait autour de 5,2 en 2017, il a chuté de manière continue à travers les années suivantes, à mesure que le pays traversait effondrement bancaire, instabilité politique, crise sociale et dégradation des services publics.
Le recul observé en 2025 reflète aussi les effets psychologiques et sociaux de la guerre régionale de 2024, de la pauvreté généralisée et du manque d’accès aux services essentiels, malgré des tentatives récentes de réforme institutionnelle.
Une perception négative de la solidarité et de la gouvernance
Le rapport montre que le soutien social perçu au Liban est parmi les plus faibles au monde. La corruption perçue, aussi bien dans le secteur public que privé, est élevée, tandis que la confiance envers les institutions est quasi inexistante selon les données Gallup utilisées pour l’indice.
Le sentiment de fragilité collective est renforcé par une situation économique incertaine, des tensions politiques internes récurrentes et une capacité de l’État jugée insuffisante à répondre aux besoins de base.
L’importance de la gentillesse et des attentes sociales
Le rapport met en lumière un point de rupture : la perception de la gentillesse attendue dans la société influence davantage le bien-être que les actes bienveillants réels. Les sociétés où les individus s’attendent à plus de comportements altruistes (comme le retour d’un portefeuille perdu) ont des scores de bonheur significativement plus élevés.
Dans ce domaine, le Liban se distingue négativement : la confiance interpersonnelle est faible, et la population sous-estime le comportement altruiste potentiel des autres, ce qui aggrave les tensions sociales.
Comparaisons mondiales : domination des pays nordiques
Le classement mondial 2025 est dominé par les pays nordiques :
- 1er : Finlande
- 2e : Danemark
- 3e : Islande Ces pays obtiennent des scores élevés grâce à leur solidarité sociale, un système de santé solide, une éducation universelle, et une faible corruption.
À l’autre extrémité du classement, on retrouve :
- 144e : Sierra Leone
- 145e : Liban
- 146e : Afghanistan
Répercussions et politiques possibles
Le score du Liban ne reflète pas uniquement un mal-être psychologique, mais constitue un indicateur avancé de dégradation sociale, avec des implications majeures sur la cohésion nationale, la fuite des cerveaux, et la capacité du pays à attirer des investissements ou du tourisme.
L’élaboration d’une stratégie nationale pour le bien-être devient une nécessité, incluant :
- Le renforcement du tissu social et associatif
- La réduction de l’informalité et des inégalités
- Le soutien psychologique à grande échelle
- Une politique de confiance et de transparence institutionnelle
