Alors que le Liban s’apprête à entamer lundi des consultations parlementaires décisives pour nommer un nouveau Premier ministre, les députés de l’opposition ont tenu une réunion nocturne au cours de laquelle ils ont annoncé leur soutien à Fouad Makhzoumi, député et figure reconnue pour ses positions réformistes. Cette décision intervient à un moment critique pour le pays, marqué par une transition politique sous la présidence de Joseph Aoun.
Dans une déclaration, les parlementaires de l’opposition ont affirmé que leur soutien à Makhzoumi s’inscrivait dans la vision d’une « nouvelle approche dans la gestion de l’État », telle que présentée par le président Aoun dans son discours inaugural. Ils ont souligné que cette phase de transition devait impérativement rompre avec « les quotas et la corruption » qui ont marqué le passé politique du Liban.
Un appel à un renouveau politique
Les députés ont insisté sur la nécessité d’ouvrir un « nouveau chapitre » à travers le poste de Premier ministre. Ils ont appelé à mettre fin aux pratiques traditionnelles de partage des pouvoirs, souvent critiquées pour leur inefficacité et leur contribution à l’instabilité. Selon eux, ce changement est essentiel pour « immuniser » le pays contre les erreurs du passé et poser les bases d’une gouvernance transparente et efficace.
Fouad Makhzoumi, connu pour son engagement en faveur de la transparence et des réformes économiques, incarne cette volonté de rupture avec le statu quo. Le soutien des députés de l’opposition reflète un désir plus large d’un leadership capable de sortir le Liban de l’impasse politique et économique.
Qui est Fouad Makhzoumi ?
Né en 1952 à Beyrouth, Fouad Makhzoumi est une personnalité influente de la scène politique et économique libanaise. Diplômé en génie chimique de l’Université américaine de Beyrouth, il a également étudié aux États-Unis, où il s’est spécialisé dans les affaires internationales et la gestion.
Makhzoumi est le fondateur et président de Future Pipe Industries, une entreprise mondiale spécialisée dans les solutions de tuyauterie industrielle. Sous sa direction, l’entreprise est devenue un acteur clé dans le secteur énergétique et des infrastructures, opérant dans plus de 50 pays.
En parallèle de ses activités économiques, Makhzoumi est engagé depuis plusieurs années en politique et dans des actions philanthropiques. En 2004, il a créé la Fondation Makhzoumi, une organisation dédiée à l’éducation, à la santé et au développement durable. Cette fondation a permis d’améliorer les conditions de vie de milliers de Libanais en difficulté.
Député de Beyrouth depuis 2018, il s’est distingué par ses positions fermes contre la corruption et son appel constant à des réformes structurelles. Partisan d’une gouvernance basée sur la transparence et la compétence, il est perçu par ses partisans comme un candidat capable de redonner espoir à une population frappée par une crise sans précédent.
Le scénario d’un statu quo : Mikati prolongé ?
Cependant, malgré le soutien affiché par l’opposition à la candidature de Makhzoumi, un autre scénario semble se dessiner dans les coulisses : la possible reconduction de Najib Mikati, actuel Premier ministre par intérim. Mikati, qui a souvent été critiqué pour incarner le système politique traditionnel, pourrait être reconduit avec le soutien des blocs parlementaires majoritaires, soucieux de préserver leurs intérêts et d’éviter des bouleversements majeurs.
Cette hypothèse de prolongation de Mikati reflète une volonté, pour certaines forces politiques, de maintenir un certain status quo, malgré les appels croissants à une réforme. Mikati bénéficie de relations solides avec les élites économiques et politiques, ce qui pourrait peser lourd dans le cadre des consultations parlementaires. Une telle décision risquerait cependant de creuser encore davantage le fossé entre le pouvoir en place et une partie de la population, exaspérée par les lenteurs et l’inefficacité des gouvernements successifs.
Des consultations parlementaires décisives
Les consultations parlementaires de lundi constitueront un test crucial pour la candidature de Makhzoumi. L’enjeu dépasse le simple choix du futur Premier ministre : il s’agira de définir la direction que prendra l’administration Aoun pour faire face aux défis majeurs qui attendent le pays, notamment la crise économique persistante et les appels pressants à des réformes structurelles.
En soutenant Makhzoumi, les députés de l’opposition envoient un signal fort en faveur d’un changement radical. Cependant, la question reste ouverte : Fouad Makhzoumi parviendra-t-il à rassembler une majorité parlementaire pour accéder au poste de Premier ministre ?
