Michel El Khoury est une figure notable de la scène économique et financière libanaise, particulièrement connue pour avoir été à deux reprises gouverneur de la Banque du Liban (BdL). Il a joué un rôle important dans la gestion de la politique monétaire du pays pendant des périodes critiques de son histoire, notamment durant la guerre civile libanaise et dans les années qui ont suivi.
Biographie et parcours de Michel El Khoury
Michel El Khoury est issu d’une famille maronite influente au Liban. Son père, Béchara El Khoury, a été le premier président de la République libanaise après l’indépendance en 1943. Ce lien familial lui a permis de s’inscrire dans la tradition des grandes figures politiques libanaises.
Mandats comme gouverneur de la Banque du Liban
Michel El Khoury a servi deux mandats non consécutifs en tant que gouverneur de la Banque du Liban, une institution clé dans l’économie du pays.
Premier mandat (1978 – 1985)
Michel El Khoury a pris la tête de la Banque du Liban dans une période de grande instabilité politique et économique. Son premier mandat a coïncidé avec une partie des années de guerre civile libanaise (1975-1990). En tant que gouverneur, il a été confronté à plusieurs défis majeurs :
- Inflation galopante : Pendant la guerre civile, l’économie libanaise a souffert d’une inflation croissante, due à la dévaluation de la livre libanaise et à l’instabilité générale. Michel El Khoury a tenté de maintenir la stabilité monétaire malgré les difficultés.
- Stabilité des réserves : Il a veillé à protéger les réserves de devises étrangères du pays, bien que celles-ci aient été soumises à de fortes pressions en raison des conflits internes.
- Maintien du système bancaire : Il a joué un rôle clé dans le maintien de la solidité du secteur bancaire libanais, considéré comme un pilier de l’économie nationale, même dans les périodes les plus sombres de la guerre.
Son mandat a pris fin en 1985, et il a été remplacé par Edmond Naim, qui a pris la relève dans un contexte encore difficile.
Second mandat (1991 – 1993)
Après la fin de la guerre civile en 1990, Michel El Khoury a été rappelé à la tête de la Banque du Liban pour un deuxième mandat. Durant cette période, il a joué un rôle central dans la phase de reconstruction économique du Liban. Son objectif principal était de restaurer la confiance dans l’économie et de stabiliser le secteur bancaire du pays.
- Stabilisation post-guerre : Après quinze années de guerre, le Liban avait besoin de reconstruire ses institutions et son économie. Michel El Khoury a contribué à restaurer la confiance dans la monnaie nationale et à redynamiser le secteur financier.
- Préparation à la transition : Il a joué un rôle de transition avant la nomination de Riad Salamé en 1993, à qui il a passé le relais. La politique monétaire stabilisée et les bases économiques mises en place sous El Khoury ont permis à Salamé d’entamer son long mandat dans un contexte plus favorable.
Héritage et impact
Michel El Khoury est respecté pour sa gestion prudente et son rôle de stabilisateur dans des moments particulièrement difficiles de l’histoire du Liban. Sa contribution à la Banque du Liban, notamment durant la guerre civile et dans la période de transition vers la paix, a permis de maintenir une relative stabilité dans le système bancaire, bien que le pays ait été plongé dans une profonde crise.
Même si son deuxième mandat a été court, il a permis à la BdL de passer d’une économie en guerre à une économie en reconstruction. Son expertise et son calme ont contribué à renforcer la résilience du secteur bancaire libanais, souvent perçu comme un refuge pour les investisseurs dans une région instable.
Michel El Khoury est une figure incontournable dans l’histoire de la Banque du Liban. Gouverneur à deux reprises, il a joué un rôle central dans la gestion des crises économiques liées à la guerre civile et à la reconstruction post-conflit. Bien que son nom soit moins connu que celui de son successeur, Riad Salamé, El Khoury a posé des bases importantes pour le redressement de l’économie libanaise à la sortie de la guerre civile, tout en gérant les crises économiques avec pragmatisme et compétence.
