Le président du Conseil désigné, Nawar Salam, a reçu ce matin à sa résidence de Qoreitem la vice-envoyée spéciale américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus. La rencontre s’est déroulée en présence de la vice-assistante du secrétaire d’État américain aux Affaires du Moyen-Orient, Natasha Franceschi, ainsi que de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Lisa Johnson, accompagnées de leur délégation.
Lors de cette réunion, Ortagus a réitéré le soutien des États-Unis au gouvernement libanais à venir, insistant sur l’importance des réformes financières, judiciaires et administratives prônées par le Premier ministre désigné. Elle a exprimé l’espoir que la formation du gouvernement se concrétise rapidement, permettant ainsi d’accélérer les réformes tant attendues.
Le Liban face à un défi de souveraineté : le retrait israélien des territoires occupés
Au cours de cette rencontre, Nawar Salam a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’exercer une pression sur Israël afin de garantir son retrait total des territoires libanais occupés, conformément à l’échéance du 18 février prochain. Cette demande fait écho aux revendications libanaises de longue date concernant les fermes de Chebaa, les collines de Kfar Shouba et la localité de Ghajar, des zones que le Liban considère comme faisant partie intégrante de son territoire et dont l’occupation israélienne est un sujet de contentieux régional.
Dans un contexte où les tensions frontalières entre le Liban et Israël restent une source permanente d’instabilité, cette demande revêt une importance stratégique et diplomatique majeure. L’issue de cette requête pourrait influencer non seulement la stabilité du sud du Liban, mais aussi l’équilibre global dans la région.
Washington et Beyrouth : un partenariat pour la reconstruction et la stabilité
Outre la question du retrait israélien, Nawar Salam a souligné l’importance d’une coopération renforcée avec les États-Unis et la communauté internationale pour aider le Liban à se relever de ses crises multiples.
Depuis l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, le pays traverse une crise économique et financière sans précédent, marquée par l’effondrement de sa monnaie, la défaillance de son système bancaire et une instabilité politique persistante. Les discussions entre Salam et Ortagus ont notamment porté sur les moyens de relancer l’économie libanaise et d’attirer des investissements étrangers dans des secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures et la reconstruction urbaine.
L’administration américaine, tout en restant engagée dans le soutien au peuple libanais, conditionne son aide à des réformes concrètes, notamment en matière de lutte contre la corruption, de transparence financière et d’indépendance judiciaire. Ces exigences ont été réaffirmées par Natasha Franceschi, qui a rappelé que l’assistance internationale dépendrait de la capacité du futur gouvernement à mettre en place des politiques de gouvernance responsables et efficaces.
Polémique autour des déclarations de Morgan Ortagus
Parallèlement à cette visite, Morgan Ortagus a été au cœur d’une vive polémique concernant la formation du gouvernement libanais. Selon des informations rapportées par Libnanews, ses déclarations ont suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique libanaise. Certains responsables ont interprété ses propos comme une ingérence dans les affaires internes du Liban, tandis que d’autres y ont vu un soutien nécessaire aux réformes attendues.
Cette controverse intervient dans un contexte déjà tendu, où la formation du gouvernement dirigé par Nawar Salam fait face à de nombreux obstacles, notamment des divergences politiques internes et des pressions extérieures. Les déclarations d’Ortagus ont ainsi ravivé le débat sur l’influence étrangère dans le processus politique libanais et la souveraineté du pays.
