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Un entretien sous haute tension entre Nabih Berri et Morgan Ortagus

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Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a reçu à la résidence présidentielle d’Aïn el-Tiné la vice-envoyée spéciale des États-Unis pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, en présence de l’ambassadrice américaine Lisa Johnson et du conseiller médiatique de Berri, Ali Hamdan. Cette rencontre s’inscrit dans un contexte marqué par l’intensification des tensions au Sud-Liban, où Israël poursuit ses violations du règlement de cessez-le-feu de 2006 (résolution 1701 de l’ONU).

Au cours de l’échange, Berri a fermement dénoncé les incursions israéliennes répétées, notamment l’occupation persistante de territoires libanais, la destruction de dizaines de maisons et l’arrachage de terres agricoles. Il a également condamné les frappes aériennes israéliennes menées par des drones et des avions de chasse sur plusieurs régions du pays, soulignant que ces agressions constituaient une violation flagrante des engagements internationauxpris par Tel-Aviv.

S’adressant à la représentante américaine, Berri a insisté sur la nécessité pour Washington, en tant que garant de l’accord de cessez-le-feu, d’exiger d’Israël une application complète et sans condition de la résolution 1701. Il a affirmé que l’occupation israélienne des territoires libanais représente un mal absolu et justifie la poursuite de la résistance. Le président du Parlement a également salué le professionnalisme de l’armée libanaise, qui maintient sa présence selon les termes de l’accord onusien malgré des conditions particulièrement difficiles.

Rencontre avec la délégation française : un regard européen sur les violations israéliennes

Après son entretien avec Morgan Ortagus, Nabih Berri a poursuivi ses discussions diplomatiques en accueillant l’ambassadeur de France au Liban, Hervé Magro, ainsi que le vice-président du Comité de surveillance du cessez-le-feu, le général français Guillaume Bonchamp. Cette rencontre a permis de dresser un bilan précis des récentes violations israéliennes et d’explorer les moyens de renforcer l’application de la résolution 1701.

Berri a fait part à la délégation française de son inquiétude croissante face à l’absence de réaction internationale aux actions d’Israël, qui continue de maintenir une présence militaire dans des zones libanaises et de mener des opérations destructrices visant infrastructures et habitations civiles.

La France, en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unies et contributeur majeur de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), joue un rôle clé dans la surveillance du respect de la résolution 1701. Toutefois, l’absence de sanctions ou de pressions réelles sur Israël pose la question de l’efficacité des mécanismes internationaux de contrôle.

Le Sud-Liban au cœur des tensions régionales

L’instabilité grandissante au Sud-Liban s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large, marqué par la montée des tensions entre Israël et ses voisins, mais aussi par la recomposition des alliances au Moyen-Orient.

Depuis plusieurs mois, Israël a multiplié ses frappes sur des positions présumées du Hezbollah, tout en poursuivant son occupation de zones contestées, notamment les fermes de Chebaa, les collines de Kfar Shouba et la partie nord du village de Ghajar. Ces violations ont donné lieu à plusieurs incidents entre la FINUL, l’armée libanaise et les forces israéliennes.

Face à cette escalade, le Hezbollah a réaffirmé sa position en déclarant que toute tentative israélienne de modification des frontières ou d’accaparement du territoire libanais entraînerait une réponse immédiate et proportionnée. De son côté, l’armée libanaise a renforcé ses positions, tout en collaborant avec la FINUL pour documenter les violations israéliennes et en référer au Conseil de sécurité de l’ONU.

Morgan Ortagus et la polémique autour de la formation du gouvernement

Au-delà des questions sécuritaires, la visite de Morgan Ortagus a également suscité une vive polémique concernant la formation du gouvernement libanais. D’après Libnanews, certaines de ses déclarations ont été perçues comme une ingérence directe des États-Unis dans le processus politique libanais.

Alors que le Premier ministre désigné, Nawar Salam, peine à former un gouvernement en raison de blocages internes et d’oppositions politiques, les déclarations d’Ortagus ont été interprétées par certains comme une tentative d’influencer le choix des ministres et l’orientation des réformes. Cette controverse reflète les tensions latentes entre Washington et certains acteurs politiques libanais, notamment ceux qui refusent toute tutelle étrangère dans la gestion des affaires internes du pays.

Dans ce contexte, la réunion entre Ortagus et Berri a pris une dimension encore plus stratégique. Le chef du Parlement a tenu à rappeler que le Liban devait rester maître de son propre destin, tout en maintenant des relations constructives avec ses partenaires internationaux.

Un Liban pris en étau entre pressions internationales et défis internes

La situation actuelle du Liban illustre une fois de plus la difficulté pour le pays de concilier indépendance nationale, stabilité régionale et coopération internationale.

D’un côté, le pays fait face à des violations israéliennes répétées qui mettent en péril sa souveraineté et menacent de déstabiliser davantage le Sud-Liban. De l’autre, il doit composer avec les pressions exercées par les puissances occidentales, qui conditionnent leur soutien à des réformes profondes du système politique et économique libanais.

Alors que la date butoir du 18 février approche pour le retrait israélien des zones occupées, il reste à voir si les États-Unis et la France useront de leur influence pour garantir l’application du droit international, ou si cette échéance passera sous silence, comme ce fut souvent le cas par le passé.

Dans l’immédiat, le Liban reste confronté à une crise politique majeure, où chaque décision prise par ses dirigeants est scrutée et commentée à l’échelle internationale. La visite de Morgan Ortagus et les controverses qui l’accompagnent ne font que souligner l’ampleur des défis auxquels le pays doit faire face.

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Newsdesk Libnanews
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