Depuis le 7 octobre 2023, Israël a considérablement intensifié les démolitions de maisons palestiniennes en Cisjordanie, aggravant une crise humanitaire déjà alarmante dans les territoires palestiniens occupés. Selon un rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), relayé par Russia Today, plus de 1 175 bâtiments palestiniens ont été détruits, confisqués ou démolis, doublant ainsi le rythme des démolitions par rapport à la période précédente.
Cette vague de démolitions a entraîné le déplacement forcé de plus de 3 100 Palestiniens, dont 1 375 enfants. L’OCHA souligne que ces chiffres sont particulièrement inquiétants, car ils représentent plus du double du nombre de personnes déplacées avant le début du conflit. La majorité de ces déplacements (1 208 personnes) a eu lieu lors d’opérations militaires, notamment dans les villes de Jenin et Tulkarem ainsi que dans les camps environnants. Les autres ont été causés par l’absence de permis de construire (1 001 personnes) ou des démolitions punitives (159 personnes).
Destruction de moyens de subsistance
Les démolitions ne se limitent pas aux habitations. Environ 500 installations résidentielles, 100 bâtiments inoccupés, et plus de 300 structures agricoles ont été détruits depuis le 7 octobre. Des infrastructures essentielles telles que des systèmes d’eau et d’assainissement, des installations d’hygiène et plus de 200 bâtiments servant à assurer les moyens de subsistance des familles palestiniennes ont également été ciblés. Plus de 100 autres infrastructures, y compris des routes et d’autres installations vitales, ont également été démolies, compliquant davantage la vie des populations locales.
Le Centre d’information sur la Palestine (Mata) rapporte de son côté que depuis le 7 octobre, Israël a procédé à 2 777 démolitions en Cisjordanie et à Jérusalem, dont 252 rien qu’à Jérusalem. Ces actions, selon les autorités israéliennes, sont motivées par des mesures punitives à l’encontre des familles de militants palestiniens accusés de mener des attaques contre Israël.
La violence dans le camp de réfugiés de Tulkarem
Le ministère palestinien de la Santé a confirmé que trois personnes ont été tuées lors d’une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Tulkarem, un quartier résidentiel densément peuplé depuis la guerre de 1948 qui a suivi la création de l’État d’Israël. Cette frappe, survenue dans la nuit de mercredi à jeudi, s’inscrit dans une série d’opérations militaires israéliennes visant les militants palestiniens. L’armée israélienne a déclaré avoir ciblé « plusieurs militants » dans cette zone, tout en cherchant des explosifs enterrés. Cette opération illustre la montée en flèche de la violence en Cisjordanie depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Un conflit en pleine escalade
Le conflit en Cisjordanie fait partie d’un tableau plus large de violence dans la région, avec des raids quasi quotidiens de l’armée israélienne qui provoquent régulièrement des affrontements armés avec les Palestiniens. Depuis le début de la guerre, plus de 637 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des tirs israéliens, tandis que des dizaines d’attaques ont été menées par des militants palestiniens contre des Israéliens.
Israël, qui a occupé la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est lors de la guerre de 1967, a depuis lors construit de nombreuses colonies de peuplement dans la région, abritant plus de 500 000 colons juifs. Ces colons, qui jouissent de la citoyenneté israélienne, cohabitent avec environ trois millions de Palestiniens vivant sous la loi militaire israélienne, une situation qui alimente les tensions et les conflits constants.
Des frappes meurtrières à Gaza
Le conflit ne se limite pas à la Cisjordanie. Les frappes israéliennes sur Gaza se sont poursuivies cette semaine, tuant au moins 17 personnes lors d’attaques de drones et de chars mercredi, selon les équipes médicales locales et les journalistes de l’Associated Press. À Khan Younis, neuf corps, dont ceux d’une femme et d’un enfant, ont été transportés à l’hôpital Nasser. À Deir al-Balah, huit autres corps ont été retrouvés, confirmant l’intensité des combats dans cette zone.
L’armée israélienne a appelé les habitants de certaines parties de Gaza à évacuer, intensifiant la pression sur une population déjà acculée par des mois de conflit. Plus de 40 000 Palestiniens ont perdu la vie depuis le début de la guerre à Gaza, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas la distinction entre civils et combattants dans son décompte.
Efforts diplomatiques et impasse dans les négociations
Pendant ce temps, les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu se poursuivent, bien qu’ils soient semés d’embûches. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré des médiateurs en Égypte et au Qatar pour tenter de combler les écarts entre Israël et le Hamas. Cependant, les désaccords persistent, notamment concernant le retrait des forces israéliennes de deux corridors stratégiques à Gaza.
L’Égypte, en tant que médiateur clé, a exprimé son scepticisme quant à la faisabilité d’un accord à court terme. Les responsables égyptiens ont souligné que le Hamas ne serait pas prêt à accepter une trêve sans garanties concrètes de la part d’Israël, notamment sur le retrait total de ses forces de Gaza.
En résumé, la situation humanitaire en Cisjordanie et à Gaza s’aggrave de jour en jour, avec des démolitions massives et des frappes meurtrières qui continuent de faire des victimes. Les efforts diplomatiques peinent à contenir une guerre qui dure depuis maintenant plusieurs mois, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles.
