L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de l’Iran, a officiellement nommé cheikh Naim Qassem, secrétaire général du Hezbollah, comme son représentant en territoire libanais. Cette décision, annoncée par l’agence de presse iranienne Tasnim, marque un tournant stratégique dans l’affirmation de l’influence iranienne au Liban. Qassem, qui a récemment pris la tête du Hezbollah après la mort de Sayyed Hassan Nasrallah et Sayyed Hashem Safieddine, aura pour mission de superviser les affaires religieuses et non litigieuses au nom de Khamenei.
Cette nomination intervient dans un contexte régional hautement tendu, alors que le Hezbollah reste un acteur clé de l’axe de la résistance, un réseau d’organisations paramilitaires soutenues par l’Iran et opposées aux États-Unis et à Israël.
Qui est Naim Qassem ? Un vétéran du Hezbollah à la tête du mouvement
Né en 1953 à Kfar Fila, Naim Qassem a joué un rôle central au sein du Hezbollah depuis sa fondation dans les années 1980. Diplômé en études islamiques, il a bâti sa réputation en tant qu’idéologue et stratège du parti chiite.
- 1980-1990 : Ascension progressive au sein du Hezbollah
- 1991 : Devient secrétaire général adjoint sous Abbas al-Musawi
- 2008 : Défend l’armement du Hezbollah après le conflit de 2006
- 2024 : Succède à Hassan Nasrallah après son assassinat
Son influence sur les décisions militaires et politiques du Hezbollah est incontestable. Il a été l’un des principaux artisans du rapprochement avec l’Iran et a supervisé l’expansion des activités du Hezbollah en Syrie et en Irak. Son nouveau rôle de représentant officiel de Khamenei au Liban officialise encore plus cette connexion stratégique.
Une nomination qui intervient après une série d’assassinats ciblés
Le Hezbollah a subi un coup dur en 2024 avec la disparition de plusieurs de ses figures majeures, toutes ciblées par des frappes israéliennes.
Date | Personnalité | Fonction | Circonstances de la mort |
---|---|---|---|
27 septembre 2024 | Hassan Nasrallah | Secrétaire général du Hezbollah | Tué lors d’un bombardement à Beyrouth |
2 octobre 2024 | Sayyed Hashem Safieddine | Héritier désigné du Hezbollah | Assassiné lors d’une frappe israélienne |
5 octobre 2024 | Mohammad Raad | Chef du bloc parlementaire du Hezbollah | Mort dans une explosion à Nabatiyeh |
Avec ces pertes stratégiques, le Hezbollah a rapidement désigné Naim Qassem comme chef, une nomination approuvée par l’ayatollah Khamenei, confirmant ainsi l’alignement total du mouvement sur la politique iranienne.
Pourquoi cette nomination renforce l’influence iranienne au Liban ?
L’Iran, à travers son réseau d’alliances régionales, cherche à renforcer son contrôle stratégique sur plusieurs territoires du Moyen-Orient, notamment la Syrie, l’Irak, le Yémen et le Liban. Avec cette nomination, Khamenei envoie un message clair :
- Un lien direct entre Téhéran et Beyrouth
- Naim Qassem n’est plus seulement le chef du Hezbollah, mais l’émissaire officiel de Khamenei au Liban. Cela signifie un renforcement des décisions stratégiques prises directement à Téhéran.
- Une meilleure gestion des financements et des dons religieux
- Les représentants de l’ayatollah ont également un rôle économique, collectant des fonds religieux, notamment via le khoms (impôt islamique). Cette source de financement pourrait être directement redistribuée au Hezbollah, renforçant sa capacité financière.
- Un contrôle accru sur les affaires chiites au Liban
- En devenant l’interlocuteur religieux officiel de Khamenei, Qassem aura une influence directe sur les institutions chiites libanaises, leur politique et leur enseignement religieux.
- Une riposte coordonnée contre Israël et les États-Unis
- Ce rôle de représentant pourrait permettre à l’Iran de mieux coordonner les actions militaires du Hezbollah en fonction des besoins stratégiques iraniens.
Des implications régionales et internationales majeures
1. Israël voit cette nomination comme une menace directe
Le gouvernement israélien a immédiatement réagi. Yoav Gallant, ministre de la Défense, a déclaré que « cette nomination ne changera rien, Naim Qassem connaîtra le même sort que ses prédécesseurs ». Cela suggère que de nouvelles frappes israéliennes contre le Hezbollah pourraient être planifiées.
2. Les États-Unis renforcent leur pression sur le Liban
Washington considère le Hezbollah comme une organisation terroriste et a annoncé de nouvelles sanctions contre ses membres. Un haut responsable du département d’État a déclaré que « les liens du Hezbollah avec l’Iran mettent en péril la souveraineté libanaise ».
3. Le Liban toujours plus divisé politiquement
Cette nomination divise encore plus la politique libanaise, où le Hezbollah est contesté par une partie de la population.
Camps politiques | Position sur le Hezbollah |
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Courant du Futur (Hariri) | Opposé au Hezbollah et à l’influence iranienne |
Forces Libanaises (Geagea) | Considère le Hezbollah comme une menace pour le Liban |
Mouvement Amal (Berri) | Partenaire du Hezbollah, mais prudent sur l’allégeance à l’Iran |
CPL (Bassil) | Position ambivalente : coopération politique mais tensions internes |
Une cérémonie funéraire sous haute tension
Le Hezbollah prévoit d’organiser le 23 février 2025 une cérémonie publique pour honorer Hassan Nasrallah et Sayyed Hashem Safieddine. Initialement retardée pour des raisons de sécurité, cette commémoration sera un test majeur pour Naim Qassem.
Des milliers de partisans sont attendus, mais le risque d’une frappe israélienne ou d’un attentat ciblé reste élevé.
Vers un nouveau cycle de tensions ?
Avec Naim Qassem à la tête du Hezbollah et en tant que représentant officiel de Khamenei, le Liban s’enfonce encore davantage dans les luttes d’influence régionales. Alors que l’État libanais est en crise économique et politique, cette nomination accentue les divisions internes et les tensions avec Israël.
Si cette stratégie iranienne vise à stabiliser le Hezbollah après la perte de ses figures historiques, elle accroît les risques d’un conflit direct. La question désormais est de savoir si Israël frappera à nouveau ou si un nouvel équilibre de pouvoir pourra être trouvé.