La production de vin au Liban connaît une progression notable ces dernières années. Les chiffres confirment que la production annuelle a atteint environ 11 millions de litres, contre 5 millions il y a une décennie. Le secteur s’affirme ainsi comme l’un des rares domaines économiques libanais en croissance continue, dans un contexte général de ralentissement.
Le nombre de producteurs enregistrés auprès du ministère de l’Agriculture est également en hausse. En 2000, le pays comptait à peine 8 à 10 entreprises actives dans la vinification. Aujourd’hui, 80 producteurs opèrent dans différentes régions viticoles, notamment dans la Bekaa, Batroun et Jezzine. Ce dynamisme est partiellement lié aux efforts de l’Institut de la Vigne et du Vin du Liban, qui a récemment reconduit son président pour un nouveau mandat.
Sur le plan économique, le secteur du vin génère environ 44 millions de dollars de recettes annuelles. La moitié de la production est destinée à l’exportation, permettant aux vins libanais de se positionner dans environ 30 pays, dont la France, les États-Unis et le Royaume-Uni. Les exportations soutiennent la visibilité internationale des vins libanais, mais représentent aussi une source essentielle de devises pour un pays en crise monétaire chronique.
La structure institutionnelle du secteur demeure atypique : l’Institut de la Vigne et du Vin regroupe à la fois des acteurs privés élus par leurs pairs et des représentants des ministères de l’Agriculture, de l’Industrie et de l’Économie. Cette spécificité est souvent citée par les producteurs comme un levier efficace pour garantir la qualité et la compétitivité du vin libanais face aux standards internationaux.
Cependant, les défis persistent. Les coûts de production ont augmenté du fait de l’inflation et des difficultés d’importation des matières premières, tandis que les infrastructures locales souffrent d’un sous-investissement chronique. Malgré ces obstacles, l’adaptation des vignerons et la reconnaissance croissante à l’international augurent d’une poursuite du développement du secteur.
Les initiatives pour moderniser les techniques de culture, renforcer le marketing à l’étranger et diversifier les cépages commencent à porter leurs fruits. De nouveaux marchés, notamment en Asie et en Afrique, suscitent l’intérêt des producteurs. Selon les projections du ministère de l’Agriculture, le nombre de producteurs pourrait encore augmenter de 10 % d’ici trois ans, soutenu par un plan de promotion viticole nationale présenté lors du dernier congrès de l’industrie.
Dans ce contexte de reprise sélective, le secteur du vin libanais apparaît comme un modèle de résilience. Il démontre qu’avec des structures mixtes, une stratégie d’exportation ciblée et une valorisation du terroir, le Liban peut préserver et développer des filières compétitives à l’échelle internationale, malgré les crises successives.
