Israël a annoncé dimanche la coupure totale de l’électricité alimentant la bande de Gaza, une mesure visant à accentuer la pression sur le Hamas pour obtenir la libération des otages encore détenus. Cette décision intervient dans un contexte où les négociations entre les deux parties sont dans l’impasse, alors que les tensions restent élevées après plusieurs mois de conflit.
Le Hamas a immédiatement réagi en dénonçant une forme de « chantage inacceptable », accusant Israël d’utiliser l’électricité comme une arme contre la population palestinienne. L’organisation islamiste estime que cette nouvelle sanction israélienne aggrave encore davantage une situation humanitaire déjà critique, marquée par un manque criant d’eau potable, de médicaments et de nourriture.
Une nouvelle mesure de pression israélienne pour obtenir la libération des otages
La décision de couper l’électricité à Gaza s’inscrit dans la stratégie israélienne visant à contraindre le Hamas à accélérer la libération des otages capturés lors des affrontements du 7 octobre 2023. À ce jour, 58 otages israélienssont toujours détenus dans l’enclave palestinienne.
Le ministre israélien de l’Énergie, Eli Cohen, a justifié cette décision en affirmant qu’Israël utiliserait « tous les moyens disponibles pour obtenir la libération de ses citoyens ». L’objectif affiché est de mettre une pression économique et sociale sur le Hamas, dans l’espoir que cette situation pousse l’organisation à faire des concessions dans les négociations en cours.
Depuis la signature de la trêve le 19 janvier 2025, un certain nombre d’otages ont été échangés contre la libération de 1 800 prisonniers palestiniens détenus en Israël. Mais après l’échec des pourparlers pour une prolongation de la trêve début mars, les tensions sont remontées, et le gouvernement israélien a décidé d’appliquer de nouvelles mesures de rétorsion contre le Hamas.
Des conséquences immédiates sur les infrastructures vitales de Gaza
Cette coupure d’électricité a des conséquences directes sur les infrastructures essentielles de Gaza, en particulier sur les hôpitaux et les installations de traitement de l’eau. L’une des principales usines de dessalement, qui fournit de l’eau potable à une partie significative de la population, a dû suspendre ses activités, aggravant la pénurie d’eau déjà alarmante.
Dans plusieurs quartiers de la bande de Gaza, les habitants se retrouvent plongés dans l’obscurité et doivent recourir à des générateurs, dont le carburant commence à manquer en raison des restrictions imposées par Israël sur les importations. Les hôpitaux fonctionnent en mode dégradé, certains devant reporter des interventions chirurgicales faute d’électricité suffisante pour faire fonctionner les équipements médicaux.
Des humanitaires présents sur place alertent sur les risques d’une catastrophe humanitaire si cette coupure d’électricité venait à se prolonger. Déjà privé d’eau et de médicaments depuis des semaines, Gaza pourrait se retrouver dans une situation encore plus dramatique, avec des conséquences potentiellement irréversibles sur la population civile.
Le Hamas dénonce un « chantage inacceptable »
Le Hamas a immédiatement condamné cette nouvelle sanction israélienne, l’accusant d’utiliser des moyens de pression illégaux contre la population civile.
Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré dans un communiqué que cette coupure d’électricité était une nouvelle tentative d’Israël de punir collectivement le peuple palestinien. Il accuse le gouvernement israélien de priver Gaza « de nourriture, de médicaments, d’eau et maintenant d’électricité », estimant qu’il s’agit d’une tentative désespérée d’affaiblir la résistance palestinienne.
Les responsables du Hamas ont également indiqué que cette nouvelle restriction n’influencerait en rien les décisions du mouvement, et que la seule façon d’obtenir la libération des otages était de répondre aux exigences du Hamas, notamment la fin du blocus et le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés.
Des négociations toujours dans l’impasse
Alors que la situation humanitaire se dégrade, les efforts diplomatiques pour trouver un accord entre Israël et le Hamas se poursuivent. Une délégation israélienne est attendue à Doha pour reprendre les négociations sous médiation qatarie, tandis que les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour débloquer la situation.
L’administration américaine, qui a récemment entamé des discussions directes avec le Hamas, tente de convaincre les deux parties de prolonger la trêve et d’accélérer les échanges d’otages. Mais jusqu’à présent, aucune percée majeure n’a été réalisée, et la méfiance reste forte entre les protagonistes.
Le Hamas insiste sur le fait qu’il ne relâchera les otages qu’en échange de garanties concrètes, notamment une levée du blocus et un engagement israélien à ne pas reprendre ses offensives militaires. Israël, de son côté, refuse de répondre à ces exigences, considérant que toute concession serait un encouragement pour le Hamas à poursuivre ses actions violentes.
Les critiques internationales se multiplient
Cette nouvelle coupure d’électricité a suscité de nombreuses réactions internationales, notamment de la part des Nations Unies et d’organisations humanitaires.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a dénoncé une aggravation de la crise humanitaire à Gaza et a exhorté Israël à respecter les obligations du droit international, qui interdit les punitions collectives contre des populations civiles.
Plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont également exprimé leur inquiétude face à cette nouvelle sanction israélienne, appelant à une reprise des négociations sans conditions préalables.
Aux États-Unis, des voix critiques commencent à émerger, y compris au sein du Parti démocrate, certains élus estimant que les actions d’Israël mettent en danger les efforts diplomatiques en cours.
Une situation qui reste explosive
Alors que le blocus s’intensifie et que la pression monte sur le Hamas, les risques d’une reprise des hostilités restent élevés. Des sources militaires israéliennes ont indiqué qu’une nouvelle opération militaire pourrait être lancée à Gaza si aucun progrès n’était réalisé dans les négociations d’ici la fin du mois.
Le Hamas, quant à lui, continue de renforcer ses positions et de mobiliser ses forces, affirmant qu’il ripostera à toute nouvelle attaque israélienne. Dans ce climat de tension extrême, toute erreur de calcul pourrait faire basculer la région dans une nouvelle escalade de violence, avec des conséquences dévastatrices pour la population civile.
