Élections municipales 2025 : configurations locales et mobilisation nationale partielle
Les élections municipales du Mont-Liban tenues le 4 mai 2025 ont représenté le premier test électoral d’envergure depuis les législatives de 2022. Enregistrant un taux de participation régional de 44,59 %, elles ont mis en évidence des dynamiques territoriales contrastées, un affaiblissement global des partis traditionnels, et une montée des listes indépendantes dans les zones urbaines ou en déconnexion des appareils politiques. Le Courant patriotique libre (CPL), les Forces libanaises (FL), les Kataëb et les formations druzes ont tenté de maintenir leur emprise locale, avec des succès inégaux. Ces élections ont permis d’identifier des comportements électoraux susceptibles d’éclairer les stratégies en cours pour les législatives prévues en 2026.
Taux de participation et stabilité des bases partisanes
Dans les cazas de Koura (59,4 %) et Jbeil (56,7 %), la participation a dépassé les 55 %, signe d’une mobilisation communautaire forte. Ces régions sont marquées par des rapports de force traditionnels entre formations chrétiennes, avec une structure de vote relativement stable. À l’inverse, dans les zones comme Metn (37,91 %) et Baabda (38,29 %), la faiblesse du taux de participation indique une fatigue électorale ou une perte de repères politiques chez les électeurs. Le CPL a su mobiliser sa base dans les zones périphériques comme Mansourieh ou Baabda-Ville, mais a échoué à s’imposer dans les centres urbains. Les FL, quant à elles, ont préservé leurs positions à Deir el Qamar ou Shweir, mais ont vu leur base se fragmenter dans le Kesrouan et le Metn.
Émergence d’un vote indépendant organisé : implications législatives
Les listes indépendantes ont conquis environ 180 à 200 sièges dans les conseils municipaux du Mont-Liban. À Dbayeh, Rmeileh, Zahlé, Antelias ou Naameh, les électeurs ont majoritairement opté pour des profils sans affiliation partisane. Ce phénomène pourrait influencer le comportement des électeurs en 2026, notamment dans les circonscriptions à fort potentiel d’abstention ou historiquement disputées. Le fait que plusieurs candidats indépendants aient été soutenus par des collectifs communautaires ou professionnels renforce la probabilité d’une structuration d’un pôle alternatif lors des prochaines législatives, en particulier dans les districts de Baabda, Metn et Aley.
Stratégies différenciées des blocs politiques nationaux
Le CPL a adopté une approche de reterritorialisation en s’appuyant sur des alliances de notables, des réseaux d’associations paroissiales et des profils techniques. Cette stratégie pourrait servir de socle pour les législatives, mais reste dépendante de la capacité du parti à fédérer au-delà du vote identitaire maronite. Les FL ont tenté une approche duale, entre listes partisanes officielles et soutien à des coalitions locales. L’efficacité de cette tactique est limitée par l’érosion du vote idéologique et la dispersion de la base. Le PSP, dans les bastions druzes, a opté pour une stratégie d’unité ou de retrait, maintenant une stabilité électorale qui pourrait être reconduite lors des législatives. Les Kataëb ont conservé des positions secondaires dans les alliances locales, notamment à Jbeil et Metn, mais sans dynamique propre mesurable.
Cartographie des bastions confirmés et zones en recomposition
Bastions stabilisés :
CPL : Mansourieh, Choueifat, Baabda périphérique
FL : Deir el Qamar, Shweir, Dhour El Choueir partiellement
PSP : Aley, Barouk, Bchamoun
Kataëb : Bickfaya, Zouk Mosbeh (en coalition)
Indépendants dominants : Rmeileh, Antelias, Zahlé, Dbayeh
Zones en recomposition : Jbeil, Jdeideh, Metn central, Ain Dara, Naameh
Les législatives de 2026 se joueront en grande partie dans les zones mixtes où aucun parti n’a confirmé de domination municipale, et dans lesquelles les listes indépendantes ont gagné du terrain sur la base de programmes de gestion ou d’urbanisme.
Données socio-politiques sur les candidats élus
Âge moyen des élus municipaux partisans : 47 ans
Âge moyen des élus indépendants : 39 ans
Taux de réélection : 34 % dans les partis, 12 % chez les indépendants
Proportion d’élus femmes : 11 % (FL), 9 % (CPL), 27 % (indépendants)
Les différences générationnelles et de profil entre les élus issus des partis et ceux issus de listes indépendantes sont susceptibles d’avoir un impact sur la composition des listes de 2026.
