Samir Geagea, chef des Forces libanaises, est l’une des figures politiques les plus polarisantes du Liban. Leader charismatique pour ses partisans et figure controversée pour ses adversaires, il se présente une nouvelle fois comme un prétendant sérieux à la présidence dans un contexte de crise profonde.
Un parcours marqué par la guerre civile
Samir Geagea est un acteur clé de l’histoire récente du Liban. Né en 1952, il rejoint les milices des Forces libanaises (FL) pendant la guerre civile (1975-1990), où il joue un rôle de premier plan en tant que chef militaire. Après la guerre, il se replie sur la politique et transforme les FL en un parti politique, tout en faisant face à de nombreuses accusations et condamnations liées à son passé de guerre.
Emprisonné de 1994 à 2005 pour son implication présumée dans plusieurs crimes politiques, il est libéré à la suite du retrait syrien du Liban. Cette période de détention lui a permis de consolider son image de leader intransigeant et résilient parmi ses partisans, mais elle continue de diviser l’opinion publique.
Un candidat pour un Liban souverain
Samir Geagea se présente comme un défenseur de la souveraineté libanaise, s’opposant fermement à l’influence du Hezbollah et de ses alliés régionaux, notamment l’Iran. Son discours politique met l’accent sur la nécessité de renforcer les institutions étatiques et de limiter le rôle des acteurs armés non étatiques.
Pour ses partisans, Geagea incarne la fermeté et la clarté dans un paysage politique souvent marqué par l’ambiguïté. Ses détracteurs, cependant, le considèrent comme une figure conflictuelle, incapable de rassembler un consensus national.
Un soutien communautaire fort, mais limité
Le soutien de Samir Geagea repose principalement sur sa base chrétienne maronite, en particulier dans les bastions traditionnels des Forces libanaises, comme le Mont-Liban. Cependant, ce soutien, bien que solide, est limité par sa relation conflictuelle avec d’autres figures chrétiennes influentes, notamment Gebran Bassil du Courant patriotique libre.
Cette rivalité au sein même du camp chrétien complique ses chances d’être perçu comme un candidat fédérateur, dans un pays où les équilibres communautaires sont cruciaux pour accéder à la présidence.
Les critiques sur son passé militaire
Le passé militaire de Geagea reste un sujet de controverse majeur. Ses adversaires rappellent régulièrement les événements violents auxquels il a été associé pendant la guerre civile, alimentant des craintes sur sa capacité à incarner un président rassembleur.
Geagea, pour sa part, affirme avoir tourné la page de cette période et insiste sur son engagement en faveur de la démocratie et de l’État de droit. Toutefois, cette réhabilitation politique reste partielle dans une société où les souvenirs de la guerre civile sont encore très présents.
Les défis d’une éventuelle présidence
Si Samir Geagea accède à la présidence, il devra surmonter plusieurs obstacles majeurs :
- Rassembler les factions politiques : En tant que figure polarisante, il devra travailler à bâtir un consensus avec ses adversaires, notamment au sein du camp chrétien.
- Confronter le Hezbollah : Sa présidence pourrait accentuer les tensions avec le Hezbollah, posant un risque de blocage institutionnel ou de nouvelles crises politiques.
- Relancer l’économie : Comme tous les candidats, il sera jugé sur sa capacité à engager des réformes structurelles pour sortir le Liban de son effondrement économique.
Un leader controversé dans un contexte fragile
Samir Geagea est une figure incontournable de la politique libanaise, mais son profil polarisant pourrait limiter sa capacité à incarner un président capable de rassembler un pays divisé. Pour ses partisans, il est le seul à pouvoir affronter les défis posés par le Hezbollah et les ingérences extérieures. Pour ses adversaires, il reste une figure trop marquée par son passé militaire pour pouvoir représenter l’ensemble des Libanais.
