Alida Torbay, artiste vénézuélo-libanaise multidisciplinaire, donne à voir à l’Institut Cervantes de Beyrouth, une exposition intitulée « Caminante ». Inspirée du poème « Caminante » d’Antonio Machado, elle célèbre le voyage de l’individu à travers la vie, incarnant l’idée que le chemin se crée en marchant.
« Caminante, no hay camino, se hace camino al andar » (« Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant »), ces mots de Machado interpellent Alida Torbay et l’inspirent à entreprendre un voyage artistique qui explore la nature même de l’existence. Elle dévoile une œuvre, miroir d’une introspection sur l’évolution du monde. Alida puise au sein de ses propres voyages à travers le monde, ainsi que des expériences et des rencontres qui ont jalonné son chemin, nous invitant par là même à nous interroger sur notre propre cheminement à travers la vie. L’exposition, présente un mélange captivant de sculptures en bronze et d’installations qui symbolisent la nature dynamique du voyage.
Pour Alida Torbay, « le chemin n’existe pas, c’est une fiction, une succession de vécus et d’expériences qui forment l’être. Tout en étant intensément envoûté, possédé par nos vécus, nous ne cessons pas de savoir que nous sommes dans un fauteuil à contempler un spectacle imaginaire ».
Le public est accueilli déjà à l’entrée par « Caminante », une sculpture en bronze accompagnée de six autres en résine, toutes représentant des pas géants, illustrant visuellement la progression constante de l’individu à travers le monde. Trois statues en bronze occupent le jardin, chacune avec sa propre connotation. L’une d’elles, une représentation en position assise sur un banc avec une valise ouverte, symbolise l’installation permanente dans le pays. À côté, « La Fille aux Ballons » incarne le rêve et la légèreté, tandis que « La Fille au Masque » rappelle la dualité de notre identité, représentée par les masques que nous portons tout au long de notre vie.
À l’intérieur, les visiteurs découvrent un assortiment de 20 sculptures anciennes et nouvelles, dont trois se distinguent par leur importance particulière. « Le Marcheur aux Masques », porteur d’une vidéo dans son ventre, explore la complexité de notre identité façonnée par les masques que nous arborons. Deux mariées, l’une en blanc et l’autre en noir, reflètent respectivement la décomposition de la nature, la revendication à la différence et la lutte pour la liberté face aux défis de notre époque, aux dogmes religieux, aux démocraties en péril, aux nouvelles dictatures en tout genre et à la technologie non humaniste. Alida Torbay adopte une démarche visant à rappeler que les démocraties et les libertés sont fortement menacées si on ne les défend pas.
« Caminante » est bien plus qu’une simple exposition d’art ; c’est une véritable odyssée artistique qui transporte le spectateur à travers les émotions et les expériences qui ont marqué la vie de l’artiste, une exploration visuelle et sensorielle. À travers une série de sculptures en bronze, d’installations immersives et de vidéos évocatrices, elle nous guide dans un voyage introspectif, nous invitant à réfléchir sur notre propre chemin de vie.
Au cœur de « Caminante » se trouvent des thèmes universels tels que l’identité, le passage du temps, la liberté et la condition humaine. À partir des mots intemporels de Machado, Alida Torbay s’emploie à explorer l’âme humaine, nous invite à contempler notre propre existence avec un regard neuf et ouvert mais surtout nous appelle à l’action : une invitation à réfléchir sur notre place dans le monde et sur les valeurs qui nous animent. Dans un monde en perpétuel mouvement, où les certitudes semblent s’effriter et où les repères traditionnels sont remis en question, « Caminante » offre un espace de réflexion et de contemplation, une opportunité de se reconnecter avec ce qui est essentiel et authentique dans nos vies à travers un voyage artistique qui éveillera les sens et nourrit l’esprit.
Cette exposition immersive multimédias réalisée en collaboration avec l’Institut Cervantes de Beyrouth et dirigée par Madame Yolanda Soler Onis, directrice de l’Institut, offre une réflexion profonde sur la condition humaine et les défis contemporains auxquels nous sommes confrontés.
L’exposition se poursuit jusqu’au 27 juin à l’Institut Cervantes de Beyrouth, puis se déplace à l’Institut Cervantes de Tripoli, pour être ensuite présentée au musée « MACAM » à Alita, Jbeil.
Sur l’Artiste
Alida Torbay, née le 4 novembre 1958 au Liban, apporte à son travail toute la richesse de son parcours. Elle a fait chemin dans plusieurs domaines tels que le droit, la bioéthique, la philosophie et l’entreprenariat. Son expérience artistique a débuté dans les années 2000 au Venezuela, où elle a étudié la sculpture au Musée d’Art Contemporain de Caracas et participé à plusieurs expositions collectives. C’est là-bas qu’elle se découvre une passion pour l’art sculptural, explore les techniques et les expressions artistiques qui vont forger l’empreinte de son œuvre future. Son travail dissèque les thèmes de l’identité, de la liberté et de la condition humaine. Son art est le résultat de ses réflexions profondes et de son engagement artistique envers la beauté et la vérité. « L’humanité peut devenir le copilote de la nature – c’est la « voie nouvelle » qui commence par une prise de conscience des défis et des périls qui sont les nôtres. « Je ne crois pas à un effondrement généralisé des civilisations mais plutôt à divers effondrements et à des catastrophes multiples. » avertit- elle. Elle aborde également la possibilité d’un avenir technoscientifique prodigieux, mais aussi d’un désastre humain généralisé, mettant en garde contre l’exploitation et la domination et ses dérives.
Lieu : Institut Cervantes de Beyrouth, Beirut Digital District
+961 1 630 755
Dates : Du Jeudi 9 Mai au Jeudi 27 Juin 2024
Horaires d’ouverture :
Du Lundi au Jeudi de 9h30 à 20h30
Vendredi et Samedi de 9h30 à 13h30