Le 18 mai 2025, à l’occasion de la Journée internationale des musées, les citoyens libanais ainsi que les visiteurs étrangers auront accès gratuitement à plusieurs sites patrimoniaux majeurs, dont le Musée national de Beyrouth et le palais de Beiteddine. Cette décision, officialisée par le ministre de la Culture Ghassan Salamé, s’inscrit dans une démarche globale de valorisation du patrimoine culturel libanais et de sensibilisation du public à l’importance des institutions muséales dans le développement social.
Un accès libre pour célébrer la culture
La gratuité des musées à cette date particulière fait écho à l’appel du Conseil international des musées (ICOM), qui organise chaque année la Journée internationale des musées au mois de mai. L’objectif de cette célébration mondiale est double : rendre la culture accessible au plus grand nombre et rappeler le rôle fondamental des musées dans la préservation de la mémoire collective.
Le ministère de la Culture a annoncé que l’ensemble des visiteurs seront exemptés de frais d’entrée au Musée national, aux musées d’État ainsi qu’au palais de Beiteddine, emblème architectural du Chouf, transformé en musée et centre culturel. Cette mesure vise à « encourager les citoyens à renouer avec leur héritage culturel et à renforcer leur sentiment d’appartenance », selon le communiqué officiel du ministère publié le 16 mai 2025.
Une initiative alignée avec les objectifs de l’ICOM
L’édition 2025 de la Journée internationale des musées est placée sous le thème « Musées pour l’éducation et la recherche », selon les directives de l’ICOM. L’organisation, fondée en 1946 et affiliée à l’UNESCO, souligne dans son programme annuel le rôle des musées dans la diffusion du savoir, notamment en période de crises sociales, économiques ou environnementales.
En permettant un accès gratuit aux principaux musées du pays, le Liban s’inscrit dans ce mouvement international. Le ministère de la Culture entend faire de cette journée un levier pour « relancer l’intérêt du public, notamment des jeunes générations, pour l’histoire, l’art et les valeurs humanistes que les musées transmettent ».
Une opportunité pour les familles et les écoles
Le 18 mai étant un dimanche, cette ouverture gratuite est particulièrement adaptée aux sorties familiales et aux visites scolaires. Les établissements éducatifs, qui ont été informés en amont par la direction générale des antiquités, sont invités à organiser des sorties pédagogiques pour permettre aux élèves de découvrir leur patrimoine dans un cadre stimulant.
Selon un rapport publié en 2024 par l’Institut libanais de recherche pédagogique, moins de 12 % des élèves libanais ont visité un musée dans les deux dernières années, principalement en raison du coût et du manque de programmes éducatifs accessibles. Cette journée gratuite représente donc une chance unique pour renverser cette tendance et reconnecter les jeunes à leur histoire.
Le Musée national de Beyrouth : une référence incontournable
Situé au cœur de la capitale, le Musée national de Beyrouth abrite une des plus riches collections archéologiques du Moyen-Orient. Inauguré en 1942, il a traversé des décennies de troubles, notamment pendant la guerre civile (1975-1990), avant d’être restauré et modernisé à partir des années 2000.
Parmi les pièces maîtresses de sa collection figurent le sarcophage du roi Ahiram de Byblos, daté du Xe siècle av. J.-C., des mosaïques byzantines, des fresques funéraires phéniciennes, ainsi qu’un ensemble exceptionnel de statues romaines découvertes à Baalbek.
Le 18 mai, l’établissement proposera, en plus de la visite libre, des visites guidées gratuites assurées par des experts en archéologie et en histoire de l’art. Ces visites s’adresseront aussi bien aux néophytes qu’aux connaisseurs.
Le palais de Beiteddine : entre patrimoine ottoman et modernité
Construit entre 1788 et 1818 par l’émir Bechir II, le palais de Beiteddine est un exemple majeur de l’architecture libanaise ottomane. Situé dans les montagnes du Chouf, ce complexe monumental offre aux visiteurs une immersion dans l’histoire politique, sociale et artistique du Liban.
Aujourd’hui transformé en musée, il accueille une collection d’objets artisanaux, de meubles anciens, de mosaïques byzantines et d’art contemporain. Il sert également de cadre à de nombreux événements culturels, dont le Festival de Beiteddine, qui attire chaque été des artistes internationaux.
La gratuité de l’accès le 18 mai permettra aux Libanais de redécouvrir ce lieu emblématique, souvent réservé à une élite culturelle ou touristique.
Encourager une fréquentation durable des musées
La gratuité ponctuelle ne constitue qu’un volet de la stratégie du ministère de la Culture. D’autres mesures sont à l’étude pour stimuler la fréquentation régulière des musées, notamment des partenariats avec les écoles, la digitalisation des expositions, ou encore l’ouverture de musées régionaux dans des zones peu desservies.
En 2023, le Liban comptait officiellement 16 musées reconnus par l’État, dont seulement six enregistrent plus de 10 000 visiteurs par an, selon les chiffres du ministère. En comparaison, les musées publics d’un pays voisin comme la Jordanie accueillent en moyenne 40 000 visiteurs annuels, selon le Département jordanien des antiquités.
Cette journée gratuite vise donc aussi à alerter sur le sous-financement du secteur muséal et à mobiliser la société civile autour de la préservation du patrimoine.
Un appel à la conscience collective
L’événement du 18 mai ne se limite pas à une simple opération promotionnelle. Il s’agit d’un appel plus large à la conscience culturelle. Dans un contexte où le Liban est confronté à des défis économiques, politiques et sociaux majeurs, redécouvrir son patrimoine peut constituer un acte de résilience collective.
Comme le souligne Ghassan Salamé : « Nos musées sont les témoins de ce que nous avons été, mais aussi des piliers de ce que nous pouvons devenir. Ils sont un outil d’éducation, de dialogue et de paix ».
La réussite de cette journée reposera sur l’engagement des citoyens à se réapproprier leur culture et à reconnaître les musées comme des lieux vivants, utiles et indispensables.
