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Au Vatican, le pouvoir du pape ne repose ni sur une armée, ni sur un trésor, ni sur une constitution nationale. Il s’exerce à travers une autorité morale, doctrinale et spirituelle, incarnée dans des symboles pluriséculaires, riches de sens. Certains, comme la tiare ou le trône, sont devenus symboliques ; d’autres, comme l’anneau du Pêcheur ou la férule papale, sont encore en usage. À travers eux, l’Église exprime sa continuité, sa mémoire et la mission singulière confiée à l’évêque de Rome.
L’anneau du Pêcheur : sceau et fin de règne
L’anneau du Pêcheur est sans doute le symbole le plus emblématique de l’autorité papale. Il représente saint Pierre tirant les filets, en référence à sa vocation originelle de pêcheur devenu pêcheur d’hommes. Chaque pape possède son propre anneau, forgé spécialement après son élection. Cet anneau n’est pas qu’un bijou : il servait historiquement à sceller les documents officiels. Dès l’annonce de la mort du pape, l’anneau est solennellement brisé par le Camerlingue devant les cardinaux. Ce geste marque la fin du pontificat et la vacance du pouvoir. Il incarne à lui seul l’alliance entre pouvoir et humilité, entre responsabilité individuelle et autorité transmise.
La férule papale : le bâton du pasteur
La férule est le bâton pastoral du pape. Elle est différente de la crosse des évêques : elle porte une croix, souvent en métal, et symbolise la mission du pape comme pasteur universel de l’Église. Elle est utilisée lors des grandes célébrations liturgiques, notamment à Noël, Pâques ou durant les canonisations. Chaque pape peut adopter une férule de style différent. Jean-Paul II avait choisi une férule en argent stylisé, François utilise une version plus simple, souvent en bois ou en argent sobre. Ce bâton est un symbole de direction, mais aussi de service, à l’image du Christ bon berger.
Le pallium : autorité et communion
Le pallium est une étole en laine blanche, marquée de croix noires, portée sur les épaules du pape. Il est confectionné à partir de la laine de deux agneaux bénis à Rome chaque 21 janvier, jour de sainte Agnès. Le pallium est le signe de juridiction universelle du pape sur toute l’Église catholique latine. Il est également remis aux archevêques métropolitains lors d’une célébration à Rome, comme signe de communion avec le Saint-Siège. Ce vêtement liturgique, simple en apparence, exprime une réalité canonique forte : l’autorité de Pierre, transmise par l’Église.
La tiare : triple pouvoir aujourd’hui abandonné
La tiare papale est un couvre-chef à trois couronnes superposées, utilisée jusqu’en 1963. Elle symbolisait le triple pouvoir du pape : enseigner, gouverner, sanctifier. Elle fut abandonnée par Paul VI, qui la déposa symboliquement sur l’autel de la basilique Saint-Pierre comme signe de renoncement à la pompe temporelle. Depuis, aucun pape ne l’a portée, même si elle reste présente sur les armoiries de nombreux pontificats passés. Jean-Paul Ier, Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont tous refusé de la rétablir. Son abandon est une rupture avec la papauté monarchique et un geste fort de dépouillement spirituel.
La soutane blanche : signe d’unité et d’humilité
La soutane blanche est devenue l’uniforme officiel du pape depuis Pie V (1566–1572), un dominicain qui refusa de quitter son habit religieux après son élection. Depuis, tous ses successeurs ont conservé cette couleur, qui distingue le pape du reste du clergé. Elle incarne la pureté, l’unité et la simplicité. Le pape ne porte pas de chasuble particulière lors des messes, si ce n’est celle des autres évêques. La blancheur de la soutane suffit à marquer sa fonction. François a poussé cette sobriété plus loin, renonçant aux mocassins rouges, à l’hermine, ou à la mozzetta brodée. Il a fait de cette simplicité une forme de témoignage.
Le trône de Pierre : autorité sans pouvoir temporel
Contrairement à ce que son nom suggère, le “trône de Pierre” n’est pas un siège en or. Il s’agit d’un symbole théologique : celui de la chaire magistérielle depuis laquelle le pape enseigne. Lors des célébrations, le pape peut être assis sur une cathèdre, mais cela n’a rien d’un trône royal. L’expression “siège de Pierre” désigne juridiquement le Saint-Siège, entité souveraine reconnue dans le droit international. Elle incarne la continuité apostolique depuis saint Pierre jusqu’au pape régnant. Le trône est donc un signe de responsabilité doctrinale plus que de pouvoir absolu.
