Conclave 2025 : un collège électoral aux équilibres redessinés

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Alors que le Siège apostolique est officiellement vacant depuis la mort du pape François le 21 avril 2025, le collège des cardinaux électeurs s’apprête à entrer en conclave pour désigner son successeur. Comme le prévoit la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, seuls les cardinaux de moins de 80 ans sont habilités à voter. Ils seront 135, répartis sur les cinq continents, reflétant un équilibre géographique de plus en plus diversifié. Ce corps électoral, bien que toujours majoritairement européen, montre l’influence croissante des Églises du Sud global.

Europe : un poids encore dominant

Avec 53 cardinaux électeurs, l’Europe reste de loin le bloc le plus important du conclave. Près de 40 % des votants viennent du Vieux Continent, ce qui garantit un certain poids aux cardinaux européens, notamment italiens. L’Italie à elle seule compte 20 à 23 électeurs. Cette surreprésentation historique est un héritage de la centralité romaine dans la structure ecclésiale, mais elle est régulièrement critiquée pour ne pas refléter la réalité démographique du catholicisme mondial, désormais largement extra-européen.

Amérique du Nord : un bastion d’influence discrète

Avec 20 cardinaux électeurs, l’Amérique du Nord – incluant les États-Unis et le Canada – dispose d’un bloc stratégique. Les cardinaux américains forment un réseau influent, bien que peu homogène : conservateurs, modérés et pragmatiques s’y côtoient. Washington, Boston, Toronto ou Chicago pèsent lourd dans les négociations d’alliances durant le conclave. Ils sont très présents dans les commissions économiques de la Curie et souvent actifs dans les échanges diplomatiques, notamment sur les questions bioéthiques, la liberté religieuse et les enjeux éducatifs.

Amérique du Sud : une dynamique post-François

Le continent latino-américain, terre natale du pape François, aligne 17 cardinaux électeurs. Si le pontificat de Jorge Mario Bergoglio a mis en lumière l’Amérique du Sud, l’après-François soulève des interrogations. Les cardinaux brésiliens, argentins, colombiens et péruviens forment un groupe disparate, tiraillé entre progressisme pastoral et rigueur doctrinale. Certains analystes y voient une zone de bascule : ni assez nombreuse pour imposer un candidat, mais décisive pour faire pencher une majorité.

Afrique : la croissance démographique se traduit

Avec 18 cardinaux électeurs, l’Afrique s’affirme comme un acteur croissant du collège électoral. Les Églises africaines, en forte expansion, surtout au Nigéria, en RDC, au Kenya et en Côte d’Ivoire, portent un catholicisme jeune, fervent et souvent socialement conservateur. Ce bloc est courtisé par plusieurs tendances en vue du vote : tant les partisans de la réforme modérée que les défenseurs de la tradition y cherchent des appuis. L’Afrique pourrait également imposer un pape “surprise”, comme cela avait été suggéré en 2005 sans succès.

Asie : entre minorité et rayonnement discret

L’Asie compte 23 cardinaux électeurs, ce qui en fait l’un des blocs les plus équilibrés du conclave. De l’Inde aux Philippines en passant par le Japon, la Corée du Sud et le Sri Lanka, l’Asie catholique est hétérogène, mais présente. Le rayonnement intellectuel de certaines figures, comme le cardinal Luis Antonio Tagle, ancien archevêque de Manille, renforce cette présence. Les relations délicates avec la Chine, le poids croissant des Églises d’Asie du Sud, et la diplomatie interreligieuse sur le continent donnent à cette région une voix structurante dans l’avenir de l’Église.

Océanie : minoritaire mais symbolique

Avec 4 cardinaux électeurs, l’Océanie est peu représentée mais demeure un espace stratégique pour l’Église. Les cardinaux d’Australie et de Nouvelle-Zélande sont actifs sur les questions de gouvernance ecclésiale, de protection des mineurs et de relation Église-État. Leur influence dépasse leur nombre. Le cardinal George Pell, avant son décès, incarnait cette dynamique d’une voix forte venue des marges. Aujourd’hui encore, ce petit groupe pourrait peser dans un vote serré.

Une géographie du vote sous surveillance

Les alliances géographiques au sein du conclave ne sont pas figées. Si des blocs continentaux se dessinent, les affinités idéologiques, les réseaux curiaux et les enjeux de profil priment dans les discussions informelles. Néanmoins, cette répartition permet de cerner les marges de manœuvre des uns et des autres. L’Europe peut bloquer une majorité, mais ne peut plus imposer seule un pape. Le Sud global, désormais majoritaire, pourrait incliner vers un pontificat plus représentatif de la réalité catholique mondiale.

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Newsdesk Libnanews
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