Dollars pour la dette : un appétit bancaire vorace
Avant la crise de 2019, le Liban affichait un PIB de 55 milliards USD et des remises diaspora de 7-8 milliards USD par an, une prospérité apparente masquant une mécanique destructrice. Les banques, tels des dealers, ont alimenté l’État en drogue financière – des emprunts publics massifs – plutôt que de pousser des réformes, provoquant un effet de crowding-out qui a asphyxié le secteur privé. Les actionnaires des banques, souvent politiciens ou leurs proches, ont profité de cette manne pour siphonner des dividendes, dopant une dette qui a explosé en défaut en 2020. Aujourd’hui, en février 2025, ces banques sont insolvables, leurs coffres vidés par des décennies de ce trafic, laissant une économie dollarisée et un PIB réduit à 22 milliards USD (2023) dans un chaos profond.
De la rente à la ruine : les banques contre le privé
L’effet de crowding-out survient quand les emprunts publics absorbent les ressources, privant le secteur privé de capitaux. Au Liban, les banques ont joué un rôle central, agissant comme des dealers pour un État accro, tandis que leurs actionnaires – souvent des figures politiques comme les clans Hariri, Mikati ou leurs alliés – en tiraient profit. Avant 2019, les remises diaspora (7-8 milliards USD/an) et les dépôts bancaires (170 milliards USD au total) étaient captées par les banques, qui prêtaient massivement à l’État via des obligations à 10-15 % de rendement – une drogue financière irrésistible. Ces fonds ont maintenu une parité artificielle de la livre libanaise à 1500 livres/USD et un déficit budgétaire chronique (10-15 % du PIB), évitant toute réforme douloureuse mais nécessaire.
Les actionnaires, souvent politiciens ou leurs proxys, touchaient des dividendes élevés – 10-12 % annuels sur ces obligations –, une rente qui les enrichissait pendant que l’économie productive s’effondrait. Le multiplicateur keynésien, à 0,3, traduit cette inefficacité : chaque dollar prêté à l’État générait 30 cents de PIB, gaspillé en salaires publics (30 % du budget, 500 000 employés pour 4 millions d’habitants) ou subventions mal ciblées (carburant : 2 milliards USD/an). Les banques, préférant cette drogue lucrative, ont laissé l’industrie (10 % du PIB en 2023 contre 20 % en 1970) et l’agriculture (5-6 %) dépérir, privées de crédits abordables.
Milliards détournés : un privé à sec
Avant 2019, les banques ont prêté 70 % des 170 milliards USD de dépôts à l’État ou à la Banque du Liban, détournant 5-6 milliards USD des remises annuelles vers cette drogue étatique. Les actionnaires-politiciens, via des conseils d’administration opaques (ex. Bank Audi, Blom Bank), empochaient des dividendes – des centaines de millions USD par an pour les grandes institutions. Si la moitié de ces fonds (3-4 milliards USD/an) avait été prêtée au privé – PME, agroalimentaire, tech –, avec un multiplicateur de 1,5, le PIB aurait pu croître de 5-10 % par an. Sur dix ans (2009-2019), cela équivaut à 20-40 milliards USD de richesse perdue, presque l’équivalent du PIB actuel, sacrifié par des banques et leurs actionnaires avides de dividendes.
L’impact est tangible. Une usine textile à Tripoli payait 20 % d’intérêt pour un prêt rare, quand les banques offraient 15 % garantis à l’État, assurant des profits aux actionnaires. Les fermiers de la Bekaa, sans crédits à moins de 25 %, voyaient leurs vergers stagner, plafonnant les exportations à 3 milliards USD (2023) contre un déficit commercial de 14,5 milliards USD. Les taux d’intérêt prohibitifs pour le privé – jusqu’à 25 % dans les années 2000 – ont tué l’investissement, les banquiers préférant la drogue facile de la dette publique pour gonfler leurs gains et ceux de leurs complices politiques.
Le piège libanais : une collusion fatale
Les banques, avec leurs actionnaires souvent issus de l’élite politique (familles Hariri, Mikati, ou alliés confessionnels), ont créé une addiction destructrice. En 2020, la dette publique a atteint 90 milliards USD (170 % du PIB), un défaut inévitable après des décennies de perfusion. Ces 70 milliards USD gelés en 2019, issus des dépôts et remises, ont été stérilisés dans des obligations, rapportant des dividendes aux actionnaires-politiciens – des figures comme Saad Hariri ou Najib Mikati, liés aux grandes banques, ont prospéré pendant que le pays sombrait. Plutôt que de pousser des réformes – réduction des salaires publics (500 000 employés, un ratio absurde), fin des subventions inutiles –, les banquiers dealers ont fourni leur drogue, et les actionnaires ont empoché les gains, laissant l’économie réelle s’effondrer.
Aujourd’hui, en février 2025, les banques sont insolvables, une chute brutale après leur rôle de dealers. Pourquoi ? Leur actif était dominé par des obligations d’État (60-70 %), devenues sans valeur après le défaut. Les 70 milliards USD de dépôts gelés sont irrécupérables, les créances sur l’État (plus de 40 milliards USD) restant impayées dans un pays sans liquidités. La dollarisation post-2019 a aggravé la crise : les clients ont fui, transférant 20-30 milliards USD à l’étranger depuis 2019, et les remises (5,7 milliards USD en 2025) passent par des circuits parallèles, privant les banques de flux entrants. Leur modèle, basé sur la drogue de la dette publique pour des dividendes, s’est écroulé quand l’État-junkie a cessé de payer, laissant les dealers sans clients ni réserves.