Le 9 janvier 2025, Joseph Aoun a prononcé un discours d’investiture qui a marqué les esprits. Élu président de la République après un long vide institutionnel, il a affirmé sa volonté de faire de l’armée le pilier de la stabilité nationale. En déclarant que « l’armée est le cœur de l’État, sa première ligne de défense et son garant de souveraineté », Aoun a tracé les grandes lignes d’un mandat axé sur la sécurité et l’unité nationale. Al Sharq Al Awsat (10 janvier 2025) qualifie ce discours de « moment fondateur » dans une période critique pour le Liban.
L’armée, une institution respectée mais sous pression
Joseph Aoun a dirigé l’armée libanaise pendant plusieurs années avant de devenir président. Son expérience militaire a façonné sa vision des priorités nationales. Dans un pays marqué par des divisions politiques profondes et la coexistence de milices armées, l’armée est l’une des rares institutions perçues comme neutres et dignes de confiance. Cependant, comme le souligne Ad Diyar (10 janvier 2025), l’armée fait face à des défis considérables, notamment des ressources financières limitées et une mission complexe consistant à maintenir l’ordre sans exacerber les tensions internes.
Le rôle de l’armée dans la lutte contre les menaces internes et externes
Dans son discours, Aoun a mis en avant la nécessité de renforcer l’armée pour qu’elle puisse protéger les frontières du pays et garantir sa sécurité intérieure. Il a évoqué les défis posés par les groupes armés non étatiques, les tensions avec Israël et l’instabilité régionale. Al Joumhouriyat (10 janvier 2025) rapporte que le président s’est engagé à intensifier les efforts pour sécuriser le sud du Liban, où la présence du Hezbollah continue de susciter des inquiétudes internationales.
Sur le plan intérieur, Aoun a souligné l’importance de l’armée dans la gestion des crises sociales et économiques. Il a promis d’investir dans des infrastructures militaires modernes et de renforcer les capacités opérationnelles des forces armées. Ces engagements visent à restaurer la confiance de la population dans l’État, qui a été largement érodée par des années de corruption et de mauvaise gouvernance.
Un enjeu de souveraineté nationale
La déclaration de Joseph Aoun selon laquelle « l’armée doit être le seul détenteur des armes légitimes » reflète un objectif ambitieux mais controversé. Dans un contexte où des groupes armés comme le Hezbollah jouent un rôle politique et militaire influent, cette vision soulève des interrogations. Al Quds (10 janvier 2025) note que cet engagement pourrait se heurter à des résistances internes, notamment de la part des blocs parlementaires alliés au Hezbollah.
Cependant, cette déclaration a été bien accueillie par les partenaires internationaux du Liban. Emmanuel Macron, cité par Al Sharq (10 janvier 2025), a salué cette promesse comme une étape cruciale pour renforcer la souveraineté de l’État. Joe Biden, pour sa part, a insisté sur le rôle de l’armée libanaise dans l’application des résolutions de l’ONU et la stabilisation régionale.
Un projet ambitieux mais coûteux
Le renforcement de l’armée nécessite des investissements significatifs dans un pays en crise économique. Avec une dette publique colossale et une inflation galopante, le Liban manque de ressources pour financer un tel projet. Al Liwa’(10 janvier 2025) souligne que la dépendance à l’aide internationale, notamment des États-Unis et de la France, sera essentielle pour atteindre cet objectif. Cependant, ces aides sont souvent conditionnées à des réformes structurelles que le Liban peine à mettre en œuvre.
Les critiques et défis politiques
Si l’accent mis par Joseph Aoun sur l’armée est salué par certains, il suscite également des critiques. Des opposants politiques ont exprimé des inquiétudes quant à une éventuelle « militarisation » de la présidence. Nahar (10 janvier 2025) rapporte que certains députés craignent que cette orientation n’exacerbe les tensions internes plutôt que de les apaiser.
Par ailleurs, la collaboration entre le président et le Parlement sera déterminante pour la réussite de ce projet. Aoun devra naviguer dans un paysage politique fragmenté, où les alliances sont souvent fragiles et dictées par des intérêts divergents.
Un espoir pour la jeunesse libanaise
Le président Aoun a également évoqué dans son discours l’importance de l’armée en tant qu’institution porteuse d’espoir pour la jeunesse libanaise. En offrant des opportunités d’emploi et de formation, l’armée peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté et le chômage. Al Bina’ (10 janvier 2025) souligne que cette approche pourrait renforcer le lien entre l’État et sa population, contribuant ainsi à la stabilité sociale.
Vers un nouvel équilibre politique et sécuritaire
Le mandat de Joseph Aoun s’annonce comme un test majeur pour l’avenir du Liban. En plaçant l’armée au centre de sa vision présidentielle, il cherche à renforcer l’autorité de l’État et à restaurer la confiance des citoyens. Cependant, les obstacles sont nombreux. Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du président à rassembler les forces politiques et à mobiliser un soutien international durable.
Comme le note Al Sharq Al Awsat (10 janvier 2025), Aoun devra démontrer que ses ambitions ne se limitent pas à des discours, mais qu’elles peuvent se traduire par des actions concrètes. Pour l’instant, sa promesse de faire de l’armée le pilier de la stabilité nationale reste une vision audacieuse mais encore à concrétiser.
