Une perte mondiale saluée par les plus hautes autorités libanaises
Le président libanais Joseph Aoun a exprimé lundi un hommage appuyé au pape François, décédé à l’âge de 88 ans après plusieurs semaines d’hospitalisation. Dans un message publié sur le compte officiel de la présidence, le chef de l’État a salué un « ami cher et un ardent défenseur » du Liban. Il a déclaré : « Nous n’oublierons jamais ses appels répétés à protéger le Liban et à préserver son identité et sa diversité ». Le président Aoun, seul chef d’État chrétien du monde arabe, a souligné l’importance de l’engagement du pape pour la coexistence interreligieuse, la paix et la justice dans une région secouée par les tensions.
Trois jours de deuil national décrétés par le Liban
La disparition du pape François a donné lieu à une décision rapide du gouvernement libanais : la proclamation de trois jours de deuil national. Ce deuil est marqué par la mise en berne des drapeaux sur les bâtiments publics et les représentations diplomatiques à l’étranger. Les principales églises du pays ont organisé des messes de requiem, notamment la cathédrale Saint-Georges de Beyrouth, le siège patriarcal de Bkerké, ainsi que les églises syriaques et melkites du pays. Les autorités religieuses musulmanes ont également salué la mémoire du souverain pontife, insistant sur son rôle dans le dialogue islamo-chrétien.
Un pontife proche du Liban jusqu’à ses derniers jours
Le pape François, au cours de ses douze années de pontificat, a plusieurs fois évoqué le Liban dans ses discours. Il voyait dans le pays un modèle de pluralisme religieux et de résistance spirituelle. « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message », répétait-il à l’instar de Jean-Paul II, mais en y ajoutant ses propres accents : prière constante pour la paix, dénonciation des élites corrompues, encouragements aux jeunes à rester sur leur terre. Le Vatican avait par ailleurs multiplié les actions diplomatiques et humanitaires en direction du Liban, notamment après l’explosion du port de Beyrouth et durant la crise économique.
La mémoire d’un pape de paix et de justice
Dans son hommage, le président Aoun a insisté sur la stature universelle du pape défunt : « une voix puissante pour la justice et la paix ». Il a rappelé son rôle moteur dans la promotion du dialogue entre les religions et les cultures. Ce message est d’autant plus significatif qu’il intervient dans un contexte régional marqué par la guerre à Gaza, les tensions au Liban-Sud et la montée des clivages confessionnels. Le pape François avait, à de nombreuses reprises, appelé à une trêve durable au Proche-Orient et dénoncé les violences, quelles qu’en soient les origines.
La réaction du Hezbollah : un hommage inédit
Le Hezbollah, organisation chiite influente au Liban, a publié un communiqué officiel exprimant ses condoléances à l’ensemble des chrétiens du Liban et du monde. Ce message souligne le respect porté par le mouvement à la personne du pape François, qualifié de « voix claire appelant à la fin de l’agression israélienne sur Gaza et soutenant la cause palestinienne ». Cette déclaration, rare dans sa forme et son ton, témoigne de la stature morale que François avait acquise, y compris au sein de groupes habituellement en opposition avec l’Occident chrétien.
Un décès aux répercussions spirituelles et géopolitiques
La mort du pape survient dans un moment de grande incertitude au Liban. La vacance spirituelle à la tête de l’Église catholique suscite une onde émotionnelle profonde parmi les chrétiens libanais, pour qui le Vatican représente une protection symbolique. Sur le plan géopolitique, l’absence de François rebat les cartes d’une diplomatie morale qui plaidait pour le dialogue régional. Le Saint-Siège devra déterminer si son successeur poursuivra cette ligne engagée ou reviendra à une diplomatie plus institutionnelle.
Un pontificat marqué par la crise libanaise
Depuis l’effondrement financier de 2019, le pape François n’a cessé de plaider pour une aide internationale au Liban. Il avait reçu les responsables des Églises orientales en juillet 2021 pour une journée de prière pour le Liban. Il avait aussi exprimé son soutien aux réformes politiques et économiques, en dénonçant la corruption et en appelant à l’écoute de la population. Le Vatican avait soutenu des écoles catholiques, des hôpitaux et plusieurs œuvres caritatives affectées par l’effondrement du système bancaire libanais.
Une figure de référence pour les chrétiens d’Orient
Pour les chrétiens libanais, la disparition du pape François constitue la perte d’un allié spirituel dans une région marquée par l’instabilité. Il avait renforcé le dialogue avec les patriarches maronites, orthodoxes, syriaques et arméniens. Il avait aussi instauré un contact direct avec les dignitaires musulmans, à travers l’université Al-Azhar ou les autorités chiites de Najaf. Cette volonté d’équilibre et d’écoute avait fait de lui un interlocuteur privilégié dans les crises régionales.
Des cérémonies symboliques dans tout le Liban
Partout dans le pays, des cérémonies sont organisées pour rendre hommage au pape. À Beyrouth, les églises maronites et grecques-catholiques ont ouvert leurs portes pour des veillées nocturnes. À Tripoli et Saïda, des représentants musulmans ont assisté à des offices œcuméniques. À Zahlé, une grande bannière représentant le pape a été déployée sur la place centrale. Cette mobilisation transcende les clivages religieux habituels et exprime une mémoire collective d’un pontificat marqué par l’appel au dialogue.
Un hommage personnel de Joseph Aoun, président chrétien du monde arabe
Le chef de l’État libanais, Joseph Aoun, revêt une symbolique particulière dans ce contexte : chrétien maronite, général de formation, président dans une région à majorité musulmane, il représente un lien direct avec la vision du pape François pour le Liban. Son hommage s’inscrit dans une filiation politique et spirituelle. En saluant la mémoire d’un « ami du Liban », Joseph Aoun renforce aussi son rôle de garant de l’unité nationale et de la présence chrétienne au Liban et au Levant.
