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Tirs ciblés et tensions résiduelles : Israël frappe encore malgré la trêve au Liban

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Une frappe meurtrière à al-Hinniyeh relance les tensions au Sud
Le mardi 22 avril 2025, la région sud du Liban a de nouveau été frappée par une attaque israélienne ciblée dans la ville d’al-Hinniyeh, district de Tyr. Selon le ministère libanais de la Santé, cette frappe a causé la mort d’un homme, malgré l’accord de cessez-le-feu théoriquement en vigueur depuis novembre 2024. Le communiqué officiel qualifie l’attaque de « frappe lancée par l’ennemi israélien » et insiste sur le caractère unilatéral de l’action. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent un homme sortant précipitamment d’un pick-up visé par un missile, avant d’être atteint par un second projectile. Ce type de séquence, visuellement marquante, est devenu emblématique de la guerre d’usure qui se joue dans les marges de la trêve.

Une trêve partielle et des engagements non tenus
La trêve conclue entre Israël et le Hezbollah en novembre 2024, à l’initiative de médiateurs qataris et européens, prévoyait le retrait des forces israéliennes des positions occupées au sud du Liban et le redéploiement des combattants du Hezbollah au nord du Litani. En parallèle, toutes les infrastructures militaires situées au sud de cette ligne devaient être démantelées. Or, selon plusieurs sources locales, les troupes israéliennes restent présentes dans au moins cinq zones jugées « stratégiques » par Tel Aviv, notamment dans les hauteurs proches de la frontière. Ce maintien est perçu au Liban comme une violation explicite des termes de l’accord.

Damour ciblée : une opération chirurgicale près de la capitale
Quelques heures seulement après la frappe de Tyr, une nouvelle attaque a été signalée près de la ville côtière de Damour, à seulement 20 kilomètres au sud de Beyrouth. Un drone israélien a visé une voiture en mouvement, tuant son occupant. La Défense civile libanaise a confirmé que le véhicule visé transportait un seul individu, dont le corps a été retrouvé calciné. Selon des informations concordantes, il s’agirait de Hussein Atoui, une figure éminente de Jamaa Islamiya. Le groupe islamiste a confirmé sa mort dans un communiqué, précisant qu’il était à la fois universitaire et cadre militaire. Il était en route pour son lieu de travail à Beyrouth lorsque la frappe a eu lieu.

Hussein Atoui : un profil complexe entre idéologie, enseignement et combat
Hussein Atoui, selon plusieurs sources sécuritaires libanaises, dirigeait la branche armée de Jamaa Islamiya, les Forces al-Fajr. Connu pour son rôle académique dans des institutions universitaires libanaises, il était également un idéologue de terrain, formant de jeunes militants à la résistance islamique contre Israël. Son double statut de professeur et de leader armé illustre la complexité des profils engagés dans la lutte armée non-étatique au Liban. Son élimination par une frappe de précision marque une volonté israélienne de neutraliser les figures tactiques intermédiaires, au-delà des têtes connues du Hezbollah.

La Jamaa Islamiya dans l’équation post-trêve
Liée historiquement au Hamas et proche du Hezbollah sur certains théâtres d’opérations, Jamaa Islamiya revendique plusieurs attaques contre Israël avant la trêve du 27 novembre. Le groupe, longtemps marginal dans le paysage militaire libanais, a retrouvé une visibilité accrue depuis le déclenchement de la guerre à Gaza. Ses cellules actives au Sud, et parfois dans les zones mixtes près de Beyrouth, ont multiplié les actions symboliques et armées. La frappe contre Atoui intervient dans un contexte de surveillance renforcée par Israël de ces formations autonomes qui échappent à la structure hiérarchique classique du Hezbollah.

Présence militaire israélienne et ripostes informelles
Le maintien par Israël de positions militaires au sud du Liban reste une source de friction permanente. Le long de la ligne bleue, des incursions ponctuelles, des survols de drones et des tirs d’artillerie sporadiques continuent de se produire. Ces actions sont justifiées par Israël au nom de la « protection des zones sensibles » et de la « prévention du retour du Hezbollah dans les zones démilitarisées ». En retour, des tirs de roquettes, parfois non revendiqués, ont été enregistrés en mars et avril, sans provoquer de dégâts significatifs. Cette situation alimente une logique de représailles silencieuses où les lignes de responsabilité sont volontairement floues.

L’armée libanaise et les arrestations liées aux tirs de mars
En réponse aux tirs non revendiqués de roquettes vers Israël fin mars, l’armée libanaise a procédé à plusieurs arrestations, ciblant à la fois des Libanais et des Palestiniens. Parmi eux, trois membres présumés du Hamas, selon des sources sécuritaires, auraient été interpellés dans le cadre d’une enquête sur une cellule autonome opérant dans la région de Marjayoun. Cette action, rare dans sa coordination et son ampleur, vise à démontrer que l’État libanais tente de préserver sa neutralité et de contenir toute provocation susceptible de déclencher une escalade militaire.

Vers une multiplication des assassinats ciblés ?
La frappe contre Hussein Atoui s’inscrit dans une logique de ciblage individuel de figures jugées stratégiques. Cette méthode, largement utilisée par Israël à Gaza et en Syrie, tend désormais à se généraliser au Liban. Les cibles ne sont plus seulement militaires au sens strict, mais incluent des figures intellectuelles, idéologiques, logistiques. Cette évolution inquiète la société libanaise, qui voit se réduire l’espace entre combat et vie civile. Le fait qu’Atoui se rendait à son lieu de travail universitaire au moment de la frappe a été largement commenté comme un signe de transgression des lignes rouges.

Hezbollah et ambiguïté tactique
Depuis la trêve, le Hezbollah maintient une posture prudente. Le mouvement n’a pas officiellement revendiqué d’attaques récentes, mais conserve une présence médiatique forte. Sa rhétorique, axée sur le soutien à Gaza, masque une stratégie de repositionnement tactique. En permettant à des groupes alliés comme Jamaa Islamiya d’agir, tout en conservant une certaine distance officielle, le Hezbollah teste les limites de la trêve sans l’exposer directement. Ce jeu d’équilibre reste risqué, d’autant plus que les frappes israéliennes deviennent de plus en plus ciblées et rapprochées de Beyrouth.

La trêve remise en cause de facto
Malgré l’absence de déclaration officielle d’annulation, la trêve entre Israël et le Hezbollah est désormais fortement érodée. Les termes de l’accord de novembre sont régulièrement bafoués par les deux camps. La présence israélienne au sud, les tirs sporadiques non revendiqués, les frappes ciblées et les arrestations composent un tableau d’après-trêve instable. Si aucune escalade massive ne semble à l’ordre du jour, le niveau de tension reste élevé, et les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si un retour à la confrontation ouverte est envisageable.

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