Un dénouement après une longue paralysie institutionnelle
Après plusieurs mois d’incertitude et de négociations intenses, le Liban dispose enfin d’un nouveau gouvernement. La formation du cabinet dirigé par le Premier ministre désigné Nawaf Salam a été confirmée ce matin, après une série de rencontres décisives au palais présidentiel de Baabda. Le pays était sans gouvernement fonctionnel depuis la démission du cabinet de Najib Mikati, une situation qui a accentué la crise économique et institutionnelle.
L’annonce officielle intervient après une réunion cruciale entre le Président Joseph Aoun, le Président du Parlement Nabih Berri et Nawaf Salam. Peu avant cette rencontre, le Secrétaire général du Conseil des ministres, Mahmoud Makiyyeh, a été vu se rendant au palais présidentiel, confirmant que les décrets de formation du gouvernement allaient être signés【Al-Arabiya, 06 février 2025】.
Un accord de dernière minute sur le cinquième ministre chiite
Les négociations avaient buté ces derniers jours sur la nomination du cinquième ministre chiite, un poste crucial dans la répartition confessionnelle du gouvernement. Selon les dernières informations, un compromis a été trouvé au palais de Baabda, débloquant ainsi la situation【OTV, 06 février 2025】.
D’après plusieurs sources, deux noms étaient en discussion pour ce poste : Lamia Moubayed et Abdallah Nasser. Le Premier ministre Nawaf Salam insistait pour que cette nomination soit de son choix exclusif, ce qui avait retardé l’annonce officielle du gouvernement【Al-Modon, 06 février 2025】.
Un cabinet attendu pour relever d’énormes défis
Avec la signature imminente des décrets, le gouvernement Nawaf Salam devra immédiatement s’atteler aux nombreux défis qui attendent le Liban. Parmi les priorités figurent :
- La crise économique et monétaire : La livre libanaise continue de s’effondrer, tandis que le pouvoir d’achat des Libanais est au plus bas. Le gouvernement devra négocier avec le FMI pour tenter d’obtenir des financements vitaux.
- Les réformes structurelles exigées par la communauté internationale, notamment sur la transparence financière et la restructuration du secteur bancaire.
- La situation sociale préoccupante, avec une pauvreté qui touche près de 80 % de la population et une émigration massive des jeunes diplômés.
- Le dossier de l’explosion du port de Beyrouth, toujours au point mort sur le plan judiciaire, et dont les familles des victimes attendent des réponses.
Un climat politique toujours fragile
Si l’annonce du gouvernement met fin à un vide institutionnel paralysant, elle ne garantit pas pour autant la stabilité politique. Le Liban reste profondément divisé entre les blocs parlementaires rivaux, et les tensions entre les forces politiques peuvent à tout moment provoquer de nouvelles crises.
Les premiers jours du gouvernement Salam seront décisifs. Il devra rapidement prouver sa capacité à instaurer un minimum de gouvernabilité, dans un pays où chaque décision est soumise à de lourds calculs confessionnels et partisans.
Les regards sont désormais tournés vers la déclaration ministérielle, qui définira les grandes orientations de l’action gouvernementale. Mais la question essentielle reste celle de la confiance du Parlement, qui devra valider ou rejeter cette nouvelle équipe.
Un soulagement fragile pour la population libanaise
L’annonce de la formation du gouvernement suscite un soulagement mesuré parmi la population. Après des mois de paralysie, l’absence d’un exécutif fonctionnel a exacerbé la crise économique et sociale.
Toutefois, de nombreux Libanais restent sceptiques quant à la capacité de ce nouveau cabinet à réaliser les réformes promises. « Ce n’est pas le premier gouvernement à être présenté comme une solution miracle, mais la situation du pays ne cesse d’empirer », déclare un habitant de Beyrouth, interrogé ce matin.
Le gouvernement Nawaf Salam aura donc peu de temps pour convaincre et tenter de redresser un pays au bord de l’effondrement.
