Les violences en Syrie ont atteint un niveau dramatique avec plus de 1 000 morts en seulement 48 heures, dont environ 745 civils. Ces événements ont particulièrement touché les régions côtières de Lattaquié et Tartous, bastions historiques du clan Assad et de la communauté alaouite. Les affrontements ont opposé les forces de sécurité syriennes et des loyalistes de l’ancien président à des groupes armés hostiles au régime déchu. Des actes de représailles ont été signalés, incluant des exécutions sommaires, des pillages et l’incendie de villages alaouites. Cette vague de violence a poussé des milliers d’alaouites et de chrétiens à fuir, certains cherchant refuge dans une base militaire russe.
Les causes des massacres en Syrie
L’analyse des causes de ces massacres met en évidence plusieurs dynamiques distinctes :
- Règlement de comptes contre le clan Assad : depuis la chute du régime, les figures et institutions fidèles à Assad sont devenues des cibles prioritaires. L’appareil sécuritaire, longtemps accusé d’exactions, subit aujourd’hui la vengeance de ses ennemis.
- Violences contre la minorité alaouite : associée au régime Assad, cette communauté subit désormais les conséquences du ressentiment accumulé, certains massacres révélant une volonté d’éradication ou d’épuration communautaire.
- Attaques contre chrétiens et druzes : ces minorités, perçues comme soutiens tacites du régime ou groupes distincts dans un pays majoritairement sunnite, subissent les assauts de factions cherchant à modifier l’équilibre confessionnel.
- Fanatisme sunnite : certaines factions islamistes impliquées poursuivent un agenda idéologique dépassant la simple vengeance politique, ciblant particulièrement les minorités considérées comme ennemies du sunnisme.
Vers un État de droit ou la poursuite des violences ?
La capacité du sunnisme politique à instaurer un État de droit et une démocratie reste incertaine. L’histoire récente montre qu’un pouvoir sunnite risque de reproduire les erreurs du passé sans un pacte interconfessionnel solide. Un « Westphalie interreligieux », garantissant la coexistence pacifique des minorités religieuses, est indispensable pour éviter une instabilité permanente.
Sans ce cadre juridique et politique, chaque groupe minoritaire cherchera à s’armer pour sa survie, perpétuant le cycle de violence. Un État de droit ne peut émerger que si la majorité sunnite accepte de garantir les droits des minorités et si ces dernières acceptent l’idée d’un État commun sans crainte de persécutions.
Ahmed Sharaa, président intérimaire, a appelé à l’unité nationale et à la fin des hostilités, tandis que la communauté internationale a exprimé sa préoccupation face à l’ampleur des massacres. Pourtant, la Syrie demeure profondément fragmentée et menacée par une spirale continue de représailles.
Bernard Raymond Jabre