Gébran Bassil critique la formation du nouveau cabinet
Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gébran Bassil, a annoncé que son parti adopterait une « opposition positive » face au gouvernement de Nawaf Salam, tout en restant vigilant sur plusieurs dossiers qu’il a longtemps défendus.
Dans une déclaration publique, Bassil a souhaité bonne chance aux nouveaux ministres, tout en regrettant que son parti ait été victime d’un « siège interne et externe » durant le mandat présidentiel de Michel Aoun. Selon lui, ces pressions ont empêché la mise en œuvre des réformes souhaitées par son mouvement.
« Nous avons payé le prix de la préservation de l’unité nationale et de notre refus de plonger le pays dans la guerre civile, » a-t-il déclaré, accusant certaines forces d’avoir intentionnellement affaibli le CPL pour l’écarter du pouvoir.
Des accusations de partialité contre Nawaf Salam
Gébran Bassil a critiqué la formation du cabinet de Nawaf Salam, accusant le Premier ministre de « sélectivité » et de mauvaise représentation des chrétiens dans le nouveau gouvernement.
Selon lui, les ministres chiites ont été désignés par le Duo chiite (Hezbollah et Amal), les ministres druzes par le Parti socialiste progressiste, et les ministres sunnites par le Premier ministre lui-même. En revanche, il estime que les forces chrétiennes ont été largement écartées du processus de nomination.
« Les Forces libanaises ont nommé un ou deux ministres, le parti Tachnag a nommé un ministre partisan, les Kataëb ont obtenu un ministère après un accord, tandis que quatre des huit ministres chrétiens restants ont été choisis par le Premier ministre, » a dénoncé Bassil.
Une répartition des portefeuilles jugée inéquitable
Le chef du CPL a également remis en question la distribution des ministères en fonction des confessions. Selon lui, les chrétiens ont été défavorisés tant en nombre qu’en importance des portefeuilles ministériels qui leur ont été attribués.
Répartition des ministères selon Gébran Bassil :
| Confession | Ministères de « calibre moyen » | Ministères de « calibre léger » |
|---|---|---|
| Musulmans | 5 | 1 |
| Chrétiens | 1 | 5 |
Bassil a estimé que cette distribution reflète une « injustice flagrante » envers les chrétiens, soulignant que les musulmans ont obtenu des portefeuilles plus influents, tandis que les chrétiens ont été relégués à des ministères secondaires.
« Les chiites ont nommé des ministres politiques, les druzes ont choisi leurs propres représentants, et le Premier ministre a sélectionné des figures politisées, tandis que les chrétiens n’ont pas eu le droit de nommer un seul ministre ayant une appartenance politique, sauf un, et ce dans une logique de nuisance politique, » a ajouté le chef du CPL.
Le Courant patriotique libre accuse Nawaf Salam de manipuler les critères de sélection
En réponse aux déclarations du Premier ministre Nawaf Salam sur les critères de nomination des ministres, le CPL a publié un communiqué officiel contestant ses propos.
« Le Premier ministre a affirmé que le seul critère défendu par le CPL était le comptage des membres des blocs parlementaires. La vérité est que notre seul critère était l’équité et le traitement égal de tous, » a indiqué le parti.
Le CPL a également dénoncé une « politique du deux poids, deux mesures » dans le choix des ministres, notamment en matière de représentation partisane, de la taille des blocs et de la répartition des portefeuilles.
Nawaf Salam défend sa position
Dans une interview télévisée, le Premier ministre Nawaf Salam a défendu la composition de son gouvernement face aux critiques du CPL. Il a affirmé que certains blocs parlementaires avaient tenté d’imposer leurs propres critères de sélection, en insistant sur la taille de leur représentation et le nombre de ministres qui leur revenaient.
« Le CPL avait un problème concernant la taille de sa représentation, notamment en raison de la différence entre le nombre de ses députés actuels et celui de ses députés dissidents, ainsi que du nombre de voix obtenues lors des élections. Mais je n’ai pas réussi à comprendre ces calculs, » a-t-il déclaré.
Un gouvernement contesté mais en place
Malgré les contestations du CPL, le nouveau cabinet est désormais en place et doit faire face à des défis majeurs, notamment la gestion de la crise économique et politique qui secoue le Liban depuis plusieurs années.
Le parti de Bassil, qui se positionne en opposition constructive, continuera à surveiller de près les décisions du gouvernement et à défendre ses intérêts politiques dans l’arène parlementaire. Cependant, la fracture au sein du camp chrétien et les tensions entre les différentes formations politiques pourraient compliquer davantage la gouvernance du pays.
