Le 6 février 2025, lors de la réunion de Baabda visant à finaliser la formation du gouvernement libanais, une phrase prononcée par Nabih Berri a marqué les esprits et cristallisé l’impasse politique actuelle. « Si vous voulez un gouvernement Mbayyed, formez-le vous-même ! », aurait lancé le président du Parlement à l’adresse du Premier ministre désigné Nawaf Salam, avant de quitter la réunion sans déclaration officielle. Cette phrase, reprise par plusieurs médias locaux, illustre le refus catégorique du leader du mouvement Amal de valider la composition proposée par Nawaf Salam et met en lumière la complexité des rapports de force politiques au Liban.
Un échange révélateur de la crise politique
Selon Al Akhbar (7 février 2025), l’échange entre Nawaf Salam et Nabih Berri s’est tendu lorsque le Premier ministre désigné a insisté sur la nomination de Lamia Mbayyed au ministère du Développement administratif. Ce choix, perçu comme une tentative d’imposer un technocrate indépendant dans un poste stratégique, a immédiatement été rejeté par Berri, qui a réclamé que ce portefeuille soit attribué à Abdel Reda Nasser, un juge proche du tandem Amal-Hezbollah.
Ad Diyar (7 février 2025) rapporte que la tension est montée lorsque Nawaf Salam a défendu son choix en affirmant que son gouvernement devait être indépendant des influences politiques traditionnelles. Face à cette position, Nabih Berri aurait sèchement rétorqué qu’il était impossible qu’un ministre chiite soit nommé sans l’aval de son camp politique. C’est alors qu’il aurait lâché la phrase devenue emblématique de cette impasse : « Si vous voulez un gouvernement Mbayyed, formez-le vous-même ! ».
Le poids politique de cette déclaration
Selon Al Bina’ (7 février 2025), cette phrase n’est pas anodine et traduit une position intransigeante du président du Parlement. Elle souligne l’importance du consensus confessionnel dans la formation d’un gouvernement au Liban, où chaque communauté détient des quotas ministériels. En rejetant catégoriquement la proposition de Nawaf Salam, Nabih Berri a envoyé un message clair : aucune décision concernant la communauté chiite ne sera prise sans l’accord du tandem Amal-Hezbollah.
D’après Alquds (7 février 2025), cette déclaration a également été perçue comme une réponse aux pressions internationales, en particulier américaines, qui visent à exclure le Hezbollah du gouvernement. En maintenant une ligne dure, Nabih Berri cherche à protéger l’influence de son camp face aux tentatives de marginalisation. La phrase « formez-le vous-même » peut ainsi être interprétée comme une mise en garde à l’ensemble de la classe politique : un gouvernement qui ignorerait les revendications du tandem chiite serait voué à l’échec.
Réactions politiques et médiatiques
La phrase de Nabih Berri a suscité de nombreuses réactions. Selon Al Liwa’ (7 février 2025), plusieurs figures de l’opposition y ont vu une preuve de l’incapacité du système politique libanais à se réformer. Des députés indépendants ont dénoncé un « chantage politique » visant à bloquer toute initiative réformatrice.
Al Nahar (7 février 2025) indique que cette déclaration a également provoqué une vague de commentaires sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont critiqué l’attitude du président du Parlement, accusé de faire obstacle à une sortie de crise. D’autres, en revanche, ont souligné que cette position était conforme aux équilibres politiques traditionnels du pays et reflétait la réalité du système de partage du pouvoir.
Conséquences possibles sur la formation du gouvernement
Selon Nida’ Al Watan (7 février 2025), cette déclaration pourrait compliquer encore davantage la formation du gouvernement. Nawaf Salam, déjà confronté à des résistances internes, se retrouve dans une position délicate. S’il insiste sur son choix, il risque de se heurter à un blocage total du tandem Amal-Hezbollah. S’il cède, il pourrait perdre le soutien des forces qui plaident pour un gouvernement réformiste.
D’après Al Sharq Al Awsat (7 février 2025), Joseph Aoun pourrait tenter de relancer le dialogue en organisant de nouvelles consultations avec les différentes parties. Cependant, la déclaration de Nabih Berri montre clairement que la marge de manœuvre est réduite. Sans un compromis acceptable par l’ensemble des acteurs, la paralysie politique risque de perdurer.
Un tournant dans la crise libanaise ?
Avec cette phrase, Nabih Berri a posé une ligne rouge qui pourrait définir l’issue des prochaines négociations. Son rejet de toute nomination unilatérale d’un ministre chiite signifie que le tandem Amal-Hezbollah détient un pouvoir de veto sur la composition du gouvernement. Cette position renforce le sentiment d’impasse politique et alimente les craintes d’un enlisement prolongé de la crise institutionnelle.
Alors que les consultations devraient reprendre dans les jours à venir, la déclaration de Nabih Berri restera comme un marqueur fort des tensions actuelles. Reste à savoir si Nawaf Salam parviendra à contourner cet obstacle ou si une nouvelle stratégie devra être envisagée pour sortir le pays de l’impasse.
