Une coalition électorale inédite annoncée à Beyrouth
Les principaux partis politiques libanais ont annoncé la formation d’une liste électorale unifiée en vue des élections municipales prévues à Beyrouth le 18 mai 2025. Selon le quotidien Al-Akhbar, cette décision a été prise à l’issue d’une réunion tenue au domicile du député Fouad Makhzoumi, en présence de figures politiques beyroutines de premier plan.
L’initiative regroupe des formations aux orientations diverses, souvent opposées sur le plan national : le Hezbollah, le Mouvement Amal, le Courant patriotique libre (CPL), les Forces libanaises (FL), le Parti Kataëb, le mouvement al-Ahbash, ainsi que les partis arméniens Tashnag et Hunchak. Cette convergence souligne l’importance symbolique et stratégique des municipales dans la capitale libanaise.
Les partis absents et les dissidences annoncées
Malgré cet accord large, plusieurs acteurs politiques n’ont pas rallié la coalition. Le député Nabil Bader, notamment, a refusé d’y participer. Il tente actuellement de former sa propre liste, mais selon des sources proches du dossier, il peine à rallier des soutiens. De nombreuses personnalités locales considéreraient cette tentative comme vouée à l’échec, face au poids électoral de la liste unifiée.
De son côté, la Jamaa Islamiya a également décliné l’invitation à rejoindre la coalition. Cette formation islamique sunnite pourrait présenter ses propres candidats, renforçant ainsi la fragmentation du paysage électoral.
Une alternative citoyenne : le retour de Beyrouth Madinati
L’organisation citoyenne Beyrouth Madinati, qui avait créé la surprise en 2016 en recueillant près d’un tiers des voix, prépare une nouvelle candidature. Son retour sur la scène électorale pourrait séduire un électorat désillusionné par les partis traditionnels. Porteuse d’un programme axé sur la transparence, la gestion urbaine durable et les services publics, cette initiative entend capitaliser sur la défiance croissante envers la classe politique.
En 2016, Beyrouth Madinati avait notamment attiré un électorat jeune, urbain et souvent abstentionniste. Son poids électoral pourrait donc influencer fortement les équilibres, même face à une alliance aussi large.
Les enjeux symboliques et politiques du scrutin
Les élections municipales, initialement prévues en 2023, ont été reportées à plusieurs reprises en raison de contraintes budgétaires et de blocages politiques. Le scrutin du 18 mai à Beyrouth est donc très attendu, tant par les électeurs que par les observateurs internationaux.
Cette élection constitue un test pour la stabilité du système politique libanais, toujours affecté par une crise économique sans précédent, un effondrement monétaire, ainsi que les répercussions de l’escalade militaire au sud du pays en avril 2025 (source).
Calendrier électoral et contexte national
Le gouvernement a confirmé que les municipales auront lieu selon un calendrier régional progressif tout au long du mois de mai 2025. Beyrouth votera le 18 mai, dans une ambiance tendue et polarisée. Ce scrutin intervient dans un contexte de tensions sociales, marquées par des coupures d’électricité, une inflation galopante, et des services publics en déshérence.
De nombreuses ONG, dont l’Association libanaise pour les droits et l’information (LADE), appellent à une large participation citoyenne, soulignant que les élections locales peuvent être un levier de transformation, même en période de crise systémique.
Une recomposition électorale en cours
Si l’initiative des partis traditionnels semble représenter une tentative de verrouillage du pouvoir local, elle révèle aussi une certaine fébrilité face à la montée des contestations citoyennes. La recomposition des alliances pourrait redistribuer les cartes, notamment si Beyrouth Madinati parvient à mobiliser un électorat indépendant et à présenter une alternative crédible.
À quelques jours du dépôt officiel des candidatures, plusieurs listes concurrentes se dessinent, ce qui annonce une bataille électorale serrée et hautement symbolique pour l’avenir politique de la capitale.
