Entre hier soir à 19h et ce matin à 9h, la situation sécuritaire au Liban et dans la région de Gaza s’est encore détériorée, marquant une escalade sans précédent du conflit opposant Israël aux groupes de résistance, notamment le Hezbollah. Les frappes israéliennes se sont intensifiées, causant des pertes humaines et matérielles considérables dans plusieurs régions du Liban, notamment à Baalbek, Beyrouth et dans le sud du pays. De nouvelles conditions israéliennes pour un cessez-le-feu ont été communiquées à l’administration américaine, mais les perspectives d’une solution diplomatique restent incertaines.
Actu locale et front : Bombardements massifs et pertes humaines
D’après des sources d’Al Manar et de LBCI, les bombardements israéliens ont frappé des infrastructures civiles et militaires dans plusieurs régions du Liban. La banlieue sud de Beyrouth, notamment les quartiers de Chiyah et Haret Hreik, a été ciblée par au moins six raids aériens israéliens entre 21h et 5h ce matin. L’un des objectifs principaux de ces frappes était l’association Al-Qard Al-Hassan, une organisation financière liée au Hezbollah, dont plusieurs branches ont été détruites dans les zones de Baalbek, Hermel, Tyre, et Nabatieh.
Ces bombardements ont causé de lourdes pertes humaines. À Baalbek, trois civils, dont des enfants, ont été tués lors d’une frappe sur le quartier de Nabi Anam. Les frappes ont également endommagé des infrastructures médicales, notamment des ambulances qui se rendaient dans les zones touchées, comme l’a rapporté Liveuamap. Dans le sud du Liban, les villages de Kafra, Yater, et Deir Qanoun ont été sévèrement touchés par des frappes continues, augmentant encore plus la pression sur les services de secours.
Selon des chiffres publiés par le ministère libanais de la Santé, depuis le début de l’agression israélienne, 2 464 personnes ont été tuées et 11 530 blessées, un bilan qui ne cesse de s’alourdir avec la multiplication des frappes.
Israël : Nouvelles conditions pour un cessez-le-feu
Sur le plan diplomatique, Israël a soumis ses conditions pour un cessez-le-feu au Liban à l’administration Biden. Parmi ces exigences figurent la liberté pour l’aviation israélienne d’opérer dans l’espace aérien libanais ainsi que le droit de surveiller et d’empêcher le Hezbollah de reconstituer ses infrastructures militaires dans le sud du Liban. Ces conditions visent à affaiblir durablement le Hezbollah et à assurer une domination israélienne sur les frontières libano-israéliennes, mais elles risquent d’être difficiles à accepter pour le Liban et ses alliés régionaux.
L’envoyé spécial américain Amos Hochstein est actuellement à Beyrouth pour tenter de désamorcer les tensions et relancer les négociations autour de la résolution 1701 des Nations Unies. Cependant, la situation semble plus complexe que jamais, avec une intensification des frappes et une résistance accrue du Hezbollah, qui a tiré environ 200 obus en direction d’Israël dans les dernières 24 heures.
Politique locale : Le gouvernement libanais sous pression
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a réitéré son appel à un déploiement rapide de l’armée libanaise au sud du fleuve Litani pour prendre le contrôle de la situation et apaiser les tensions. Dans une interview accordée à Al Arabiya, il a déclaré que seule une présence militaire libanaise au sud pourrait empêcher une nouvelle escalade du conflit, tout en appelant à une solution diplomatique pour éviter davantage de destructions.
Cependant, cette proposition rencontre des résistances internes, notamment de la part des groupes politiques liés au Hezbollah, qui considèrent que l’armée n’est pas suffisamment équipée pour faire face aux menaces israéliennes sans l’appui de la résistance. Les divergences politiques entre les différentes factions libanaises rendent la situation encore plus délicate à gérer pour le gouvernement de Mikati, déjà affaibli par la crise économique et sociale.
Économie : Impact dévastateur des frappes sur l’infrastructure et les marchés
Les répercussions économiques des frappes israéliennes sont également inquiétantes. Outre les pertes humaines et matérielles, l’économie libanaise, déjà en pleine crise, subit de nouveaux chocs. Les infrastructures financières, notamment les branches d’Al-Qard Al-Hassan, ont été gravement touchées, provoquant une incertitude financière pour des milliers de familles qui dépendent de cette institution pour leurs prêts et épargnes.
Néanmoins, contre toute attente, les obligations souveraines libanaises ont connu une légère hausse sur les marchés internationaux. Selon MTV, cette tendance pourrait refléter les attentes des investisseurs quant à une intervention diplomatique internationale imminente, bien que l’impact de cette hausse reste limité face aux énormes défis financiers que le pays doit affronter.
Société : Crise humanitaire et pression sur les services de secours
Sur le terrain, la crise humanitaire s’aggrave de jour en jour. Les bombardements israéliens ont détruit plusieurs routes d’accès, compliquant l’arrivée des secours dans les zones les plus touchées. La Croix-Rouge libanaise et d’autres organisations humanitaires peinent à répondre à l’afflux de blessés, notamment dans le sud du Liban, où les bombardements sont les plus intenses.
Les infrastructures médicales, déjà affaiblies par des années de crise économique, sont sur le point de s’effondrer. Les hôpitaux de Beyrouth et de Tyre sont débordés, et des pénuries de médicaments commencent à se faire sentir. À Baalbek, des patients ont dû être transférés dans des abris souterrains pour éviter d’être touchés par les frappes, comme l’a rapporté Al Manar. Les frappes israéliennes contre les équipes médicales et les ambulances ont également provoqué une indignation croissante parmi la population.
International : Pressions diplomatiques et escalade régionale
Sur le plan international, la communauté diplomatique continue de plaider pour une désescalade. Cependant, les positions restent figées des deux côtés. Tandis qu’Israël renforce ses conditions pour un cessez-le-feu, le Hezbollah, soutenu par l’Iran et d’autres acteurs régionaux, refuse tout compromis qui affaiblirait sa position militaire au Liban.
Les discussions diplomatiques entre le Liban, les États-Unis et Israël, menées par Amos Hochstein, se concentrent sur la mise en œuvre complète de la résolution 1701, qui prévoit un cessez-le-feu et le déploiement des troupes de la FINUL au sud du Liban. Cependant, Israël exige désormais des garanties supplémentaires, notamment le droit de surveiller les mouvements du Hezbollah, ce qui complique davantage les négociations.
