Les dirigeants des Forces Libanaises ont multiplié ces derniers jours, les attaques verbales visant le plan du FMI notamment en ce qui concerne la restructuration des banques.

Samir Geagea a ainsi estimé que l’élection d’un président de la république pourrait rétablir la confiance et permettre ainsi la relance de l’économie sans accord avec l’institution internationale.

Cette vision des choses n’est évidemment pas partagée par les observateurs économiques qui notent qu’un appel au FMI est inéluctable depuis mai 2019, alors que le Liban entrait dans un état de défaut de paiement sélectif induit par le paiement des eurobonds par la Banque du Liban et non le ministère des Finances du temps du gouvernement Hariri III dans lequel les Forces Libanaises étaient présentes avec notamment la présence de Ghassan Hasbani comme vice-président du conseil des ministres.

Cet état de défaut de paiement ne sera officialisé qu’en avril 2020 par le gouvernement Hassan Diab.

Ces propos ont été réitéré par le président du groupe parlementaire des Forces Libanaises, Georges Adwan, qui siégeait lui-même dans les commissions interparlementaires qui ont amené à faire échouer le plan Diab-Lazard suite à la polémique sur le chiffrage des pertes du secteur financier local. À l’époque, ils souhaitaient déjà ramener les estimations des pertes à seulement 20 milliards de dollars alors que le chiffrage des pertes selon le gouvernement et le FMI dépassait les 60 milliards de dollars.

Cette perte de temps a amené aussi à l’aggravation des pertes du secteur financier désormais estimées officiellement à 73 milliards de dollar par le gouvernement et plus de 100 milliards de dollars selon certains agences de notation. Parallèlement les réserves monétaires de la Banque du Liban, incluant les dépôts privés sont passées de 50 milliards de dollars il y a 3 ans à moins de 10 milliards de dollars aujourd’hui. Les membres de ces commissions interparlementaires, comme Ibrahim Kanaan, comme président de la commission parlementaire des finances et du budget, George Adwan comme président de la commission de l’administration publique, portent la responsabilité de cette gabegie.

Cette responsabilité est d’autant plus grande aujourd’hui que celui-ci estime ainsi que négocier avec le FMI en vue de débloquer l’aide internationale était une erreur alors que la conclusion d’un accord avec l’institution internationale était justement l’une des conditions de la communauté internationale en vue de débloquer l’aide prévue dans le cadre de la conférence CEDRE.

Par ailleurs, ces aides sont conditionnées à une série de mesures de surveillance prévues dans le cadre de la mise en place des réformes à mener. Il est hors de question en effet pour la communauté internationale d’aider le Liban sans contrepartie de la mise en place de ces réformes et de se contenter de promesses, comme durant les conférences Paris I, II et III des années 2000, promesses qui n’ont été jamais réalisées.

Il semblerait en effet que le député semble ignorer l’état exact et catastrophique dans lequel le Liban se trouve aujourd’hui induisant un recours obligatoire au FMI, seule institution d’ailleurs qui réclame aujourd’hui, contrairement au plan de l’ABL sur lequel les FL tentent de s’appuyer probablement dans un objectif politique en vue d’obtenir leur soutien, le remboursement à totalité des sommes dues aux petits déposants jusqu’à hauteur de 100 000 USD.

Il convient de rappeler que les Forces Libanaises ont été un parti de gouvernement entre 2005 et 2019 et à ce titre figurent aussi comme responsable de la gabegie qui a eu lieu dans les finances publiques alors. Le FMI, dans ses observations, a notamment visé une des périodes critiques de dégradation des finances publiques.

Depuis 2003, 27 milliards de dollars auraient ainsi disparu sans qu’on puisse savoir comment ils ont été dépensés, demandant indirectement un audit des finances publiques depuis cette année, ce que les partis qui ont été aux affaires pourraient trouver être gênant.

Il est aussi à noter les liens qui existent entre les Forces Libanaises et certains groupes bancaires ou certaines personnalités financières. Au-delà de l’aspect de la responsabilité, l’autre question qui s’impose serait de savoir si les réformes demandées par le FMI concernant le secteur bancaire et nécessaires à la relance rapide d’une économique fortement impactée par la crise sont contraire non pas à l’intérêt du Liban et de la population mais de certains partis politiques dont les FL. Ce facteur pourrait également impliqué une tentative d’instrumentaliser ce positionnement par rapport aux enjeux actuels de la présidentielle et ainsi obtenir le soutien de ces intérêts.

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