Urgences psychiatriques

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“… beaucoup de gens décrivent l’expérience de leur incapacité à quitter « la maison », à quitter l’autre personne ou le nexus de personnes qui faisaient primitivement partie de leur vie. Ils sentent que leur mère ou leur famille les étouffe. Ils ont peur et ils ont envie de se sauver. Mais plus ils ont peur, plus leur famille est effrayée et devient effrayante. Ils cherchent la sécurité en s’accrochant à ce qui les effraie comme quelqu’un qui, ayant posé la main sur une assiette brûlante, l’appuie plus fort au lieu de la retirer ; ou comme quelqu’un qui mettant le pied dans l’autobus au moment même où il démarre, s’accroche « instinctivement » à l’autobus, objet le plus proche et le plus dangereux, alors que la conduite « raisonnable » consiste à lâcher prise”. Soi et les autres,
Ronald D. Laing MD.

A regarder avant et maintenant la mise en place des dispositions du pouvoir, on remarque une volonté et une dynamique saisissante d’initiatives. On relève aussi la répétition inquiétante et quasi ininterrompue du langage décisif. Celui qui conduit paradoxalement à des tiraillements, des coordinations restreintes et à l’inquiétude quotidienne du citoyen quant à l’application d’une justice equidistante et indépendante.

Néanmoins, il y a peu de considération lors des projets et des étapes proposées qui correspondent aux moyens actuels de nombreux libanais. Le manque de synergie entre les ministères et la controverse quasi continue entre des membres du gouvernement ne peuvent faire prévaloir la logique de la cohérence citoyenne avant toute autre.

Quand l’Etat ne remet pas en cause des appropriations voulues selon des influences et des charismes particuliers on se pose les questions suivantes: Où est-on de l’application des lois pour tous sans distinction? Le libanais constate, critique et souffre de subir des avis arbitraires sans voir un changement palpable au niveau de ses urgences. Comment donc travailler pour du neuf avec les mêmes au pouvoir? Comment la perspective de changement peut-elle convaincre et transparaître un état piégé par de rares convenances et de multiples désaccords tacites ou apparents?

En d’autres termes, les personnalités du monde politique traditionnel semblent convenir que le privilège de vivre au Liban est inséparable des faits accomplis: Le Libanais est censé payer le double pour l’eau, l’électricité, assurer la qualité chère au minima et subir l’élan et la désinvolture criminelle dans un contexte démographique aux risques multiples. Il est supposé s’intoxiquer lentement en respirant un air irrespirable et apprécier une mer hautement polluée avec ses plages exhobitantes. Il doit enfin s’estimer heureux que les nouvelles iront bon train d’ici peut être 10 mois, au cas où des élections et un parlement représentatifs prennent leur cours…dans les délais prévus.

Il y a le libanais qui ne croit plus à un Liban dépourvu de sa considération et de la dynamique de la citoyenneté mais à un pouvoir exclusivement démocratique. Celui qui s’assume selon la liberté et la crédibilité des choix ainsi que par l’unité de sa composition et de ses décisions. Un pouvoir qui a certes pour devoir l’application des projets et des lois mais aussi la réponse aux multiples appels, sécuritaire, humain et socio-économique d’une population désabusée et épuisée .

Sinon, et pour tant d’autres, le déséquilibre est devenu la nécessité incontournable à laquelle ils “s’accrochent instinctivement” au lieu de “lâcher prise”! Un déséquilibre terrible qui risque de prédisposer le bon sens à confondre le comportement ordinaire avec l’anormalité et les urgences psychiatriques avec des symptômes éphémères!

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