La réalité sur le terrain pour une large part de la population libanaise consiste à survivre tant bien que mal. Le recours qui reste à de nombreux libanais est constitué d’un tas de références pratiques solitaires afin de subvenir à des besoins rudimentaires tous azimuts.
Pourtant, les cultures plurielles élaborent des dialogues constructifs. Les remarques, les objections et les oppositions ciblées étaient jadis reconnues chez nous et appréciées, afin de promouvoir des échanges avisés, parfois corsés mais finalement utiles. Celà pouvait alors justifier le sens et le contenu d’un mode exceptionnel de coexistence dans la région du Moyen-Orient.
Néanmoins, une gouvernance dynamique et ouverte apprécie, initie et favorise sans relâche des rapprochements élaborés entre ses diverses composantes. Les résolutions deviennent effectivement consensuelles quand elle correspondent non seulement à des ambitions prochaines mais à des visées palpables, nationales, citoyennes, indépendantes, non soumises aux influences et aux interprétations conjoncturelles. Faute d’être reconnus, visités, écoutés et secourus par des représentants de divers ministères concernés, les misères extrêmes des gens sont repérées par hasard ou ponctuellement par de généreux bénévoles ou des organismes particuliers. Cependant, il existe aussi d’autres urgences pressantes.
Elles concernent des habitants à des contextes ignorés ou négligés, qui n’appartiennent à aucun parti et à aucune adhèrence privilégiée. Ces personnes ont été éduquées à cultiver un haut niveau d’indépendance, associé au regard critique. Elles ne sont soumises ni à des standards obligés, ni à des cartels d’affaires aux multiples facettes mais concordent au raisonnement nuancé et à une égale logique citoyen. Ces femmes et ces hommes libres et conséquents ont choisi de ne pas taire leur bon sens, ni leurs devoirs au sein de la république.
D’autre part, les seigneurs ne sont pas uniquement les personnages d’héritages historiques. Ce sont aussi des individus ordinaires devenus extraordinaires quand ils génèrent la vie positive dans la cité alors que presque tout se désintègre dangereusement! Ces citoyens résistent dignement à chaque lever du jour sans quémander de l’aide ou de la nourriture. Ils usent de leurs dispositions pour rester droits, mentalement et physiquement. Ils se chauffent avec presque rien et pourvoient leurs familles du juste minimum, si insuffisant. Se nourrir de restes dans les poubelles ne fait évidemment pas sourciller des politiques défensives à travers des coexistences formelles, vidées de réalisme, de sensibilité et de comportements unifiés.
Ceci dit, pour beaucoup de libanais l’essentiel n’est plus dans la formation d’une prochaine équipe de personnages conflictuels mais dans la concertation entre les meilleures qualificatifs des uns afin de secourir indistinctement et par tous les moyens possibles tant d’autres. Voici la preuve incontournable d’une expérience nationale vivante qui sert sans compter, au-delà des susceptibilités, des appartenances, des injustices, des misères et des maintes souffrances!