Chaplin, du noir à la couleur

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Une soirée particulière: Des yeux qui regardent des gestes, lisent une expression, interprètent un regard… Une personne scrute les réactions,  ressent une expression subtile, retient une larme mais pleure une douleur et laisse ses doigts caresser une autre. C’est la projection d’un film muet mais si parlant. Yvette a choisi de laisser parler ce soir, un personnage d’antan dont les mouvements du corps traduiraient un état d’esprit et une palette d’humeurs. L’expression de son visage signifie l’émotion. Le silence insinue la retenue et chaque arrêt de souffle initient la concentration du spectateur. Les mots et les ponctuations lus indiquent le commentaire du grincement d’une porte comme celui des paroles retenues lors d’un baiser…Il suffit de saisir le sens d’une scène pour savoir que les petites phrases sonnent si juste. De nos jours, la réalité ressemble étrangement à un spectacle bruyant mais vide. Elle relate la bougeotte de l’intelligence qui garde le bon sens humain suspendu aux mots. ..

Ce qu’onobserve ne présente plus ce qu’on comprend. L’apparence a corrompu le fond, la figure a perdu sa forme pour devenir une facade sans signes. Cependant, Yvette va retrouver à travers le génie de Charlot la réconciliation avec la simplicité. Elle l’a perdue avec ses semblables parmi tant de valeurs bafouées au nom du savoir, des “mentalisations” et de la “culture” instantanée. Elle se soigne dans une maison de repos et côtoie son réel en tête à tête avec des acteurs toujours aussi “vivants”. Elle peut, seule pour de précieux instants,égayer du noir et blanc un triste monde présent sans couleurs.

Joe Acoury.

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