La situation au Moyen-Orient, déjà marquée par les tensions avec Gaza et les menaces constantes du Hezbollah au Nord d’Israël, prend une nouvelle tournure avec les récentes informations émanant d’Israël. Selon plusieurs médias, le Premier ministre Benjamin Netanyahu envisage de créer une zone de sécurité au sud du Liban, une idée fortement soutenue par certains hauts responsables militaires mais farouchement rejetée par le ministre de la Défense, Yoav Gallant. Ce désaccord au sein des plus hauts rangs du gouvernement pourrait non seulement affecter la stratégie militaire d’Israël, mais également modifier les équilibres politiques de la coalition au pouvoir.

La proposition de la zone de sécurité : retour à une stratégie passée

L’idée d’une zone de sécurité au Sud-Liban n’est pas nouvelle. Entre 1985 et 2000, Israël avait déjà maintenu une telle zone, une mesure qui avait finalement été abandonnée sous la pression publique en raison des lourdes pertes infligées par le Hezbollah. Aujourd’hui, le général Ori Gordin, chef du Commandement Nord de l’armée israélienne, plaide activement pour un retour à cette stratégie. Il propose une incursion terrestre pour créer un buffer entre le Hezbollah et les villages israéliens de Galilée, affirmant que cela pourrait garantir la sécurité d’Israël à long terme.

Cependant, cette option n’est pas sans risques. Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, dispose d’un arsenal de plus de 150 000 roquettes, y compris des missiles de précision, capables de frapper des cibles israéliennes. Une telle offensive pourrait rapidement dégénérer en guerre totale, une perspective qui effraie de nombreux responsables militaires et politiques israéliens.

Gallant contre une offensive : priorité à une solution diplomatique

Yoav Gallant, ministre de la Défense, est en première ligne de ceux qui s’opposent à cette opération. Contrairement aux appels à l’action militaire immédiate, Gallant préconise une approche plus mesurée. Il estime que le moment n’est pas propice à une guerre contre le Hezbollah, qui serait un adversaire beaucoup plus redoutable que le Hamas. Son opposition repose également sur la volonté de donner une chance à la diplomatie et aux négociations en cours pour un cessez-le-feu dans Gaza, où 101 otages israéliens sont encore retenus.

Gallant s’est exprimé auprès du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en soulignant que bien qu’une solution diplomatique avec le Hezbollah semble s’éloigner, il reste essentiel d’explorer cette voie avant de recourir à la force. Selon lui, une guerre contre le Hezbollah nécessiterait une réduction des forces militaires actuellement engagées à Gaza, ce qui pourrait compromettre les opérations en cours contre le Hamas et la libération des otages.

Netanyahu prêt à sacrifier Gallant ?

Les divergences entre Gallant et Netanyahu sur la stratégie militaire au Liban ont atteint un point critique. Des rapports israéliens affirment que Netanyahu serait prêt à limoger Gallant si ce dernier persiste dans son opposition à une opération au Nord. Pour Netanyahu, une opération limitée au Sud-Liban pourrait non seulement repousser le Hezbollah de la frontière, mais également renforcer la position d’Israël dans d’éventuelles négociations diplomatiques futures.

Cependant, certains analystes se demandent si Netanyahu soutient réellement une intervention militaire, ou s’il ne fait qu’exprimer publiquement son soutien pour calmer l’opinion publique, qui réclame des actions plus fermes face à la menace du Hezbollah. Son hésitation à prendre une décision claire pourrait aussi refléter les défis logistiques auxquels fait face Israël, en particulier avec une partie importante de son armée mobilisée à Gaza.

La médiation américaine en jeu

Au milieu de ce bras de fer politique et militaire, la diplomatie américaine joue un rôle crucial. Amos Hochstein, émissaire américain au Moyen-Orient, est arrivé en Israël pour des discussions avec les principaux dirigeants du pays, notamment Netanyahu, le président Isaac Herzog et Gallant. Il est également attendu qu’il se rende au Liban pour tenter de désamorcer les tensions à la frontière israélo-libanaise.

Les États-Unis, tout en soutenant Israël dans sa défense, sont conscients des dangers qu’un conflit à grande échelle avec le Hezbollah pourrait représenter pour la région. Une telle escalade pourrait impliquer non seulement le Liban, mais aussi d’autres acteurs régionaux tels que les Houthis au Yémen, qui ont déjà lancé des missiles balistiques en direction de Tel Aviv. Washington tente donc de favoriser une solution diplomatique avant que la situation ne dégénère davantage.

Le précédent de la zone de sécurité

Le souvenir de l’occupation israélienne au Sud-Liban entre 1985 et 2000 reste vif pour de nombreux Israéliens. À cette époque, l’armée israélienne avait établi une zone de sécurité avec l’appui de milices locales, notamment l’Armée du Sud-Liban (SLA). Cependant, les pertes humaines causées par le Hezbollah et la pression de l’opinion publique israélienne avaient poussé le gouvernement à se retirer en 2000. Aujourd’hui, la perspective d’une nouvelle occupation suscite des craintes similaires : une guerre prolongée, des pertes humaines importantes, et un mouvement de résistance encore plus déterminé du côté du Hezbollah.

Le risque d’une guerre régionale

Si Israël lance une offensive contre le Hezbollah, les conséquences pourraient être désastreuses non seulement pour Israël et le Liban, mais pour l’ensemble du Moyen-Orient. Le Hezbollah a clairement indiqué qu’il cesserait ses attaques sur Israël uniquement une fois la guerre à Gaza terminée, mais le risque que le conflit s’étende reste bien réel. Le Hezbollah est soutenu par l’Iran, et une intervention militaire israélienne pourrait rapidement entraîner une réponse coordonnée d’autres acteurs régionaux.

Newsdesk Libnanews
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