Le Liban découvre sa révolte intime.

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Depuis la déclaration de l’indépendance en 1943, la structure de l’Etat et de ses institutions insiste sur l’importance de la coexistence sans avoir initié pratiquement un chantier continu de dialogue correspondant. Il aurait traduit la réflexion et la compréhension sans tabous de nos histoires religieuses, la confiance en une cohabitation non trompeuse et la coalition pour le meilleur entre nous, malgré les mésententes inhérentes à nos 18 confessions.

Nous avons dépendu essentiellement des garanties circonstancielles internationales car nous -les gens et les dirigeants- avons accepté le fait accompli de nos conflicts traditionnels comme cette non capacité à construire une indépendance consensuelle, un réel vouloir et pouvoir national. Nos “dirigeants” ont ainsi permis, favorisé et abusé d’une “citoyenneté” tronquée. Elle assure la décharge de leurs responsabilités face à un citoyen immature, longtemps demeuré confondu à leurs volontés. Ils pouvaient user jusqu’à abuser
des prétextes qui défendent la préservation des minorités et des multiples susceptibilités confessionnelles.

La constante recherche du statut-quo socio-politique fragile va se faire au détriment d’une claire participation citoyenne, non controversée et non ligotée à l’opportunisme des hommes d’affaires rapaces, habillés en “responsables”. La logique des droits et des obligations pour chacun va demeurer jusqu’en août 2015 un projet aussi enchevêtré que complexe pour les gens. Aujourd’hui les allégeances et les appartenances ouvertes ou tacites sont assimilées par les libanais à leurs justes mesures.

Nos problématiques ont été ligotées par une constitution stagnante depuis 73 ans et par des politiques opportunistes et exploitatrices. Elles confirment encore, le féodalisme de rigueur, les héritages implacables, le silence qu’on finance, l’ignorance qu’on manipule et la coupure totale avec les appels légitimes et massifs des libanais. Cependant, malgré tant d’avertissements et grâce aux immanquables ratages des “politiciens”, le Liban découvre une irréversible maturité par sa révolte intime et incorruptible.

Joe Acoury.

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