Claire, Souraya et Walid se retrouvent sur Meet pour partager des vécus. Chacun d’eux vit ailleurs, alors que le Liban sombre dans un labyrinthe de controverses, d’espoirs et de terribles constats. Tant parmi nous souffrent d’être ” les otages du système politique “. Cependant, la tolérance générationelle pour le service opportun a permis, un centenaire durant, une disproportion des choix électoraux irresponsables ainsi que la multitude des influences arbitraires, locales et internationales, au détriment d’une pratique de l’indépendance nationale autant au niveau individuel que communautaire.

C’est d’abord l’individu qui décide ou pas de se disposer aux préjugés”sécurisants”, aux dépendances figées ou stériles et à leurs conséquences effarantes à chaque cri de faim et d’humiliation.

Claire exprime à ce sujet : je me suis disposée à rester dans le carré du poliquement correct en famille et ce, depuis le jeune âge. On m’a appris à taire un regard différent pour ne froisser quiconque, à contourner un avis selon les formes obligées, à tolérer de profondes frustrations et à cumuler de légitimes colères afin de ne pas égratigner l’ordre parental ou l”establishment établi. Je n’ai que rarement fait face seule à mes adaptations, à mes embarras, à mes contradictions et à mes frustrations. Mes parents ont presque toujours accouru pour décider à ma place. Lors d’un sérieux désaccord les seules actions que je prends en charge sont les suivantes : avaler ma tension, me mettre en conflit, éviter ou casser un lien. Je n’ai découvert que bien tard à 18 ans l’événement de la majorité, sans avoir appris à participer pleinement à mon autonomie.

Souraya répond : Oui, ces parents omniprésents ne facilitent notre progression vers l’âge adulte mais une adolescence perplexe qui les rend indispensables. Ces aînés ressemblent étrangement à la sécurité factice de ceux qui s’accrochent aux tutelles politiques rien que pour perdurer dans une sphère intime de non prise en charge de soi et de ses tiraillements intérieurs. 

Walid précise alors: Chose bizarre, je suis en train de suivre les restrictions pour survivre au COVID-19. Pour des millions d’individus l’urgence d’une distanciation peut nous rappeller un animal en cage, un robot qui s’ajuste aux recommandations sanitaires ou un numéro sur une liste d’attente pour un vaccin ou une chambre isolée à jamais. Aujourd’hui j’ai enfin compris que tant de libanais souffrent depuis si longtemps d’un confinement très similaire, sans devoir le conscientiser. C’est ainsi qu’on dilapide un temps précieux à survivre en étant ligoté aux formes convenues et aux révoltes accusatrices. Rien ne vaut un esprit lucide qui bat fort car il indique en nous l’urgence du nouveau départ.   

Celui qui nous enseigne à ne plus rester otages de nos ratages mais à devenir des correcteurs acharnés ! 

Newsdesk Libnanews
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