Le 24 mars 2025, l’Association des banques du Liban (ABL) a publié des données révélant une chute significative des chèques compensés dans le système financier libanais en février 2025, reflet d’une crise économique persistante. Parmi ces chèques, ceux émis à partir de comptes en dollars frais, encouragés par la Banque du Liban (BDL) pour réduire la dépendance au cash, ont été détaillés, mais leur adoption reste limitée face à la méfiance envers le système bancaire.
Une chute marquée des chèques compensés
Selon l’ABL, le nombre total de chèques compensés a plongé de 18 295 en février 2024 à 8 910 en février 2025, soit une baisse de 51,3 %. La valeur des chèques compensés en livres libanaises a diminué de 14,1 %, passant de 4 706 milliards de LBP à 4 041 milliards de LBP, tandis qu’en devises étrangères, principalement en dollars, elle a chuté de 26,8 %, de 127 millions de dollars à 93 millions de dollars. Les volumes de chèques compensés ont également baissé : 50,28 % pour les chèques en livres libanaises (17 985 chèques) et 78,32 % pour ceux en devises étrangères (1 160 chèques). Le taux de dollarisation des chèques en volume est ainsi passé de 12,89 % en février 2024 à 6,06 % en janvier 2025.
Les chèques en dollars frais : un focus précis
Dans le cadre de la circulaire 165 de la BDL, entrée en vigueur le 1er juin 2023, les déposants peuvent émettre des chèques à partir de comptes en dollars frais ou en livres libanaises, via un système de compensation distinct des dépôts antérieurs à la crise. En février 2025, 4 605 chèques ont été émis à partir de ces comptes dits « frais ». Parmi eux, les chèques en dollars frais représentent 3 467 chèques, pour une valeur totale de 48,05 millions de dollars. Les 1 138 chèques restants, émis en livres libanaises, totalisent 2 239 milliards de LBP. Ces chèques en dollars frais visent à encourager les paiements scripturaux et à réduire la dépendance au cash, mais leur volume reste modeste face à la baisse globale de l’activité.
Une situation contrastée pour les chèques retournés
Le nombre de chèques retournés a diminué de 58,61 % sur un an, atteignant 101 chèques en février 2025. Leur valeur en livres libanaises a baissé de 60,13 %, à 61 milliards de LBP, mais celle des chèques retournés en devises étrangères a bondi de 215,79 %, atteignant 60 millions de dollars. Cette hausse pourrait refléter des difficultés spécifiques aux comptes en dollars, dans un contexte de restrictions bancaires strictes.
Une économie en crise, un système bancaire à la peine
Ces chiffres s’inscrivent dans une crise économique profonde. Le Liban, avec une inflation à 174 % en février 2025 et une livre à 92 000 LBP pour 1 USD, voit son système bancaire paralysé. La circulaire 165, bien qu’innovante, peine à restaurer la confiance : les Libanais privilégient le cash pour 78 % de leurs transactions, et la baisse des chèques compensés illustre cette méfiance. Le gouvernement de Nawaf Salam, en place depuis février 2025, doit relever un défi colossal pour relancer un secteur bancaire exsangue et répondre aux exigences du FMI en matière de restructuration.
