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Cessez-le-feu fragile entre la Syrie et le Liban

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Dans la nuit du dimanche 16 mars 2025, la frontière syro-libanaise, théâtre de rivalités historiques, a basculé dans la violence avec des affrontements qui ont coûté la vie à au moins sept personnes et blessé 52 autres en deux jours, selon le ministère libanais de la Santé. L’Observatoire syrien des droits humains, basé au Royaume-Uni, a quant à lui rapporté la mort de cinq soldats syriens lundi. Ce conflit, enraciné dans un contexte tribal et exacerbé par des violences récentes, a poussé les deux pays au bord d’une escalade militaire, avant qu’un cessez-le-feu fragile ne soit négocié.

Les hostilités ont débuté dimanche soir dans le village libanais de Qasr, près de la province syrienne de Homs. Les autorités de Damas ont initialement affirmé que trois de leurs soldats avaient été enlevés et tués, mais une source sécuritaire libanaise a clarifié que ces militaires ont été abattus à Qasr par des hommes armés locaux, dans un incident lié à des activités de contrebande plutôt qu’à une opération du Hezbollah. Cette zone frontalière, dominée par des clans tribaux comme les Zaiter et les Jaafar, est depuis longtemps un carrefour de tensions et de trafics illicites. En réaction, les forces syriennes ont bombardé le territoire libanais, provoquant une riposte de l’armée libanaise lundi 17 mars, selon l’Agence nationale de l’information (NNA).

Un bilan humain tragique

Le ministère libanais de la Santé a détaillé les pertes : six personnes, dont des civils, ont été tuées lundi, tandis qu’un garçon de 15 ans a succombé dimanche soir. Le ministre de l’Information, Paul Morkos, a signalé qu’un enfant figurait parmi les victimes des obus syriens, avec six autres blessés et un déplacement massif de civils. Dimanche, un fait macabre a accentué l’horreur : plusieurs Libanais ont été retrouvés égorgés près de la frontière, un acte qui fait écho à une série d’enlèvements et d’exécutions perpétrés par des Syriens contre des Libanais il y a quelques semaines, ravivant les rancœurs tribales dans la région.

Côté syrien, l’agence SANA a rapporté que deux journalistes ont été blessés lundi à Homs par un missile, attribué sans preuves au Hezbollah. L’Observatoire syrien des droits humains a confirmé la mort de cinq soldats syriens lors des combats de lundi, soulignant la confusion qui règne dans cette zone où les loyautés tribales et les intérêts criminels brouillent les lignes de front.

Réponse militaire et apaisement diplomatique

Le président libanais Joseph Aoun a réagi lundi, déclarant sur X que « la situation aux frontières est et nord-est doit cesser ». Il a ordonné à l’armée de riposter aux tirs syriens, une directive exécutée hier, lundi 17 mars, lorsque les forces libanaises ont bombardé les positions ennemies avec « des armes appropriées », selon la NNA. L’armée a depuis renforcé ses défenses pour protéger le territoire. Plus tôt, elle avait facilité le retour des corps des trois soldats syriens à Damas, dans une tentative de désamorcer la crise.

Sur le plan diplomatique, Aoun a chargé le ministre des Affaires étrangères, présent à Bruxelles pour une conférence des donateurs sur la Syrie, de négocier avec Damas. Ces efforts ont abouti lundi soir à un accord entre le ministre libanais de la Défense, Michel Menassa, et son homologue syrien, Marhaf Abu Qasra, pour instaurer un cessez-le-feu et renforcer la coordination entre les deux armées, selon des communiqués officiels des deux ministères.

Contexte tribal et spirale de violences

La frontière syro-libanaise, longue de 375 kilomètres, est un terrain disputé où les clans tribaux jouent un rôle central. Les incidents de Qasr s’inscrivent dans une dynamique de représailles : il y a quelques semaines, des Syriens ont enlevé et tué des Libanais, un acte qui a attisé les tensions. Dimanche, la découverte de Libanais égorgés a amplifié cette spirale de vengeance, certains clans locaux accusant des groupes syriens, sans lien clair avec le Hezbollah. Une source du ministère syrien de la Défense, citée par SANA, a affirmé que l’opération en cours à Homs visait à démanteler les réseaux de contrebande et à expulser les milices des villages frontaliers, une allusion implicite aux activités tribales et criminelles.

Paul Morkos a précisé que les trois soldats syriens tués étaient des contrebandiers, une version alignée sur le récit libanais qui minimise le rôle du Hezbollah. Ce dernier, bien que puissant dans la région, n’a pas été directement impliqué dans cet incident, malgré les soupçons de Damas.

Une région sous pression

Sous l’ancien régime de Bachar el-Assad, renversé en décembre 2024 par des rebelles islamistes, la Syrie servait de corridor pour les armes iraniennes destinées au Hezbollah. Depuis, les nouvelles autorités cherchent à sécuriser leurs frontières, lançant en février une campagne contre la contrebande dans la province de Homs. Ces efforts ont ravivé les frictions avec le Liban, où les clans frontaliers, souvent liés à des milices, maintiennent leur emprise sur les trafics illicites.

Pour le Liban, déjà en proie à une crise économique et politique, ces violences aggravent une situation précaire. Les bombardements libanais de lundi témoignent d’une volonté de défendre la souveraineté, mais l’armée, sous-financée, peine à tenir tête à des menaces prolongées. Les civils, pris entre les feux croisés et les règlements de comptes tribaux, fuient en masse, accentuant la crise humanitaire.

Résonances internationales

À Bruxelles, le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, a averti que Damas ne tolérerait aucune atteinte à sa souveraineté, pointant du doigt les « milices aux frontières » comme une menace. Bien que le Hezbollah n’ait pas été nommé, ses activités historiques dans la région alimentent les soupçons. Ce discours illustre la détermination du nouveau régime syrien à s’affirmer, dans un contexte régional marqué par l’effondrement des anciennes alliances.

Le cessez-le-feu de lundi soir offre un répit, mais les racines du conflit — vengeance tribale, contrebande et rivalités géopolitiques — restent intactes. Les récents enlèvements et exécutions, de part et d’autre, suggèrent que la paix demeure précaire, tandis que les deux armées se préparent à d’éventuelles reprises des hostilités.

Une frontière au bord du gouffre

Les événements des 16 et 17 mars 2025 révèlent la vulnérabilité d’une région bouleversée par la chute d’Assad et les luttes de pouvoir qui en découlent. Entre les ambitions sécuritaires de la Syrie et la fragilité du Liban, la frontière syro-libanaise reste un foyer de tensions, où la moindre étincelle pourrait rallumer le feu. Le cessez-le-feu tiendra-t-il face à ces défis persistants ? L’avenir reste incertain.

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Newsdesk Libnanews
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