La guerre des mots entre le Premier Ministre Saad Hariri et l’ancien député Walid Joumblatt s’est encore aggravée

Un certain nombre de dissensions étaient apparus ces dernières semaines entre les 2 hommes. À l’issue d’une réunion entre le Premier Ministre désigné et Walid Joumblatt, le quotidien Al Anbaa avait lancé une rumeur faisant état d’un désistement de Saad Hariri dans le processus de formation du gouvernement, il y a 2 semaines. Des sources proches du Premier Ministre avaient déjà démenti ces rumeurs.

Alors que la formation du gouvernement était annoncé, Walid Joumblatt aurait soufflé le chaud et le froid, indiquant ne pas croire que ce dernier puisse être formé et refusant par ailleurs d’échanger le Ministère de l’Industrie contre celui du développement administratif avec le Président de la Chambre Nabih Berry.

Au final, ce sont les Forces qui accepteront d’abandonner le Ministère de la Culture au profit de ce dernier, débloquant ainsi la formation du gouvernement qui sera proclamé le 31 janvier 2019 depuis le perron du Palais Présidentiel de Baabda.

Autre écueil désormais entre les 2 hommes, celui d’un officier des FSI – le Colonel Wael Malaeb – proche de l’ancien député druze suspendu par le commandant Imad Othman – proche de Saad Hariri -. Il ferait parti de 5 officiers – de diverses confessions, un druze, un chrétien, un chiite et un sunnite – actuellement accusés de corruption.

Dernier point de désaccord, la nomination d’un ministre en charge des réfugiés, Saleh al Gharib, proche de son adversaire druze Talal Arslan et accusé, selon Joumblatt d’être également proche du régime syrien. Ce dernier aura notamment pour charge le dossier du retour des réfugiés syriens présents au Liban et dont le nombre est estimé à 1.5 millions de personnes.

Joumblatt: Si Saad Hariri renonce aux accords de Taëf, le Liban sera plongé dans une crise majeure

L’ancien député avait accusé le Premier Ministre d’avoir laissé tomber les accords de Taëf, signé le 22 octobre 1989 , destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise de 1975 à 1990. Il faisait allusion au rôle tenu par le Ministre des Affaires Étrangères Gébran Bassil dans la formation du gouvernement et dans la rédaction de la lettre d’intention qui devra être présenté devant le parlement.

Aussi, le Ministre des AF s’était exprimé lors d’une conférence de presse, estimant que la déclaration d’intention du gouvernement devrait porter sur 3 dossiers principaux, la lutte contre la corruption, la question des réfugiés syriens et la résolution de la crise économique grave que traverse le Liban.

À l’issue d’une réunion avec les parlementaires du PSP ce dimanche, Walid Joumblatt a indiqué qu’une délégation se rendra auprès du Président de la République, le Général Michel Aoun, et auprès du Président de la Chambre Nabih Berry, pour les interroger sur le devenir des accords de Taëf.

“Si Hariri souhaite renoncer aux accords de Taëf, cela va créer une crise majeure dans le Pays”
Walid Joumblatt

Walid Joumblatt a cependant indiqué qu’il ne retirera pas ses ministres du gouvernement tout juste constitué.

Saad Hariri réplique: ces attaques visent à à attaquer le rôle, le prestige et l’efficacité de la fonction du Premier Ministre

Le Premier Ministre Saad Hariri, désormais en exercice, a indirectement répondu à Walid Joumblatt ans un communiqué publié par son bureau de presse.

Selon ce communiqué, ces attaques visent à à attaquer le rôle, le prestige et l’efficacité de la fonction du Premier Ministre. Il a également estimé que ceux qui l’attaqueront devront démissionner.

Le Premier Ministre a également réitéré son attachement aux accords de Taëf et à la constitution libanaise.

La fonction de Premier Ministre ne sera une cible facile pour personne… et elle n’a pas besoin de conférences sur les normes constitutionnelles ni les exigences de qui que ce soit“, peut-on lire dans ce communiqué, en référence aux accusations d’abrogation des accords de Taëf lancées par Walid Joumblatt sans le nommer directement. Le communiqué accuse également indirectement l’ancien député druze de falsifier les faits notamment concernant la déclaration d’intention du cabinet tout juste formé.

Selon le Premier Ministre, les accusations de corruption faites par Walid Joumblatt visent à déstabiliser l’action gouvernementale. Il faisait allusion aux propos de l’ancien député qui – tout en félicitant le Premier Ministre pour la formation du gouvernement – avait dénoncé les contrats concernant la centrale électrique de Deir Amar et celui du stockage d’hydrocarbures à la société russe Rosneft passés aux derniers jours de l’ancien gouvernement par des ministres proches du CPL.

Les déclarations du Ministre des AF viennent en échos à la réponse du Premier Ministre Saad Hariri à l’ancien député.

Selon le Premier Ministre, les accusations de corruption faites par Walid Joumblatt visent à déstabiliser l’action gouvernementale. Il faisait allusion aux propos de Walid Joumblatt qui – tout en félicitant le Premier Ministre pour la formation du gouvernement – avait dénoncé les contrats concernant la centrale électrique de Deir Amar et celui du stockage d’hydrocarbures à la société russe Rosneft passés aux derniers jours de l’ancien gouvernement par des ministres proches du CPL.

Selon le Ministre des AF actuellement à Bruxelles, “ces tentative de perturber (le travail du gouvernement) auraient débuté avant sa mise fonction”. Gébran Bassil indique également que la formation du nouveau cabinet permet l’ouverture d’une nouvelle phase pour diner une chance à ce pays.

Abordant la question de la mise en examen d’un colonel des FSI – le colonel Waël Malaeb- proche de Walid Joumblatt suspendu de ses fonctions par le Commandant des FSI Imad Othman – proche de Saad Hariri – sur fonds d’accusations de corruption, Gébran Bassil a dénoncé les protections politiques dont certains responsables font l’objet: “Si à chaque fois qu’un responsable corrompu est poursuivi, le problème sera décrit comme une attaque contre une secte et son chef, cela signifie que la responsabilité ne visera aucun responsable corrompu”.
Le dirigeant du CPL qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille a estimé inacceptable les protections “politiciennes” de quiconque qui soit accusé de détournement de fonds publics.

Sur le dossier du colonel Malaeb, le ministre a indiqué qu’outre lui, plusieurs autres officiers appartenant à des sectes différentes, druzes, chiites, sunnites, maronites et grecques orthodoxes, sont impliqués sans que de telles accusations fassent surface

Le Ministre de l’Industrie Waël Abou Faour monte aux créneaux et s’en prend à Gébran Bassil

Le Ministre de l’Industrie, Waël Abou Faour, proche de Walid Joumblatt, s’en ait pris, au cours d’une conférence de presse organisée lors de la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur Hussein Al Hajj, au Ministre des Affaires Étrangères, l’accusant d’hérésie et de vouloir exercer une hégémonie sur le Liban.

Il a également accusé la Présidence de la République de ne pas avoir distribué des copies des accords de Taëf, lors de la première réunion du conseil des ministres, une première selon lui.

L’attaque contre l’accord de Taef est évidente et la vengeance contre l’accord de Taef est flagrante. Cela se manifestait principalement dans la règle que le ministre Bassil avait essayé d’introduire et avait été rejetée par nous. Aujourd’hui, nous le rejetons à nouveau. Selon cette règle, tous les quatre ou cinq députés ont le droit de nommer un ministre. D’où vient cette hérésie?

Wael Abou Faour

Il a également accusé Gébran bassil d’avoir 3 représentants sur les 10 chargés de rédiger la déclaration d’intention du prochain gouvernement.

Le Ministre de l’Industrie a conclu en mettant en garde: “
Tous les partis et toutes les forces politiques devraient être égaux au Conseil des ministres, sinon ce système politique ne fonctionnerait pas correctement.”

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