Le 10 septembre 2020, la Délégation de l’Union européenne au Liban a récompensé les lauréats de la 15e édition du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse, en partenariat avec la Fondation Samir Kassir. Les résultats ont été annoncés lors d’une émission spéciale diffusée sur la chaîne LBCI. Le Prix Samir Kassir, établi et financé par l’Union européenne, est à la fois l’événement phare annuel de la liberté de la presse et le prix de journalisme le plus prestigieux en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe.

Le Prix revêt cette année une importance particulière, à la lumière des conséquences de la pandémie de COVID-19 et de l’explosion tragique du port de Beyrouth le 4 août. Plus que jamais, le prix met en lumière le caractère indispensable d’une couverture médiatique indépendante et de qualité. Les institutions médiatiques en ligne, dynamiques et indépendantes connaissent un essor remarquable dans la région et prônent la transparence, la responsabilisation et l’accès à l’information. Dans un monde où la transition numérique s’accélère, ces institutions deviennent une alternative crédible et permettent à des communautés souvent oubliées ou marginalisées de s’exprimer.

Le Prix Samir Kassir récompense les journalistes pour la qualité de leur travail et leur engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Cette année, 212 journalistes d’Algérie, du Bahreïn, d’Égypte, d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Libye, du Maroc, de Palestine, de Syrie, de Tunisie et du Yémen ont participé au concours. La catégorie « Article d’opinion » comptait 85 candidats, la catégorie « Article d’investigation » 84 et la catégorie « Reportage audiovisuel d’information » 43. Dans chaque catégorie, le gagnant reçoit une récompense de 10 000 €. Les deux finalistes de chaque catégorie reçoivent chacun 1 000 €.

Organisé tous les ans depuis 2006, le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse rend hommage au journaliste libanais Samir Kassir, assassiné le 2 juin 2005 à Beyrouth. La cérémonie, qui se tient habituellement début juin, a été reportée cette année en raison des dispositifs sanitaires et organisée selon un nouveau format plus adapté aux circonstances actuelles. Des milliers de personnes ont regardé la cérémonie télévisée, animée par la journaliste libanaise Nicole Hajal, sur la LBCI au Liban et par satellite à travers le monde et sur les réseaux sociaux.

Les lauréats de la 15e édition sont :

– Catégorie « Article d’opinion » : Rim Ben Rjeb, journaliste tunisienne née en 1990 et spécialisée dans les questions de genre. Son article « Il y a du sang dans la culotte : Hafsa et le chromosome maudit » a été publié le 30 juin 2019 dans le magazine en ligne Jeem. Il dresse le portrait intime de la sœur de la journaliste, atteinte de trisomie 21. Il s’agit d’une réflexion poignante sur la vie sexuelle des personnes souffrant d’handicap.

– Catégorie « Article d’investigation » : Mostafa Abu Shams, journaliste d’investigation syrien né en 1979 et basé à Bordeaux en France. Son article « Enfants de l’inconnu », publié dans Al-Jumhuriya le 16 mai 2019, révèle le sort de 12 000 enfants nés d’unions entre des femmes syriennes et des combattants étrangers qui ont rejoint l’État islamique en Syrie. Ces enfants n’ont aucun droit et ne sont pris en charge ni par les autorités ni par d’autres parties du conflit syrien. 

– Catégorie « Reportage audiovisuel d’information » : Dalal Mawad, journaliste libanaise née en 1985, productrice vidéo à l’agence Associated Press. Son reportage « Au Liban, une femme transgenre raconte son histoire » a été diffusé sur Daraj Media le 10 avril 2019. Il met en lumière le courage d’une femme libanaise transgenre et les épreuves qu’elle a dû surmonter dans une société conservatrice pour vivre librement.

L’Ambassadeur de l’Union européenne au Liban Ralph Tarraf a déclaré : « Il est inacceptable que des gens soient persécutés et poursuivis en raison de ce qu’ils disent, écrivent ou simplement expriment sur les réseaux sociaux. Personne, y compris les journalistes et autres acteurs du monde des médias, ne doit subir la violence, l’oppression, le harcèlement et l’intimidation dans l’exercice de sa profession et dans sa vie quotidienne. Nous soutenons la liberté d’expression en ligne et hors ligne et le combat contre l’impunité des crimes contre les journalistes ».

De son côté, Gisèle Khoury, Présidente de la Fondation Samir Kassir a dit que le rôle de la Fondation est d’être « un bouclier qui défend les jeunes femmes et hommes de la région qui ont décidé de briser le mur de la peur. Le Prix Samir Kassir récompense les journalistes les plus valeureux qui disent la vérité et, ce faisant, protègent leur société et empêchent, grâce à leurs investigations courageuses et professionnelles, des tragédies semblables à l’explosion de Beyrouth ».

Comme tous les ans, un jury indépendant a départagé les candidats. Il était composé de sept professionnels des médias, universitaires et défenseurs des droits de l’homme d’Europe et du Moyen-Orient : Bakhtiar Amin (Irak), ancien ministre des Droits de l’homme et ancien président de Fondation pour le Futur ; Thijs Berman (Pays-Bas), directeur exécutif de l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite et ancien conseiller principal du représentant de l’OSCE pour la liberté des médias ;Sam Dagher (Liban), auteur primé, journaliste contributeur au magazine The Atlantic et fellow au Middle East Institute ; Farouk Mardam Bey (Syrie/France), directeur de la maison d’édition Sindbad-Actes Sud et représentant de la Fondation Samir Kassir auprès du jury ; Bessma Momani (Jordanie/Canada), vice-présidente adjointe et professeure de sciences politiques à l’université de Waterloo ; Audrey Pulvar (France), présidente du fonds African Pattern et ancienne animatrice de télévision ; etCecilia Uddén Mannheimer (Suède), correspondante de la radio suédoise au Moyen-Orient.

En 2020, un Prix des étudiants a été instauré pour la première fois. Les étudiants des universités libanaises ont eu la chance d’interagir virtuellement avec les dix finalistes et de débattre des défis majeurs auxquels font face les sociétés en général et les journalistes en particulier, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans les pays du Golfe. Suite au débat, les étudiants ont voté pour l’Irakien Kamal Ayash et son article « Une génération d’anomalies congénitales à Fallouja : quinze ans après le bombardement au phosphore » publié dans Daraj Media le 3 avril 2019. Son article examine les répercussions des armes chimiques utilisées dans la ville de Fallouja sur les nouveau-nés et le manque de transparence et de reddition de comptes autour de cette affaire.

Les journalistes ont un rôle clé : ils exposent les faits, mènent des enquêtes et font la lumière sur la vérité. En garantissant l’accès à l’information, les professionnels des médias contribuent à la promotion de la transparence et de la responsabilité dans leurs sociétés. L’Union européenne est fière de soutenir le Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse. Toutes les informations sur l’édition 2020 du Prix Samir Kassir, les articles et le reportage audiovisuel, ainsi que les biographies, articles et reportages des lauréats depuis le lancement du Prix en 2006 sont disponibles sur le site Internet : www.prixsamirkassir.org.

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