Liban/Histoire: le retrait des troupes syriennes le 26 avril 2005

1896

Une présence syrienne confirmée par les accords de fraternité de coopération et de coordination

Dès lors, Damas élargira son emprise sur le Liban, à l’exception du Sud du Liban, sous occupation israélienne jusqu’en 2000, au détriment de la communauté chrétienne notamment.

Les premières élections législatives sous contrôle syrien qui se dérouleront en 1992 seront marquées par un fort boycott dans les régions chrétiennes, certains députés étant élus avec seulement 42 voix.

Par ailleurs, parmi les 300 000 personnes qui reçurent la nationalité libanaise lors du décret présidentiel de 1994, plus de 70% étaient syriennes, encore aggravant cette vision des choses. Ces personnes nouvellement naturalisées feront pencher la balance électorale lors des élections qui suivront en faveur des candidats pro-syriens, les partis de l’opposition peinant fortement à percer.

Sur le plan sécuritaire, les forces syriennes désarmeront les différentes milices, à l’exception de l’Armée du Liban Sud soutenue par Israël et du duo chiite Amal et Hezbollah qui se trouvent face à elle.

Sur le plan économique, le Liban pourtant exsangue en raison de la guerre civile servira de “pompe à fric” pour la Syrie, dont certains dirigeants profiteront largement à titre personnel. Ainsi, le vice-président syrien, ami de Rafic Hariri, devenu premier ministre dès 1993, recevra des commissions allant jusqu’à 10% sur la passation de marchés publics alors que le marché de la reconstruction s’avère être fructueux, sans évoquer les commissions accordées à de hauts responsables syriens.

Dès lors, à chaque crise, Damas sera juge et arbitre, les dirigeants libanais se rendant fréquemment dans la capitale syrienne pour demander la médiation des autorités syriennes.

Elu le 24 novembre 1989, le président de la république Elias Hraoui verra son mandat être prolongé pour 3 ans supplémentaires avec la bénédiction de Damas et s’achèvera le 23 novembre 1998. Son premier premier ministre sera Salim Hoss en 1990, puis Omar Karamé de 1990 à 1992. Ce dernier sera obligé de démissionner le 13 mai 1992 sous la pression de la rue qui proteste contre la cherté de la vie et de la brusque détérioration de la parité de la livre libanaise qui atteindra jusqu’à 3 000 LL/USD.

Finalement arrivera au Grand Sérail, Rafic Hariri, l’un des architectes des accords de Taëf, qui sera son premier ministre jusqu’à la fin de son mandat. Certains prétendront que l’attaque contre la livre libanaise a été induite par les banques dont il était le propriétaire et l’appui de certains de ses amis qui souhaitaient obtenir son arrivée au pouvoir.

Premier Ministre, les années Rafic Hariri seront marquées par différents projets dont la reconstruction du centre-ville de Beyrouth, confiée à SOLIDERE, une société constituée à cet effet mais dont le rôle est marqué de nombreuses polémiques, notamment en raison de l’expropriation forcée de nombreux ayants-droits et sous-évaluation de leurs biens, par la mise en place des réseaux de télécommunication mobile mais aussi par l’arrivée à la tête de la Banque du Liban, de Riad Salamé, qui stabilisera la parité de la livre libanaise au prix de taux d’intérêts élevés, qui atteindront même le record de 38%.

Les dépenses publiques seront alors financées par un important endettement public prévu dans le cadre du plan Horizon 2000, prévoyant un endettement public qui devrait atteindre 120% par rapport au PIB.

Parallèlement les attaques israéliennes se poursuivent notamment en 1996, entre le 11 et le 27 avril 1996. Israël lance alors une campagne de bombardement appelée opération Raisins de la colère contre des cibles situées sur le territoire libanais dans le but d’affaiblir le Hezbollah.

Le 23 décembre 1998, sera élu Président de République, le commandant de l’Armée Libanaise Emile Lahoud, avec la bénédiction de Damas dont il est considéré comme étant un proche. Celui-ci nommera Salim Hoss, Premier Ministre. Face aux dépenses et à l’augmentation importante de la dette publique, il décidera de mettre en place une politique d’austérité. Il démissionne en 2000 après sa défaite aux élections législatives face à la liste de Rafic Hariri.

En 2000, le retrait des troupes israéliennes du Sud du Liban mais également le décès du président syrien Hafez el Assad permettent une remise en cause de la présence syrienne au Liban.

Naitra d’abord la Rencontre de Kornet Chehwa dès 2001, une réunion des différents partis politiques locaux d’opposition à la présence syrienne à l’appel des évêques maronites et parrainé par le Patriarche maronite Nasrallah Boutros Sfeir, en l’absence des principaux groupes qui ont été exilés ou mis en prison.

Parallèlement en août 2001, le patriarche effectuera une tournée historique dans le Chouf, marquant ainsi la réconciliation officielle avec la communauté druze et son dirigeant Walid Joumblatt quelques dizaines d’années après la guerre de la montagne et les massacres qui avaient alors suivi. 

Cette réconciliation a été l’un des éléments précurseurs à la convergence d’intérêts entre les différentes communautés composant le Liban afin d’obtenir le retrait des troupes syriennes. 

Sur le plan international, la communauté internationale commencera à reprendre pied sur le dossier libanais, notamment à l’approche des élections présidentielles prévues en 2004, alors que Damas souhaiterait plutôt obtenir la prolongation du mandat d’Emile Lahoud et les États-Unis y voyant l’assurance du maintien de la présence syrienne au Liban s’y opposant, menaçant d’intervenir militairement au nom du Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restauration Act qui entre en vigueur le 12 décembre 2003.

Dates clés de la Pax Syriana (1990-2000)

novembre 24, 1989

Election d’Elias Hraoui

Elias Hraoui devient président de la République

novembre 24, 1989
octobre 13, 1990

La fin des zones libres

L’armée syrienne prend le contrôle des zones libres

octobre 13, 1990
octobre 31, 1992

Premier gouvernement Hariri

Rafic Hariri est nommé Premier Ministre pour la première fois après la démission de Rachid Karamé suite à d’importantes manifestaions

octobre 31, 1992
décembre 23, 1998

Election d’Emile Lahoud

Election du commandant de l’Armée Libanaise comme président de la République. Salim Hoss succède à Rafic Hariri.

décembre 23, 1998
mai 24, 2000

Retrait israélien du Sud Liban

mai 24, 2000

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