IMA : Hommage à Ahmad Fouad Najm, le contestataire inoxydable

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Le tandem magique de la contestation arabe, ce furent eux. Les pourfendeurs des puissants et des plus puissants, c’est encore eux. Les duettistes les plus corrosifs, les plus mobilisateurs de la jeunesse arabe de la seconde moitié du vingt siècle, c’est également eux.

Eux dont la production a scandé les marches de protestation du monde arabe de Beyrouth au Caire, de Khartoum à Rabat, d’Alger à Sanaa. Contre le massacre des Palestiniens en Jordanie, durant le septembre noir de sinistre mémoire, contre la décapitation du PC soudanais et de son mythique dirigeant Abdel Khaled Mahjoub, contre toute les formes de démission, de trahison et de répression. Pour l’exaltation du sacrifice suprême personnifié dans la mort au combat de leur idole absolu, Ernesto Che Guevara de la Serna, dans le maquis de Bolivie, en 1967.
Eux, le tandem magique de la contestation pan arabe, Cheikh Imam et Ahmad Fouad Najm, indissociablement liés, même au-delà de la mort.
Un hommage sera rendu au survivant, Ahmad Fouad Najm, à Paris, le 10 mars 2011, pour une prestation unique à l’Institut du Monde Arabe, où ses disciples s’appliqueront à faire revivre, à l’intention de son jeune auditoire, les grands moments de son répertoire, qui se confond avec les grandes heures du combat arabe. Une manifestation bienvenue en plein printemps arabe.

«Guevara Mat» résonne encore dans la mémoire des foules, incontournable oraison funèbre de tous les combattants tués l’arme à la main, tout comme «Bisaraha ya oustaz miki», la charge contre Mohamad Hassanienne Haykal, l’ancien confident du président égyptien Nasser, au moment de son ralliement à Anouar El Sadate, contre l’aile gauche du courant nassérien.
Cheikh Imam, le barde aveugle
Imam Mohammed Ahmed Issa, dit Cheikh Imam, est né le 2 juillet 1918, dans le village d’Aboul Namres, (Gizeh), mort en juin 1995), dans une famille pauvre. Premier garçon à survivre après la mort de sept de ses frères avant lui, il était le chef d’une fratrie réduite à sa portion congrue, un frère et une sœur plus petits que lui. A l’âge de 1 an, il devient aveugle à la suite d’une ophtalmie mal soignée. Chanteur compositeur, sa voix au timbre unique, galvanisera toute une génération de militants.

En 1962, sa rencontre décisive avec son compère poète, Ahmad Fouad Najm, scellera son destin. Après la défaite arabe de juin 1967, le duo compose des chansons révolutionnaires, ultra critique à l’égard des responsables de la défaite. Une insolence qui lui coûtera de nombreux séjours en prison. Il ne sera relâché qu’après l’assassinat de Anouar El Sadate, en 1981. Dans les années 1980, sous le gouvernement socialiste, il sera invité par le ministre de la Culture Jack Lang de pour donner des concerts, profitant de son séjour français pour effectuer une tournée en Europe.
Ahmed Fouad Najm, le survivant.

Poète égyptien engagé, Ahmed Fouad Najm traduira en vers les blessures et les humiliations du petit peuple, les dérives et les errements politiques des sociétés arabes. Sa poésie, portée par le luth et la voix de Cheikh Imam, est entrée dans les prisons, les cafés et les amphithéâtres. Apprise par coeur répétée et amplifiée, elle fut un baume dans la grande détresse des années 1970 pour une jeunesse brimée et désorientée. Né en mai 1927, le survivant du duo a passé 18 ans de sa vie en prison. Le prix de la liberté et de l’insolence critique dans le monde arabe.
Ahmad Fouad Najm à Paris 10 Mars 2011 Institut du Monde Arabe Salle du Haut Conseil, dans le cadre du «Printemps des poètes»

Pour les mélomanes

Guevara mat de Cheikh Imam

http://chaykh.imam.free.fr

En hommage au combat des peuples arabes pour la liberté, en Tunisie, en Egypte, Libye, Yémen, en Jordanie, au Liban, en Palestine et partout ailleurs dans le monde arabe, en Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Maroc, Somalie et Djibouti, www.renenaba.com soumet à l’attention de ses lecteurs particulièrement cette chanson à la gloire du peuple égyptien, Et à l’intention des révolutionnaires et de leurs sympathisants à travers le Monde, ci-joint une compilation des chansons qui ont rythmé le combat revendicatif arabe de l’hiver 2011.

LA chanson des années 1970 à la gloire du peuple égyptien
(paroles d’Ahmad Fouad Najm, musique et chant du Cheikh Imam)

Egypte (source éternelle de musique)
La SEMSEMIYA spécialité de Port Said, avec le célèbre groupe Al Tanbura, sur Al Tahrir
(écoutez jusqu’au bout le swing du peuple égyptien)

Rap du groupe égyptien Arabian Knightz

et aussi Ramy Donjewan (!) :
Dodd el 7okouma (Contre le gouvernement)

la pop avec Ezzai (comment?) de Mohammad Mounir

et le désormais classique Saout Al Houriya (la voix de la liberté)

 
ReneNaba
René Naba | Journaliste, Ecrivain Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opéré pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expérience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a été la première personne d’origine arabe à exercer, bien avant la diversité, des responsabilités journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.

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